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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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toutefois que tu acceptes cette nuit mon hospitalité. – Certes, dit Lancelot, j’aurais mauvaise grâce à refuser ton invitation. J’accède donc volontiers à ton désir. »
    Il pénétra alors dans la forteresse et fit mener son cheval après lui. La dame ordonna de porter le chevalier mort dans sa chapelle, de l’ensevelir, et de mander un médecin pour soigner celui qui était blessé. Après quoi, elle conduisit Lancelot jusqu’à son logis, le fit désarmer par ses suivantes et apporter à son intention un manteau magnifique. Alors seulement, elle révéla à Lancelot qu’elle savait qui il était et qu’elle tenait à grand honneur de recevoir en sa demeure l’un des plus valeureux compagnons de la Table Ronde.
    Quand fut venue l’heure du repas, ils se mirent à table, et les premiers plats furent apportés par des chevaliers qui avaient des fers aux pieds et à qui l’on avait coupé une main. Le second service fut assuré par des chevaliers également dans les fers mais qui, ayant les yeux crevés, n’avançaient que guidés par des écuyers. Le troisième service fut assuré par des chevaliers toujours dans les fers mais qui n’avaient plus qu’une main. Au quatrième tour, ce furent des chevaliers qui n’avaient plus qu’un pied. Pour le cinquième enfin, parurent de superbes chevaliers, fort élégants, qui, chacun portant une épée nue en main, présentèrent leur tête à la dame. La vue de tous ces chevaliers servant d’une manière si étrange déplut fort à Lancelot, mais il se garda de toute réflexion.
    Le repas terminé, on se leva de table, et la dame emmena Lancelot dans la chambre qu’elle avait fait préparer pour lui. « Lancelot, dit-elle, tu as pu voir quelles sont la justice et la loi en cette forteresse. Tous ces chevaliers ont été vaincus parce qu’ils refusaient de donner leur barbe de bon gré alors qu’ils passaient à ma porte. – Dame, se contenta de dire Lancelot, ils ont subi un bien triste sort. – Tu l’aurais subi toi-même, fils du roi Ban, dit-elle, si tu n’avais été un bon chevalier. Mais puisqu’il en est ainsi, sache que depuis bien longtemps je désirais te voir. Si tu le veux, je ferai de toi le seigneur de ma forteresse et de ma personne. – Certes, répondit Lancelot, voilà une proposition qui m’honore grandement.
    — Tu resteras donc avec moi dans ce manoir, car je t’aime plus qu’aucun autre chevalier au monde », conclut-elle. Lancelot se trouva fort embarrassé, car il ne voulait en rien déplaire à la dame, et il ne savait comment s’en défaire sans l’offusquer. « Je te remercie, dame, répondit-il enfin, mais je dois t’avouer que la chose m’est impossible : ayant fait le serment de poursuivre une quête, je ne saurais m’y dérober. Il me faudra partir demain matin. – Et où veux-tu donc aller ? – Chez le Roi Pêcheur, en son manoir de Corbénic, dame, et tant que j’aurai un souffle de vie, rien au monde ne pourra m’empêcher d’accomplir cette quête. – Je connais bien le Roi Pêcheur, dit la dame. Il se nomme Pellès, mais il a été blessé autrefois et a été saisi de langueur par la faute des chevaliers qui sont allés en sa forteresse et n’ont pas posé la question susceptible de le guérir. Tu as donc décidé d’aller à Corbénic ? – Oui. – Très bien, dit la dame. Dans ce cas, je serais coupable si je t’empêchais de tenir ton serment. Mais tu vas me promettre de repasser par ici à ton retour, si le Graal se montre à toi et si tu as le bonheur de poser la question qui convient au Roi Pêcheur. » Lancelot fut bien soulagé par cette proposition. « Certes, répondit-il, je te le promets volontiers, si toutefois telle est la volonté de Dieu. »
    C’est alors que la suivante qui avait reconnu Lancelot intervint dans la conversation. « Dame, dit-elle, faudrait-il encore que le Graal apparût à Lancelot, mais je doute fort que cela advienne. Pour accéder au saint Graal, il faut être délivré de toute souillure, et je sais que ce chevalier ne l’est pas. Le saint Graal ne saurait se montrer à un chevalier aussi épris que lui. – Il est donc amoureux ? demanda la dame. – Certes, répondit la suivante, il aime la reine Guenièvre, l’épouse du roi Arthur, son seigneur, et aussi longtemps que cet amour sera dans son cœur, il ne pourra contempler le saint Graal. »
    En entendant ces paroles, Lancelot fut saisi d’une violente colère, mais il s’efforça

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