Furia Azteca
que leur comportement et leurs go˚ts sont très particuliers et que leur langage est tout à fait incompréhensible. Ne pensez-vous pas que des dieux qui apparaîtraient aux nommes prendraient la peine d'apprendre leur langue ?
- Il y a beaucoup de langages humains, Seigneur Mère. Peut-être celui qu'ils ont choisi ne se parle-t-il pas dans cette région. Il se pourrait que je le reconnaisse.
- Seigneur Chevalier, me dit le chef avec un peu d'aigreur, vous avez réponse à tout, comme les prêtres. Pourriez-vous m'expliquer pourquoi ces deux créatures ne veulent pas prendre de bain ?
- Vous voulez parler de bain dans l'eau ? "
II me regarda comme s'il se demandait si Motecu-zoma avait choisi un imbécile pour émissaire et il reprit en articulant bien chaque mot :
" Oui, dans l'eau. Dans quoi d'autre pourrait-on se baigner ? "
Je toussai poliment et lui répondis : " Peut-on savoir si les dieux n'ont pas coutume de se baigner dans l'air pur ou même dans la lumière du soleil ?
- Parce qu'ils puent ! s'écria Ah Tutal, triomphant et dégo˚té à la fois.
Ils ont une odeur de viande avariée, d'haleine fétide et de saleté
incrustée. De plus, comme si tout cela ne suffisait pas, ils vont se soulager derrière leur maison, ils laissent s'accumuler ces immondices et ils s'accommodent parfaitement de cette effrayante puanteur. Ils semblent tous les deux aussi peu habitués à la propreté qu'à la liberté et à la bonne nourriture que nous leur donnons.
- que voulez-vous dire par : peu habitués à la liberté ? "
Ah Tutal me montra une construction basse située de l'autre côté de la cour et que l'on apercevait par les fenêtres bancales de la salle du trône.
" Ils sont là et ils n'en bougent pas.
- Vous ne gardez tout de même pas des dieux prisonniers ? m'exclamai-je. ,-Non, non, c'est de leur plein gré. Je vous dis qu'ils 846
se comportent de façon étrange. Ils ne sont pas sortis une seule fois depuis leur arrivée ici.
- Pardonnez ma question, Seigneur Mère. N'ont-ils pas été maltraités au début ? "
Ah Tutal parut offensé et me répliqua d'un ton glacé : " On les a toujours traités avec cordialité et même avec respect. Comme je vous l'ai déjà dit, deux d'entre eux sont morts - c'est du moins ce qu'ont pensé nos meilleurs médecins. Aussi, conformément aux habitudes des gens civilisés, nous leur avons rendu tous les honneurs funéraires et nous avons cuit et mangé les parties nobles de leur individu. C'est à ce moment que les deux dieux vivants se sont terrés chez eux et qu'ils n'en ont plus bougé.
- Ils étaient peut-être f‚chés que vous ayez disposé si rapidement de leurs corps de réserve. "
Ah Tutal fit un geste d'exaspération. " En tout cas, cette réclusion volontaire aurait épuisé le corps qu'ils portent en ce moment si je ne leur avais pas envoyé régulièrement à boire et à manger. Ils se nourrissent très peu, ils prennent les fruits, les légumes et les graines mais ils laissent des mets aussi raffinés que le tapir ou le lamantin. Seigneur Ek Muyal, je vous assure que j'ai essayé par tous les moyens de découvrir ce qui leur ferait plaisir. Tenez, en ce qui concerne les femmes...
- Ils agissent avec les femmes de la même façon que les mortels ?
- Oui, oui, s'impatienta Ah Tutal. D'après les femmes, ce sont des hommes à
tous les points de vue, si ce n'est leur excessive pilosité et j'imagine qu'un dieu qui est équipé comme un homme se comporte aussi de la même façon. Tout bien considéré, Seigneur Chevalier, il n'y a pas trente-six manières de se servir de ça, même pour un dieu.
- Vous avez raison, Seigneur Mère, mais poursuivez, je vous prie.
- Je n'ai cessé de leur envoyer des femmes, toujours deux par deux. Mais ils ne les ont jamais gardées plus de trois nuits consécutives. Nos femmes ne semblent pas, non plus, les trouver très à leur go˚t. Ils souhaitent peut-être un type de femme particulier, mais comment 847
le savoir ? Un soir, je leur ai envoyé deux jolis garçons, mais ils ont fait un tapage épouvantable, ils les ont battus et les ont jetés dehors. Il ne reste plus beaucoup de femmes disponibles à Tihô ou dans les environs.
Ils ont eu les femmes et les filles de tous les Xiu excepté moi et quelques autres nobles. Ce qui m'ennuie, c'est que je risque de me heurter à une rébellion de nos femmes, car je suis obligé d'employer la force pour envoyer la plus indigne des esclaves dans leur antre fétide.
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