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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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manières de gamin rustaud. Je m’en suis
voulu de t’avoir laissé croupir sept années dans notre propriété du Beau
Promontoire et ce uniquement parce que je te tenais pour responsable de la mort
de ta mère. Quand je t’ai vu pour la première fois, j’ai eu honte de toi mais
surtout de moi. Tu es l’ultime représentant d’une longue lignée d’hommes
illustres parmi lesquels se trouvent quelques compagnons d’Elissa, plusieurs
suffètes et grands prêtres de notre cité. Je me suis mal conduit envers toi et
tu aurais pu m’en tenir rigueur. Tu m’as agréablement surpris par les efforts
que tu as déployés pour rattraper le temps perdu. Himilkat m’a dit le plus
grand bien de toi et cela a flatté mon orgueil de père encore que je ne sois
pas dupe de certaines choses. Ne proteste pas, je suis au courant du pacte
passé entre vous et je sais depuis longtemps que tu ne te rends pas chaque
matin au temple d’Eshmoun pour y retrouver tes condisciples. Tu as choisi pour
classe les tavernes du port marchand. Il y a pire école ! Je t’en veux
d’autant moins que, tu l’ignores sans doute, tu es pour cette raison très
populaire auprès de la plèbe. Or j’ai appartenu et j’appartiens encore
secrètement au parti barcide qui combat l’égoïsme aveugle des grandes familles
aristocratiques. Pour l’heure, depuis le départ d’Hannibal, nous sommes en
minorité mais il n’est pas exclu qu’un jour, le vent tourne en notre faveur.
Grâce à toi, je pourrais alors prendre la tête de l’opposition à Hannon le Rab.
Tu m’as servi sans le savoir et sans le vouloir. Cela m’incline à examiner avec
indulgence ta requête. Tu veux être soldat ? Je rêvais pour toi d’un autre
avenir mais je souscris à l’analyse que tu as faite de l’évolution de nos
rapports avec Rome. Je crois, moi aussi, que la guerre avec les Fils de la
Louve est inévitable. Malheureusement, nous n’avons plus d’armée puisque nous
avons dû licencier la quasi-totalité de nos mercenaires étrangers après la
défaite de Zama. Quant à nos concitoyens, tu sais mieux que moi qu’ils
considèrent comme dégradante la carrière militaire. Il nous faut donc
impérativement reconstituer nos forces dans le plus grand secret et ce sera ta
mission dans les années à venir. Tu devras, je t’en préviens, faire preuve de
patience. À ma demande, dès demain, le Conseil des Cent Quatre t’affectera à
l’une de nos garnisons pour que tu y apprennes le métier d’officier. Il se
passera beaucoup de temps avant que tu ne puisses revenir à Carthage. Mets à
profit cette période pour observer ce qui se passe autour de toi. Ne prends pas
ton éloignement pour un exil et ne te fais aucune illusion. Tu rencontreras
plus de déconvenues que de surprises agréables. Tu seras au contact des Numides
qui furent jadis nos alliés avant d’être ceux des Romains. Essaie de te lier
d’amitié avec eux et, en particulier, avec les fils de leur vieux roi
Masinissa. Un jour, il se pourrait que notre sort dépende d’eux. Voilà, je n’ai
plus rien à te dire. Nous ne nous reverrons peut-être pas avant plusieurs lunes
mais Baalnawas t’accompagnera et nous resterons en contact grâce à lui.
Puissé-je ne jamais regretter la décision que je viens de prendre
aujourd’hui !
    — N’aie
aucune crainte, père. Je saurai toujours te faire honneur.

Chapitre 2
    Mon père
tint parole. Quelques jours après notre entretien, je fus convoqué par
Baalyathon, l’un des principaux conseillers de Hannon le Rab. L’homme avait
mauvaise réputation. Son grand-père était soupçonné d’avoir trempé dans
l’assassinat du grand Hamilcar, le père d’Hannibal, et lui-même dirigeait la
nuée d’espions et de mouchards chargés de surveiller tous les opposants à son
protecteur. D’un ton ironique, d’où n’était point absente une certaine
malveillance, il m’annonça que je devais rejoindre sans tarder la garnison
d’Oroscopa. C’était une localité située à une dizaine de jours de marche de
Carthage, à l’extrémité de la province des Grandes Plaines.
    Accompagné
de Baalnawas et d’une demi-douzaine d’esclaves, je me mis en route pour gagner
ce poste éloigné dont nul militaire ne semblait se souvenir. Nous fîmes halte
chaque soir dans les propriétés de mon père ou de ses amis et je pus de la
sorte me procurer quelques chevaux numides de remonte. Petits et nerveux, ils
étaient particulièrement robustes et

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