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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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romains.
    Nous
pourrons alors écraser ceux-ci et les chasser définitivement d’Afrique.
    La
mauvaise saison se passa sans problème notable. Au retour des beaux jours,
Hillesbaal, le chef des intendants, demanda à me rencontrer d’urgence. Il
paraissait soucieux :
    — Quand
arriveront les navires dont tu nous as parlé ?
    — Sous
peu.
    — En
es-tu sûr ?
    — Je
l’espère. Plusieurs de nos trirèmes sont parties en direction de l’île des
Lotophages pour escorter les convois en provenance d’Egypte.
    — Dois-je
en conclure qu’on t’a signalé leur départ d’Alexandrie ?
    — Non,
mais je ne puis douter un seul instant de la loyauté des commerçants égyptiens
qui ont été payés en avance. Pourquoi es-tu à ce point inquiet ?
    — Hasdrubal,
j’ai le pénible devoir de t’annoncer que nos greniers sont presque vides. Nous distribuons
actuellement plus de cent cinquante mille rations de nourriture par semaine.
Si, dans quinze jours, nous n’avons pas reçu de quoi remplir nos entrepôts,
nous devrons cesser les distributions.
    — Quel
est l’état exact de nos réserves ?
    — Si
le blé égyptien nous fait défaut, nous aurons à peine de quoi nourrir les
trente mille hommes de la garnison et, encore, ceux-ci seraient très sévèrement
rationnés. Quant à la population civile, elle en sera réduite à mourir de faim.
    — Je
compte sur toi et tes agents pour que rien ne transpire de notre entretien. Il
est inutile d’alerter nos concitoyens alors que l’heure de la délivrance est
proche.
    Pour
couper court aux rumeurs éventuelles, je fis organiser des processions afin
d’appeler la bénédiction des dieux sur notre ville. Dans le même temps, des
centaines d’animaux furent sacrifiés dans les temples dont les autels
ruisselèrent du sang des victimes offertes en holocauste. Les fidèles, auxquels
on distribua les restes des bêtes, furent rassurés : cela prouvait que nul
n’avait à redouter une quelconque disette.
    Perchés
sur la tour de l’Amirauté, les guetteurs scrutaient l’horizon, espérant
apercevoir au loin les voiles des navires en provenance d’Egypte ou de Gaule.
Un matin, je crus que Tanit la bienfaisante avait exaucé mes prières. Cinq
quinquérèmes firent leur entrée dans le port. Elles venaient d’Aspis et étaient
chargées à ras bord de grains. Toutefois leurs commandants me confièrent qu’ils
n’avaient aucune nouvelle de notre flotte partie en direction de l’île des
Lotophages et que les marchands d’Alexandrie ayant fait escale à Aspis avaient
paru tout ignorer du départ de convois de blé pour Carthage.
    Deux jours
plus tard, Hillesbaal revint me voir.
    — Hasdrubal,
cette fois-ci, la situation est réellement préoccupante. Demain, je ferai
procéder à la dernière distribution de nourriture à la population civile.
Après, je serai obligé de réserver les rations aux seuls défenseurs de la cité.
Tu dois sans plus tarder annoncer cette nouvelle au Conseil des Cent Quatre.
    À ma
demande, Mutumbaal réunit ses collègues et je fus obligé de leur avouer la
vérité. Mon discours souleva une tempête de protestations et mes soldats durent
pénétrer dans l’enceinte du Sénat pour ramener à la raison ceux qui voulaient
me faire un mauvais parti. Quand le tumulte cessa enfin, mon père prit la
parole :
    — Les
dieux nous infligent une épreuve cruelle parce qu’ils veulent savoir si nous
sommes assez forts pour ne pas perdre espoir dans leur intervention. Il serait
sacrilège de les défier et nous devons nous soumettre à leurs décrets quoi
qu’il nous en coûte. Dès demain, les crieurs publics iront de rue en rue
annoncer l’interruption provisoire des distributions de nourriture. Je connais
assez bien nos compatriotes pour penser que ceux-ci, depuis des semaines,
économisent sur leurs rations et qu’ils pourront tenir encore une quinzaine de
jours. Quant à nos soldats, chacun d’entre eux a de la famille et il partagera
avec les siens les denrées qui leur seront allouées. Cela nous laisse le temps
d’attendre l’arrivée des convois égyptiens et gaulois.
    A
l’expiration du délai fixé par Mutumbaal, il fallut se rendre à
l’évidence : à défaut de bateaux, la famine fit son apparition à Carthage.
Les habitants eurent recours à tous les expédients inimaginables pour se
procurer un peu de nourriture. Les jardins des temples et des maisons privées
fournirent aux prêtres et à leurs

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