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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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armes à la main. Et les pèlerinages
à travers l’Europe n’étaient parfois guère plus paisibles, étant donné
l’insécurité qui régnait sur les routes au XI e  siècle.
    D’autres Croisés demeurent en Palestine et en Syrie, où ils
se taillent des domaines. Et puis, il faut bien qu’il y ait des Chrétiens pour
organiser d’autres pèlerinages. À la faveur de la libération des Lieux saints,
une ferveur nouvelle saisit la Chrétienté : c’est à qui ira prier sur le
Tombeau du Christ. Il est donc nécessaire d’organiser l’arrivée, le séjour et
la sécurité des pèlerins, lesquels ne sont pas tous, il s’en faut, des
guerriers ou des aventuriers prêts à tout. Or, les territoires occupés par les
Chrétiens sont toujours menacés par les Musulmans qui tiennent deux points
stratégiques, Tyr et Ascalon. La lutte, sinon une guerre totale, continue entre
les deux camps, et les voies d’accès à Jérusalem n’échappent pas au danger. Le
principal chemin de pèlerinage part de Jaffa et passe par la plaine de Ramleh
qui est un champ de bataille permanent. De plus, l’afflux des pèlerins attire
les profiteurs, non seulement les marchands de pacotilles, mais aussi les
brigands et les larrons détrousseurs de bourses. D’ordinaire, les pèlerins se
groupaient et payaient des mercenaires afin d’assurer leur protection pendant
le trajet.
    Certes, il existait en Terre sainte une institution qui
prenait en charge les pèlerins : l’Hôpital. Les origines de cet Ordre sont
très mal connues. Une histoire officielle très postérieure prétend que
l’institution remonte à saint Jean Baptiste. Ce que l’on peut dire, c’est que
l’Hôpital a dû être créé en même temps que le royaume de Jérusalem, en 1099 ou
1100. Il s’agissait de moines, ou de laïcs affiliés à un ordre monastique (la
plupart du temps à l’ordre des Bénédictins), qui accueillaient, hébergeaient,
nourrissaient et soignaient le cas échéant les voyageurs dans de grandes
maisons ou dans des monastères. Mais la fonction des Hospitaliers était
purement civile et humanitaire. Ils se contentaient de jouer le rôle que
jouaient, depuis longtemps déjà en Europe, les différents ordres monastiques
auprès des pèlerins de toutes sortes.
    Cependant, en Terre sainte, la situation était quelque peu
différente et nécessitait des moyens appropriés, car on se trouvait en
territoire ennemi. En 1113, une bulle du pape Pascal II érige en ordre
indépendant ce qu’on appelle l’Hôpital de Saint-Jean de
Jérusalem . On dira qu’il s’agit encore de saint Jean. Oui, mais ce n’est
pas le Baptiste, ni l’Évangéliste : le patron des Hospitaliers est un
certain Jean l’Aumônier, né à Chypre d’une famille noble, qui se maria, eut de
nombreux enfants, et qui, après son veuvage, donna tous ses biens aux pauvres,
devint évêque d’Alexandrie, fit montre d’une charité exemplaire et mourut à
Chypre en 617. Ce patronage d’un homme ayant consacré sa vie à se dévouer pour
les autres témoigne des buts réels des membres de l’Ordre de l’Hôpital.
D’ailleurs, en 1113, date de sa reconnaissance officielle, l’ordre avait déjà
ouvert des hospices en Europe, notamment à Saint-Gilles-du-Gard, à Pise, à Bari
et à Tarente, c’est-à-dire dans les ports d’embarquement vers la Terre sainte.
Il s’agit donc bel et bien d’un ordre international voué à la charité. Et même
si, par la suite, l’ordre des Hospitaliers a évolué en se militarisant quelque peu,
ce n’était certainement pas sur eux qu’on pouvait compter pour assurer la
police des routes qui menaient vers Jérusalem.
    C’est alors qu’intervient un petit noble de Champagne,
Hugues de Payns. « La même année 1119, certains nobles chevaliers, pleins
de dévotion envers Dieu, religieux et craignant Dieu, se remettant entre les
mains du seigneur patriarche pour le service du Christ, firent profession de
vouloir vivre perpétuellement selon la coutume des règles des chanoines en
observant la chasteté et l’obéissance et en repoussant toute propriété. »
Cette relation est de Guillaume de Tyr, archevêque et ancien chancelier du
royaume de Jérusalem. Mais étant donné qu’il est né en 1130, il n’a donc pas
connu les débuts du Temple. Il n’en parla que de nombreuses années plus tard,
d’après ce qu’il en avait entendu dire. C’est néanmoins le plus ancien
témoignage sur le sujet. Un siècle plus tard,

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