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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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comme un incendie qui éclate. Il a soudain tiré son épée et l’a brandie d’un grand geste. Daubigny, leste comme un danseur, s’est écarté. Il a pirouetté et dégainé au moment même où Reginald se jetait sur lui. Stephen a voulu le désarmer. C’est arrivé en un clin d’oeil – plutôt un accident qu’un coup volontaire. L’épée de Sir Stephen a atteint mon époux ici...
    Elle montra son flanc gauche.
    — ... là où la cotte de mailles était attachée, et s’est enfoncée dans son coeur. Daubigny et moi étions pétrifiés d’horreur. Mon époux a fait un pas en avant, le sang aux lèvres. Il était mort avant même de toucher le sol. Que pouvions-nous faire par cette belle soirée d’été, avec le ruisseau qui murmurait tout près ? Salyiem avait entendu le fracas des épées et est arrivé en courant.
    — C’est moi qui en ai eu l’idée ! s’exclama l’ermite. C’était mon plan. Sir Stephen voulait remettre son épée au roi, mais je l’ai supplié de n’en rien faire. À quoi bon ?
    Il s’approcha et, tirant un tabouret, s’assit près de la chaire de Corbett.
    — Nous avons attendu que la nuit tombe. Nous avons déshabillé le corps, mais il était trop difficile d’ôter la cotte de mailles et le surcot, aussi les avons-nous laissés. Je suis allé au tumulus. C’était l’été, mais il avait plu et la terre était meuble. En tant que bailli, je savais tailler et planter, aussi ai-je découpé la terre en surface, en rabattant la couche d’herbe et, avec l’aide de Sir Stephen, en usant de son épée et de son poignard, nous avons creusé la tombe de Sir Reginald. Nous y avons glissé le cadavre enveloppé dans sa chape et avons recouvert de notre mieux la fosse improvisée. Les paysans, et même quelques moines, pensent que Bloody Meadow est un endroit hanté. Tout signe de notre intervention disparut très vite. Nous sommes revenus à Falcon Brook pour nous laver et ôter les taches de sang. Nous avons mis les vêtements de Sir Reginald, ses bottes et ses chausses dans un sac fermé par une corde et les avons brûlés. Maintenant que la dépouille était cachée, nous étions tous les trois partie prenante du même plan.
    Salyiem regarda le magistrat et sourit sans aménité tout en peignant sa barbe hirsute de ses doigts.
    — Une fois Sir Reginald enterré, nous savions que la découverte de son corps conduirait à l’exécution de Sir Stephen, voire à celle de nous trois. Nous avons alors ourdi notre projet et sommes retournés au château. Tôt, le lendemain matin, Daubigny, emmitouflé et encapuchonné et se faisant passer pour Sir Reginald, a quitté Harcourt Manor sur son destrier avec son poney de bât.
    — Mais n’a-t-on pas remarqué l’absence de Sir Stephen ?
    — J’ai prétendu qu’il avait dû partir en voyage, déclara Lady Margaret. Qui aurait pu élever des objections ? À cette époque, il n’y avait pas encore de mystère. Daubigny, habillé en Reginald, a chevauché vers les ports de l’Est. Il s’est conduit de façon que sa présence ne passe pas inaperçue. Par leur allure, leur complexion, Daubigny et mon mari se ressemblaient comme des frères. Puis Stephen a abandonné son déguisement, a vendu cheval, poney et harnachement et, après avoir acheté la monture la plus rapide, est revenu promptement et en cachette à Harcourt Manor.
    Corbett résuma l’histoire.
    — Donc, Sir Reginald était mort et vous étiez enceinte. Vous pouviez affirmer que c’était d’un enfant posthume.
    — C’était trop dangereux, répondit Lady Margaret en hochant la tête. La grossesse en était à son début. On aurait, par la suite, put s’étonner de la coïncidence. Et, comme vous l’avez découvert, Sir Hugh, l’impuissance de Sir Reginald n’était point restée secret d’alcôve.
    — Vous avez alors fait mine d’aller à sa recherche.
    — L’enfant se développait dans mon ventre. Daubigny se sentait responsable. Nous avons traversé la Manche, le Hainaut et les Pays-Bas pour nous rendre dans les États germaniques. Nous avions choisi de ne pas emmener de serviteurs. Nous nous sommes arrêtés près de Cologne où je me suis installée dans une des tavernes de pèlerins. Daubigny a fait une enquête et a fini par découvrir un marchand et sa femme, des Anglais, qui se trouvaient en Germanie pour leurs affaires. Elle rêvait d’avoir un enfant, mais était stérile. Ils ont accepté la suggestion de Daubigny

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