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Gisors et l'énigme des Templiers

Gisors et l'énigme des Templiers

Titel: Gisors et l'énigme des Templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Jacques de Vitry, évêque d’Acre,
reprend les mêmes événements : « Par des vœux solennels, prononcés
devant le patriarche de Jérusalem, ils s’engagèrent à défendre
les pèlerins contre les brigands et les ravisseurs, à protéger les chemins et à
servir de chevalerie au Souverain Roi . Ils observèrent la pauvreté, la
chasteté et l’obéissance, selon la règle des chanoines réguliers. Leurs chefs
étaient deux hommes vénérables, Hugues de Payns et Godefroy de
Saint-Omer. » C’est la première fois que les buts de ce nouvel ordre sont
clairement exprimés : il s’agit d’assurer la sécurité des routes de
pèlerinage en Terre sainte. C’est ce qui manquait au début du XII e  siècle, et ce que les Hospitaliers, spécialisés dans
l’hébergement, étaient incapables de faire. Mais Jacques de Vitry a écrit cela
plus d’un siècle après les événements en question. Nous n’avons en réalité
aucune preuve que cette mission de police a bien été celle d’Hugues de Payns et
de ses premiers compagnons.
    On a âprement discuté à propos d’Hugues de Payns sur le fait
de savoir s’il était champenois ou originaire de l’Ardèche, comme le prétendent
certains d’après un acte qui parait d’ailleurs assez suspect. En vérité, cela
n’a aucune conséquence sur l’affaire : de toute façon, il possédait – en
fief – un domaine qui relevait du comte de Champagne, à Payns, près de cette
mystérieuse Forêt d’Orient, non loin de Troyes, ville de commerce, mais aussi
ville intellectuelle où persistaient des cénacles de tradition kabbalistique
juive dont l’illustre Chrétien de Troyes, probablement un Juif converti, allait
être l’un des meilleurs disciples. Adoubé chevalier, seigneur de Montigny, il
possède, en plus de Payns, des biens du côté de Tonnerre. Marié, on lui connaît
un fils, Thibaud, qui sera plus tard abbé du monastère de Sainte-Colombe de
Troyes. C’est un seigneur de moyenne importance, peut-être de la branche
cadette de la famille de Champagne, et, par le jeu des alliances, il est parent
avec la famille de Montbard qui est celle de Bernard de Clairvaux. Nous savons
peu de chose sur ses activités avant 1104 : il accompagne alors le comte
Hugues de Champagne en Terre sainte. On ignore à quelle date il en revient,
mais ce qui est sûr, c’est qu’il retourne en Palestine en 1114, toujours en
compagnie du comte de Champagne, et qu’il y reste. Et c’est là qu’en 1119 – ou
en 1118, car il est impossible de connaître la date exacte – il fonde, avec
quelques compagnons, ce qui deviendra l’Ordre du Temple. Ce que le chroniqueur
Guillaume de Nangis signale en une phrase : en ce temps (1120) est fondé
« l’ordre de la milice du Temple commandée par Hugues son maître ».
    On doit s’interroger sur les compagnons d’Hugues de Payns.
D’abord, ils n’étaient pas nombreux. D’après Jacques de Vitry, « au début,
il n’y en avait que neuf qui prirent une décision si sainte, et pendant neuf
ans ils servirent en habits séculiers et se vêtirent de ce que les fidèles leur
donnèrent ». Le chiffre neuf a prêté à de nombreux commentaires, et
certains y ont vu un nombre symbolique. C’est le neuvième arcane majeur du
Tarot, l’Ermite, et c’est aussi le signe du Cancer, ce qui est mystérieux et
caché, dans l’ancienne numérologie du Zodiaque. Mais il est quand même bien
difficile de croire que les premiers Templiers soient restés aussi peu nombreux
pendant neuf ans pour accomplir une mission qui exigeait, à l’évidence, un
grand nombre de participants. Mission de police particulièrement urgente et
nécessaire si l’on en croit les différents témoignages de l’époque. Comment
neuf chevaliers, même très forts et très braves, auraient-ils suffi à cette
tâche en pareilles circonstances ?
    Il est un autre point qui provoque la discussion. Est-ce que
l’initiative de la création de cette milice revient à Hugues de Payns et à ses
compagnons, en tant qu’engagement religieux individuel, ou bien est-elle due au
roi de Jérusalem, aux chefs militaires et à la hiérarchie de l’Église de
Palestine ? Rien, à ce sujet, n’est vraiment très clair. Si l’on en croit
Guillaume de Tyr, les neuf voulaient simplement se faire moines pour servir
Dieu et sauver leur âme, et c’est ensuite que « leur première mission leur
fut enjointe pour la rémission de leurs péchés par le seigneur

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