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Galaad et le Roi Pêcheur

Galaad et le Roi Pêcheur

Titel: Galaad et le Roi Pêcheur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Ombres. En franchissant le pont, ils virent que le tombeau de la chapelle avait été ouvert. « Nous savons maintenant que cet homme est le Bon Chevalier », dit l’un d’eux. Et tous approuvèrent avant d’entourer Galaad qu’ils félicitèrent tout en louant Dieu qui l’avait aidé à triompher du roi félon. « Hélas ! reprit l’un des ermites, si le roi des Ombres est mort, il reste, à l’intérieur de la forteresse, un lieu redoutable nommé le Château Tournoyant. D’après ce que nous savons, il fut construit, voilà fort longtemps, par Virgile, lequel avait là déployé toute sa science, tandis que les Philosophes se lançaient à la recherche du Paradis Terrestre {63} . Mais sache, Bon Chevalier, que, selon la prophétie, ce château doit cesser de tournoyer lorsque surviendra un chevalier portant un bouclier orné d’une croix vermeille. – Montrez-moi ce château », dit Galaad.
    Les ermites et lui pénétrèrent donc dans la forteresse dont ils empruntèrent la grande rue. Les habitants qui s’y étaient massés tout du long ne leur manifestaient aucune hostilité, loin de là, car ils saluaient les saints hommes et leur témoignaient le plus profond respect. Au milieu de la forteresse s’élevait un vaste édifice entouré d’eaux vives et ceinturé de murs. En s’approchant davantage, on voyait que le château tournait sur lui-même plus vite que le vent et que, postés sur ses créneaux, des archers de cuivre maniaient leurs armes avec tant d’efficacité qu’il n’était guère aisé de se protéger de leurs traits. À côté de ces automates se tenaient des hommes en chair et en os qui sonnaient du cor et de la trompette avec une vigueur telle qu’il semblait que la terre tremblait. Au bas, enfin, devant l’entrée, des lions et des ours enchaînés poussaient d’horribles rugissements. « Voici le Château Tournoyant, Bon Chevalier, reprit l’un des ermites. D’après la prophétie dont nous te parlions, seul peut y entrer celui qui sera admis aux plus hauts mystères du saint Graal. Mais elle dit également qu’il doit le faire sans lance ni bouclier, muni seulement d’une épée devant laquelle reculeront les créatures diaboliques qui animent ce château. » Sans hésiter un instant, Galaad confia son bouclier aux ermites, descendit de selle, tira son épée et s’avança vers le château.
    Arrivé sous la muraille, il heurta si rudement le vantail avec son épée qu’il l’enfonça d’au moins trois doigts dans le chambranle en marbre, et que, terrifiés, les lions et les ours enchaînés qui gardaient la porte allèrent se cacher au fond de leurs cages. Quant au château, il s’arrêta brusquement de tourner, tandis que les archers de cuivre cessaient de décocher leurs flèches. Alors, de toute la forteresse montèrent les cris de joie des habitants, trop heureux de se voir enfin libérés du sortilège qui accablait leur pays. Et ils allaient partout, répétant qu’était arrivé celui par qui seraient découverts les grands mystères du Graal.
    Cependant, Galaad ne voulut point s’attarder là. Il prit congé des ermites en leur recommandant de faire choisir par les gens du pays un nouveau souverain qui fût juste et bon, puis remonta sur son cheval blanc et, le bouclier à la croix vermeille pendu à son col, s’éloigna le long du torrent. Il savait maintenant que jamais il n’avait été si proche de la demeure du Roi Pêcheur {64} .
    C’était l’époque de l’année où le roi Pellès souffrait le plus durement de sa blessure. Dans le manoir de Corbénic, on l’entendait alors pousser à mainte et mainte reprise des cris lamentables. Son regard trahissait les tortures qu’il endurait. Nul remède ne pouvait assoupir ses maux, et personne n’avait le pouvoir de lui porter secours. En ces moments si pénibles, le désespoir s’emparait du roi, et il se prenait à supplier ses chevaliers de le tuer pour mettre un terme à ses douleurs.
    « Si vous étiez des amis fidèles, leur disait-il alors souvent, vous prendriez mes tortures en pitié. Combien de temps devrai-je encore souffrir ainsi ? Si vous souhaitez vraiment qu’un jour justice vous soit rendue, gardez-vous bien, car Dieu vous demandera compte de mes souffrances. J’ai toujours tenu tout mon pouvoir à votre disposition depuis le jour où j’ai pris les armes pour la première fois. S’il est vrai que j’ai commis une faute et que nombre d’entre vous en ont été

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