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Funestes présages

Funestes présages

Titel: Funestes présages Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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pâleur du visage de Hamo et la dure tension de ses muscles montraient qu’il avait été empoisonné.
    — Que Dieu ait pitié de lui !
    Le clerc recouvrit le cadavre et se releva. Il murmura un bref requiem.
    — Empoisonné ! s’exclama-t-il. Aucun homme ne mérite ce genre de mort, et certainement pas un prêtre, un homme voué au service du Christ.
    Il dévisagea chaque membre du chapitre.
    — Il n’y a pas de marque sur son front, néanmoins...
    Il se mordit les lèvres.
    — ... je pense que c’est l’oeuvre du même assassin aux mains rouges de sang !
    Il s’interrompit au moment où frère Perditus amenait l’archidiacre Adrian. Tous deux s’immobilisèrent sur le seuil.
    — Que voulez-vous ? s’enquit Corbett.
    — On m’a appris l’événement, répondit l’archidiacre. Je bavardais avec frère Perditus au sujet des écrits de l’abbé Stephen quand le message est arrivé...
    Il déglutit avec peine.
    — Je souhaite quitter ces lieux. Messire le prieur, il n’y a pas de raison pour que je retarde mon départ.
    — Oh, mais si !
    Corbett s’approcha et lui tapota l’épaule. La jovialité de l’archidiacre avait disparu. C’était à présent un homme terrorisé, si bouleversé qu’il ne tenait pas en place et tentait de détourner son regard de la dépouille étendue sous la couverture.
    — Personne ne quittera cet endroit, annonça Corbett, avant que je ne l’y autorise. Surtout pas vous, Messire l’archidiacre, ajouta-t-il à voix basse.
    Ce dernier tourna la tête et voulut parler, mais le magistrat l’ignora.
    — Vous pouvez rester, vous aussi, frère Perditus.
    Corbett s’appuya sur une chaire au bout de la table.
    — Je propose que nous nous asseyions.
    Il parcourut la pièce du regard.
    — Messire le prieur, vous êtes-vous tous rassemblés céans après le trépas de Taverner ?
    — Certes : nous avions des sujets à aborder.
    — Parfait, sourit Corbett. Alors vous pouvez aussi bien les aborder avec moi.
    Frère Dunstan ouvrait la bouche pour protester quand Corbett tapa du poing sur la table. Ranulf traversa la pièce, ferma la porte d’un coup de pied et s’y adossa. Chanson s’assit sur un tabouret, au fond. Corbett désigna la table puis joignit les mains. Les moines et l’archidiacre prirent place sans barguigner. À leur façon de repousser les gobelets, le clerc devina quelle était la source du poison.
    — Frère Hamo est mort, commença-t-il. Son corps gît là et son âme a rejoint Dieu. D’où vient le toxique ?
    — Ni du pichet de bière, ni de la nourriture, répondit Aelfric, mais de la chope de Hamo.
    — Qui a fait le service ?
    Dunstan leva la main et avoua avec humilité :
    — Moi. Mais les autres m’ont vu. Je tenais le plateau des deux mains. Mes frères pouvaient choisir le gobelet qui leur plaisait.
    — Ne devrions-nous pas faire emporter la dépouille ? intervint Cuthbert.
    — Relisez l’histoire, rétorqua Corbett. Jadis, quand un homme était assassiné, l’enquête se déroulait en présence de son corps. On prétendait que son fantôme restait là pour aider à découvrir la vérité, bien que je soupçonne que cela prendra un peu plus de temps dans ce cas. Je ne veux point me montrer irrespectueux, mais Hamo peut attendre quelques instants.
    Le clerc se frotta les mains.
    — Donc frère Dunstan tenait le plateau et a fait le tour de la table ? Chacun a pris une chope ?
    Tous acquiescèrent.
    — Ensuite j’ai reposé le pichet sur la table. On a fait circuler le pain et le fromage.
    — La boisson de frère Hamo était donc droguée ? questionna Corbett. Mais personne ne savait quelle chope il choisirait ?
    — Bien sûr que non ! répondit l’aumônier. Elles sont toutes semblables. Personne n’a hésité.
    — Quand avait-on apporté le plateau ? Avant la réunion du chapitre ou pendant ?
    — Juste après qu’elle eut commencé, répondit Cuthbert. Nous étions en train de prendre place quand frère Oswald est entré.
    Corbett fit un signe de tête à Chanson qui détala. Tous gardèrent le silence. C’était bien ce que voulait le magistrat. « La mare commence à être agitée, pensa-t-il, mais sa surface calme cache encore des choses. » L’un de ces hommes était un assassin, mais lequel ? Le prieur Cuthbert, qui avait l’air si tourmenté à présent ? Aelfric, qui se pavanait comme s’il était satisfait du cours que prenaient les événements ? Francis, le

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