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Furia Azteca

Furia Azteca

Titel: Furia Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings , Robert Gleason , Junius Podrug
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d'eau
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    c
    transparente, mais déformante. De plus loin, comme, par exemple, quand on regarde un paysage du haut d'une colline, les contours de chaque chose devenaient si flous que tout se chevauchait et se confondait et que pour moi, un paysage se mettait à ressembler à une couverture rapiécée avec des morceaux de couleurs informes. Mais du moins, dans ce temps-là, je pouvais me déplacer sans me cogner partout. quand on me demandait d'aller chercher un objet dans une pièce, j'arrivais à le trouver sans t‚tonner.
    Mais mon champ de vision continua à se rétrécir jusqu'à une seule longueur de bras et, avant d'atteindre treize ans, je ne parvenais plus à jouer assez bien le jeu pour qu'on ne le remarqu‚t point. Au début, mes parents et mes amis durent penser que j'étais simplement étourdi ou maladroit, ou même tout bonnement stupide, car avec la sotte vanité de l'adolescence, je préférais passer pour un imbécile que pour un infirme. Mais il devint vite évident pour tout le monde que le plus précieux de nos cinq sens me faisait défaut. Mon entourage adopta des attitudes diverses devant la tare soudain mise au grand jour.
    Ma mère rejeta la faute sur la famille de mon père. Il y avait eu, paraît-il, un oncle qui, après s'être enivré avec de l'octli, avait cherché à se procurer un supplément de ce liquide blanc. Il l'avait avalé sans s'apercevoir qu'il s'agissait de ce xocoyatl très caustique utilisé pour nettoyer et blanchir du calcaire très noirci. Il survécut et ne but plus jamais, mais il en resta aveugle pour le restant de ses jours et d'après ma mère j'avais hérité de cette fatale succession.
    Mon père ne bl‚ma personne et ne fit aucune supposition, mais il me consola avec un peu trop d'enjouement. " Allons, Mixtli, le métier de carrier est un travail de précision, tu n'auras aucun mal à détecter des fentes et des fissures de l'épaisseur d'un fil. "
    Les enfants de mon ‚ge, qui sont comme des scorpions qui piquent sans pitié, me criaient : " Regarde ça ! "
    Je louchais en disant : " Ah, oui, je vois.
    - C'est vraiment intéressant à voir, pas vrai ? "
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    4*.
    Je louchais encore plus désespérément et insistais " Ah, oui alors ! "
    Alors, ils éclataient de rire et glapissaient : " II n'y a absolument rien, Tozani ! "
    D'autres comme Chimali et Tlatli, mes amis intimes, faisaient parfois des gaffes. " Regarde ", me disaient-ils et ils se dépêchaient d'ajouter : " II y a un messager qui arrive en courant vers le palais du Seigneur Héron Rouge ; il porte le manteau vert de la bonne nouvelle. On a d˚ gagner une bataille. "
    Ma sour Tzitzitlini parlait peu, mais elle s'arrangeait toujours pour m'accompagner si je devais aller dans des endroits éloignés ou inconnus.
    Elle me prenait par la main, comme le ferait une grande sour affectueuse et sans en avoir l'air, elle m'aidait à éviter les obstacles que je ne percevais pas tout de suite.
    Mais les autres enfants étaient si nombreux et ils m'appelaient Tozani avec tant d'insistance, que, bien vite, leurs aînés firent de même - sans penser à mal et machinalement - et petit à petit, tout le monde les imita, sauf mon père, ma mère et ma sour. Même lorsque je me fus adapté à mon handicap, que j'eus surmonté ma maladresse et que les gens n'eurent plus de raison de remarquer ma mauvaise vue, ce sobriquet me resta. Je pensais que par une ironie du sort, mon nom, Mixtli qui signifie " Nuage ", me convenait mieux qu'autrefois, mais je devins Tozani.
    Le Tozani est ce petit animal que vous appelez la taupe et qui préfère passer sa vie sous terre, dans l'obscurité. quand, par hasard, elle sort, elle est aveuglée par la seule lumière du jour et plisse ses yeux minuscules. Elle ne voit pas et ne se soucie pas de voir.
    Moi, par contre, je m'en souciais beaucoup et pendant des années je m'attendris sur mon sort. Jamais je ne deviendrais un joueur de tlachtli avec l'espoir d'avoir un jour le grand honneur de participer à une partie rituelle consacrée aux dieux, à la cour de l'Orateur Vénéré. Si je devenais un guerrier, je ne pourrais jamais espérer être promu chevalier et je devrais m'estimer chéri des dieux si je survivais à un seul jour de combat.
    quant à gagner
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    ma vie et celle de ma famille... en tout cas, je ne serais jamais carrier, mais de quoi d'autre serais-je capable ?
    Je me plaisais à envisager la possibilité d'être une sorte de travailleur itinérant, ce qui

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