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Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Hasdrubal, les bûchers de Mégara

Titel: Hasdrubal, les bûchers de Mégara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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marié ?
    — Non
et la femme que j’aime est la maîtresse d’Hasdrubal le boétharque et je doute
fort qu’elle accepte de le quitter pour partager ma vie.
    — Je
la connais. Elle se nomme Arishat et elle a grandi dans ma famille avant de
s’amouracher de Gulussa, le fils de Masinissa, puis de l’abandonner pour suivre
ton général. Elle fut pour moi comme une sœur du temps de notre jeunesse. Je
lui ai conservé mon affection tout en sachant qu’elle ne vaut pas la peine
qu’on se sacrifie pour elle. Crois-moi, tu ferais mieux de renoncer à cette
femme qui sèmera autour d’elle, sans le vouloir, le malheur et la désolation. A
vrai dire, je me félicite de ce que tu sois seul. Nul ne pourra t’accuser
d’avoir pris ta décision pour sauver les tiens. Ce que tu choisiras de faire te
sera uniquement dicté par l’amour de ton peuple et de ta ville.
    — Je
vais réfléchir à ta proposition et je te ferai connaître ma réponse par un
messager.
    Je dois le
dire, moi, Hasdrubal le boétharque, bien que disposant de nombreux espions et
informateurs, je n’ai jamais soupçonné que Phaméas se préparait dans le plus
grand secret à me trahir. Il était toujours le premier à se porter volontaire
pour attaquer les convois romains et il était réputé pour ne jamais faire de
prisonniers. Aussi, quand Manius Manilius décida de lancer une nouvelle
offensive contre mon camp, c’est à lui que je confiai le commandement des
troupes chargées de le repousser. Il s’acquitta de cette mission avec brio.
Attaqué sans cesse par notre cavalerie, le consul, à la tête de plusieurs
milliers d’hommes, progressait péniblement en direction de Nepheris et dut se
rendre à l’évidence : jamais il ne parviendrait à s’emparer de cette
position. Il s’apprêtait à rebrousser chemin quand un cavalier numide se
présenta, un soir, à ses avant-postes, porteur d’un message qu’il devait
remettre en mains propres à Publius Cornélius Scipion Aemilianus, qui faisait
aussi partie de cette expédition.
    Bien que
le texte ne fût pas signé, le jeune tribun devina sans peine qu’il était de la
main de Phaméas. Ce dernier avait tracé d’une main malhabile ces quelques
lignes : « J’ai bien réfléchi à ton offre et je suis prêt à
l’accepter pour autant que nous nous accordions sur certaines conditions. Dans
deux jours, je camperai avec une faible escorte non loin de l’endroit où nous
nous sommes rencontrés. Prends position de l’autre côté de la rivière. À la
nuit tombée, une torche sera agitée par trois fois. Je t’attendrai sous ma
tente et tu as ma parole d’honneur que tu pourras repartir librement quel que
soit le résultat de nos discussions. »
    Prévenu de
cette initiative, Manius Manilius se montra plutôt méfiant. Publius Cornélius
Scipion Aemilianus dut déployer des trésors d’éloquence pour le convaincre de
la bonne foi de son interlocuteur. À la date fixée, les deux hommes se
retrouvèrent. L’entretien fut des plus brefs. Phaméas fit part au Romain de sa
décision :
    — Je
suis prêt à passer dans votre camp. Je remets mon sort entre vos mains et
j’espère que tu honoreras tes promesses. Je suis sûr que plusieurs centaines de
mes hommes sont disposés à me suivre et j’exige pour eux et leurs familles les
garanties que vous m’accordez. Leurs parents, leurs femmes et leurs enfants
vivent à Carthage et seront sans doute emprisonnés à titre de représailles.
Lorsque vous vous emparerez de la ville, faites en sorte de les épargner. Mes
soldats seront alors à vos côtés pour vous les désigner. Si vous manquiez à
votre parole, sache que vos dieux ne laisseraient pas un tel crime impuni.
    — Tu
as choisi la voie de la sagesse et il en sera fait selon tes désirs.
    — Dans
trois jours, nos troupes se rencontreront dans la plaine. Hasdrubal et ses
fantassins sont à Nepheris et ne prendront pas part à l’engagement. Au matin de
cette rencontre, je haranguerai mes troupes et je leur proposerai de me suivre.
Quand nos détachements se présenteront devant vos lignes, je puis t’assurer
qu’ils viendront en paix. Tu devras donc ordonner à tes légionnaires de ne
point les attaquer et de les laisser franchir vos postes sans chercher à les
désarmer. Certains d’entre eux s’engageront à vos côtés. Quant aux autres, je
te demande de les laisser partir pour Utique et de les autoriser à conserver
leurs équipements. Ils doivent être

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