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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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voulait connaître le nom des parents adoptifs et tout ce que Lady Margaret savait d’eux.
    — Il a enquêté, n’est-ce pas ? demanda Lady Margaret.
    — Bien sûr, acquiesça le clerc. Le roi l’envoyait en ambassade dans maintes cours d’Europe. Il avait un large cercle d’amis et de gens qui pouvaient l’aider.
    Elle ferma les yeux.
    — Je... je pense...
    Corbett acheva la phrase pour elle.
    — Vous vous doutez de ce qui est arrivé.
    Elle lui lança un coup d’oeil perçant, et ouvrait la bouche pour répondre quand un bruit au-dehors la fit hésiter.
    — Comment l’avez-vous appris, Corbett ? Quand j’ai entendu parler de votre venue j’ai pensé qu’il vous faudrait des années ne serait-ce que pour soupçonner la vérité.
    — Héloïse Argenteuil...
    — Ce stupide petit secret ! l’interrompit-elle. Une fable, une plaisanterie.
    — Il était évident que Sir Stephen aimait quelqu’un, fit observer le magistrat. Quand j’ai compris qu’Héloïse Argenteuil était une invention, j’ai commencé à me demander dans quel but. J’ai soupçonné que votre inimitié n’était pas aussi réelle qu’elle le semblait. Quant à vous, Salyiem...
    — Je n’ai point trahi mon maître.
    — Pas de propos délibéré, admit Corbett. Je me suis toujours étonné que l’abbé Stephen vous ait ouvert son coeur, mais, bien sûr, il en avait l’habitude. Et puis il y avait son obituaire : pourquoi l’abbé prierait-il pour une femme qui n’avait jamais existé ?
    Il posa la main sur celle de son interlocutrice.
    — J’ai fini par comprendre qu’Héloïse Argenteuil était le nom qu’il vous donnait.
    — Allez-vous m’arrêter ? interrogea Lady Margaret.
    Il eut un geste de dénégation.
    — C’est peut-être un péché que d’aimer follement, mais ce n’est pas un crime.
    — J’ai assisté à la mort de mon époux.
    — Mais vous ne l’avez pas voulue. Si on connaissait toute la vérité... je pense que Daubigny ne la voulait pas non plus. Mais c’est arrivé : la fleur empoisonnée a pris racine et voilà que des décennies plus tard elle s’épanouit.
    Corbett se leva, un peu mal à l’aise et tendu.
    — Vous allez pourtant arrêter quelqu’un, non ?
    — Oh, oui, Madame ! Je dois vous demander, ainsi qu’à votre serviteur Salyiem, de rester ici, à Harcourt Manor. Qu’il ne retourne pas à St Martin avant demain.
    Corbett s’inclina et, suivi de Ranulf et Chanson, quitta la pièce. On amena leurs chevaux. Corbett bondit en selle et s’arma de courage pour affronter la bise froide qui semblait être plus forte.
    — Héloïse Argenteuil ! Tant de drames à partir de si peu ! s’étonna Ranulf.
    Son maître rassembla les rênes.
    — Tant pour si peu, tu veux dire, Ranulf, mais le coeur humain est ainsi fait, n’est-ce pas ? Nous allons retourner sans tarder à l’abbaye. Je me rendrai tout droit dans la chambre de l’abbé. Une fois là-bas je te dirai qui aller quérir.
    — Y aura-t-il quelque danger ? s’enquit Chanson.
    — En effet, répondit Corbett en éperonnant sa monture. Nous aurons affaire à un coeur plein de haine !
    Corbett était assis dans les appartements de l’abbé. Une fois arrivé, il avait fait le tour de St Martin en mesurant les distances. Il avait l’impression que l’abbaye s’était refermée autour de lui. Les têtes de gargouilles contrastaient avec le pieux maintien des saints peints sur les vitraux des fenêtres. Du haut de leurs niches sculptées les statues le toisaient de leur regard de pierre. Le craquement sec de ses bottes résonnait sur les dalles et dans les couloirs. Il laissait ses yeux et son esprit s’imprégner de tout ce qui constituait l’abbaye : les caves et chambres voûtées qui sentaient le moisi ; les différentes odeurs, cire d’abeille et encre, vélin et manuscrits ; le froid du dépositoire ; la douce chaleur des cuisines. Il était prêt à présent pour la confrontation finale. On frappa à la porte et le prieur entra. Il avait encore l’air gelé et sa bure et ses sandales étaient souillées de boue.
    — Sir Hugh, je voudrais vous entretenir seul à seul.
    — Qu’y a-t-il ?
    Cuthbert, embarrassé, passa d’un pied sur l’autre.
    — Nous avons ouvert le tertre funéraire.
    — Et ?
    — Nous avons trouvé un cercueil, vieux de plusieurs siècles. Le bois était pourri, mais de bonne qualité. Dedans il y avait un squelette, celui d’un personnage de

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