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Grands Zhéros de L'Histoire de France

Grands Zhéros de L'Histoire de France

Titel: Grands Zhéros de L'Histoire de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Clémentine Portier-Kaltenbach
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300 kilomètres/heure et les vagues 35 mètres de haut ! Sans même avoir jamais navigué, il suffit de visionner quelques images de l’archipel des Kerguelen battu par les vents pour perdre à jamais toute velléité de mettre un pied dans ses eaux ou sur son sol réfrigéré ! Par ailleurs, l’île frigorifique est par sa superficie la troisième île française après la Corse et la Nouvelle-Calédonie, mais elle se fait nettement moins remarquer et son acquisition par la France a permis d’augmenter de manière significative notre cheptel de baleines à bosse, manchots, otaries et autres éléphants de mer.
     
    Autre sujet de satisfaction de nature à flatter notre esprit cocardier : c’est sur la Grande Terre, île principale de Kerguelen, que se trouve le plus grand glacier français. Mais ce glacier, qui en 1963 avait encore une superficie de près de 500 kilomètres carrés, porte le nom de « calotte Cook ». Or, selon une récente étude menée par des glaciologues, elle est en train de fondre à vue d’œil ! En quarante ans, elle s’est amincie de près d’un mètre et demi par an, sa surface a diminué de 20 %. et son recul est deux fois plus rapide depuis ces vingt dernières années. Conclusion douce-amère : même si nous perdons le plus grand glacier de France, d’ici quelques décennies, il n’y aura plus trace de Cook aux Kerguelen !
    Resteront naturellement les îles Cook et le souvenir d’un grand explorateur britannique qui fut le premier Européen à débarquer sur la côte Est de l’Australie ainsi qu’en Nouvelle-Calédonie, et le premier navigateur à faire le tour de la Nouvelle-Zélande. Mais là encore, en guise de baroud d’honneur, nous mentionnerons ici que si la gloire de Cook ne connut jamais d’éclipse contrairement à celle de Kerguelen, en revanche lorsque sonna l’heure du trépas, le navigateur français mourut de sa belle mort dans son lit, tandis que James Cook fut mangé par des Hawaïens quelque part dans les îles Sandwich !
     
    Après ce coup de pied de l’âne dont on conviendra sans peine du caractère aussi mesquin qu’anglophobe, évoquons plus sérieusement ce qui restera peut-être « le » grand mérite d’Yves de Kerguelen : avoir su transmettre aux autres son amour de la mer, son goût pour l’aventure. Faire rêver ceux qui l’écoutaient, les transporter en imagination dans des contrées lointaines, des îles paradisiaques aux fleurs odorantes et aux fruits inconnus, ça il savait faire ! Louis XV avait été payé pour le savoir !
    Au château de Saumur où Kerguelen purgea sa peine, le directeur de la prison était un certain Louis Henri Georges Dupetit-Thouars. Ses neveux Louis Marie Aubert et Aristide Dupetit-Thouars, nés au château de Boumois à 6 kilomètres de Saumur, élèves à l’école militaire de La Flèche, fréquentaient régulièrement le château et passèrent de longues heures à écouter les récits de voyage de Kerguelen. L’enthousiasme du vieux marin s’avéra une fois encore très communicatif, puisque les deux adolescents, sans avoir jamais vu la mer, n’auront qu’une idée en tête, parcourir les océans, voir du pays. L’aîné, Louis Marie Aubert, devenu botaniste, voyagera à travers le monde sur les traces de Kerguelen, publiera une Histoire des végétaux recueillis dans les îles de France, de Bourbon et de Madagascar et sera admis à l’Académie des sciences.
    Quant à son petit frère, Aristide Dupetit-Thouars (1760-1798), il va devenir l’un des plus grands marins de notre histoire, le héros légendaire de la bataille navale d’Aboukir.
    Âgé de vingt ans à peine, il a déjà participé à plusieurs batailles navales contre les Anglais à Ouessant, puis à Saint-Louis du Sénégal et aux Antilles. En 1792, il vend tous ses biens pour pouvoir partir à la recherche du grand explorateur La Pérouse, alors disparu depuis quatre ans au cours de son tour du monde. Pour infructueuse qu’elle fût, l’expédition en question en dit assez long sur l’impétuosité, le courage et l’esprit romanesque de cet homme. Par la suite, commandant du Tonnant pendant l’expédition d’Égypte avec Bonaparte, il meurt glorieusement à la bataille navale d’Aboukir le 1 er août 1798, après avoir contraint le Bellerophon à amener son pavillon et s’être dégagé d’un autre vaisseau anglais, le Majestic . Les deux bras et une jambe emportés par une canonnade, il se fait placer par ses hommes dans

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