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Gauvain

Gauvain

Titel: Gauvain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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prisonnier. Dès demain, sans délai, tu te rendras, en compagnie de cette jeune fille qui a tant souffert à cause de toi, à la cour du roi Arthur. Tu lui diras de ma part que je lui fais présent, ainsi qu’à la reine, de ta personne. Et tu leur feras à tous deux le récit de ce combat tel qu’il s’est déroulé.
    — Je t’obéirai en tout point, s’inclina l’autre. Je me rendrai à la cour d’Arthur et je ferai tout ce que tu m’as dit, rapportant fidèlement le récit de notre combat et les griefs qui l’ont suscité. Mais je voudrais savoir ton nom car, une fois à la cour, je devrai bien dire qui m’y envoie. – J’ai perdu mon nom, répondit Gauvain. Tu diras que je suis le Chevalier sans Nom. Que tous t’accueillent et t’honorent jusqu’à mon retour à la cour. Dis également que je ne reviendrai que lorsque j’aurai retrouvé mon nom. Maintenant, dis-moi le tien. – On m’appelle Brun sans Pitié, et je suis roi de la Rouge Cité.
    — Tu mérites bien ton nom ! dit Gauvain. Mais retiens bien ceci : tu vas prendre du repos cette nuit mais, dès que le jour sera levé, tu feras seller tes chevaux et tu partiras avec ton amie, ainsi que tu me l’as promis. » Brun sans Pitié lui réitéra son serment. Autour d’eux, les chevaliers, les bourgeois et les serviteurs se lamentaient de voir leur seigneur épuisé et blessé. Ils le savaient tous cruel et sans pitié, mais aussi brave qu’homme d’honneur. Se souvenant toutefois de ses ordres, ils s’en retournèrent sans mot dire dans la cité. Gauvain déclara alors qu’il repartait sur-le-champ, et il invita la jeune fille à l’épervier à remonter sur son palefroi. « En toute franchise, dit Brun sans Pitié, si cela se peut faire de quelque façon, venez tous deux prendre logis en mon hôtel pour cette nuit. » Les chevaliers qui étaient présents firent à Gauvain la même requête, mais il déclara la chose impossible. Il les recommanda à Dieu, eux firent de même. Il était impatient de reprendre la route. Pourtant, il aurait eu grand besoin de baume pour soigner ses blessures, et d’un bon lit pour prendre du repos. Sa compagne ne cessait de pleurer. « Douce amie, lui dit-il, ne pleure pas. Je guérirai rapidement, ce n’est pas la première fois que pareille chose m’arrive. En revanche, sache-le, de toute ma vie, je n’ai rencontré d’homme aussi vaillant que ce chevalier. Cependant, je ne veux ni ne puis aller loger chez lui. Ce ne serait pas convenable. Je ferais preuve d’une grossièreté épouvantable en acceptant son hospitalité après l’avoir tant contrarié. La seule chose qui me fâche est que tu n’aies bu ni mangé.
    — Cher seigneur, répondit la jeune fille, sois sans crainte : je n’ai pas faim, et il n’est au monde si bon pain dont je fusse capable en ce moment d’avaler une miette. » Et, séchant ses larmes, elle suivit Gauvain.
    Ils chevauchèrent bon train dans la vallée, et la nuit était presque complète quand, droit devant eux, ils aperçurent un chevalier très vigoureux et bien armé, qui venait là d’en tuer un autre tout récemment. Sa brillante épée d’acier, bien fourbie et robuste, en était encore tout ensanglantée. Gauvain le salua avec courtoisie, mais l’autre, loin de lui rendre son salut, lui cria d’une voix arrogante : « Chevalier, tu n’emmèneras certainement pas cette dame ainsi ! Que Dieu me damne ! Je vais te livrer un assaut qui te coûtera très cher ! »
    Gauvain ne pouvait laisser cette provocation sans réponse. Les deux hommes se défièrent alors mutuellement et se ruèrent l’un contre l’autre. Ils se heurtèrent de toutes leurs forces du fer de leurs lances, si bien qu’ils mirent en pièces leurs boucliers. La lutte fut acharnée mais brève. Le chevalier inconnu frappa d’abord Gauvain au sommet de son heaume avec un tel emportement qu’il en fit jaillir des étincelles. Mais, en retour, Gauvain le frappa au défaut de son bouclier brisé et lui porta un coup terrible jusqu’au cœur. Le destrier fit un bond et alla son chemin à travers la forêt, emportant le chevalier blessé. Gauvain voulut le poursuivre, mais comme pour rien au monde, il n’eût laissé la jeune fille seule, il se ravisa et s’en revint vers elle pour la rassurer. Elle l’accueillit avec une émotion qu’elle ne pouvait maîtriser. « Seigneur, s’écria-t-elle, comment peux-tu combattre si durement après avoir supporté de telles

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