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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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protéger. Est-ce qu'ils prennent une bouteille pour t'enculer, Ryan ?
    Le lieutenant lançait une hypothèse à propos de la bouteille: parmi les objets présents dans le caveau, celui-là seul avait pu infliger les blessures décrites par le docteur Grégoire.
    Le chef de police ouvrit la porte de son bureau pour se retrouver face à face avec une demi-douzaine d'agents alertés par les cris. Au moment où Gagnon reprenait sa tirade sur la bouteille, toujours en hurlant, Ryan leur dit:
    —    Il est complètement fou. Il m'a attaqué. Mettez-le dans une cellule en bas. Une cellule isolée pour que personne n'entende les horreurs qu'il débite. Je vais appeler Saint-Michel.
    Les agents n'eurent pas de mal à se saisir de Gagnon, qui hurlait toujours ses accusations. Ils reçurent quelques coups, les rendirent bien sûr avec entrain. Le lieutenant de police aboutit dans une cellule, le visage tuméfié, les vêtements déchirés, toujours hurlant des insanités. Les policiers ne comprenaient pas trop : la maison où se passaient des orgies, les fils de ministres, le premier ministre, le chef Ryan, ces sujets se mêlaient dans ses imprécations. Ceux qui se donnaient la peine d'écouter toute la tirade pouvaient se faire une idée assez juste de ce récit. La plupart préféraient croire au délire d'un fou.
    D'ailleurs, après un moment, Gagnon éclata en sanglots et commença à se cogner la tête sur les barreaux de sa cellule.
    Ryan s'était lavé le visage à l'eau froide, pour faire disparaître le sang, il nettoya ensuite le mieux possible le devant de son uniforme. A l'hôpital Saint-Michel-Archange, on lui promit de dépêcher des infirmiers capables de s'occuper d'un fou furieux. Le fonctionnaire demanda tout de même à quelqu'un de vérifier si le revolver du policier se trouvait bien dans le tiroir de son bureau. Si jamais il l'avait sur lui, cela rendrait les choses plus difficiles.
    Puis le fonctionnaire de police réfléchit à la suite des choses. Les soupçons de Gagnon lui paraissaient tout bonnement inconcevables. Que ces jeunes excités forcent un peu une jeune fille, c'était crédible. Les enfants entassés dans les orphelinats de la province n'avaient pas tous eu des mères consentantes. Le meurtre sadique ne cadrait toutefois pas dans ce récit. D'un autre côté, même si le lieutenant devenait de plus en plus bizarre ces dernières semaines, comment se convaincre qu'il avait inventé tout cela ? Menacer de bouleverser l'ordre public en répandant des rumeurs, c'était une chose. Concocter une histoire du genre, ou pire encore, aller «planter» des preuves chez le fils Trudel, cela ne se pouvait tout simplement pas.
    Ces preuves se trouvaient donc vraiment dans la maison de Château-Richer. Ryan savait n'avoir aucune chance d'obtenir un mandat de perquisition. Même si elles avaient été réunies par des moyens légaux, cela n'aurait pas été facile. Seuls les imbéciles s'imaginaient que la loi s'appliquait à tous de la même façon. Le jeune policier arrêtant un ministre pour une infraction au Code de la route le comprenait - ou se cherchait un autre emploi très vite s'il rédigeait un procès-verbal sur l'affaire. Gagnon le comprenait, même s'il ne l'admettait pas. Gérer le «deux poids, deux mesures» tenait de la routine quotidienne du chef de police.
    Incapable de se sortir de cette impasse, Ryan décida de s'en remettre au procureur général de la province. De toute façon, après enquête, celui-ci devrait décider si des accusations seraient portées dans cette affaire. Autant s'en remettre à lui tout de suite. Le fonctionnaire commença par ranger les deux pots en verre rapportés par Gagnon dans l'une de ses filières fermant à clé. Il prit une grande enveloppe et y plaça les deux rapports, le premier sur les frères Germain, et le second sur sa visite à Château-Richer. Le dernier ne comportait pas de signature manuscrite - seulement le nom de l'auteur dactylographié - et n'avait pas été rédigé sur du papier de la police. Dans son esprit, cela lui donnait un caractère non officiel. «Une quasi non-existence en fait», pensa-t-il.
    Quelqu'un frappa à la porte, l'entrouvrit juste un peu pour lui dire :
    —    Ils amènent Gagnon.
    —    Comment est-il ?
    —    Tout à fait calme, maintenant. Il marmonne, mais on ne comprend rien. En fait, il est à demi assommé. Il a passé une demi-heure à se cogner la tête contre les barreaux.
    Ryan le

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