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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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aux hommes de changer cet état de chose. Cependant, le devoir des patrons catholiques est d'offrir à leurs travailleurs un salaire suffisant pour faire vivre une famille chrétienne. Le devoir de justice des patrons est d'offrir un revenu décent aux ouvriers. Celui des ouvriers est de respecter le droit de propriété des patrons.
    L'abbé Fortin continua sur ce registre pendant un moment encore. Puis il termina en disant:
    —    Maintenant, je vous invite à prier pour un règlement convenable de cette trop longue grève.
    Comme un seul homme, les deux cent cinquante ou trois cents grévistes se mirent à genoux et commencèrent à réciter un chapelet. Renaud les écouta longuement murmurer des Je vous salue Marie. Des hommes amaigris, acculés à la plus extrême misère, égrenaient des perles en verre pour obtenir une fin juste à ce conflit. Tous ces chapelets étaient comme des chaînes sur leurs mains.
    Il faudrait bien longtemps avant que ces travailleurs ne secouent leur joug.
    Ce même jour, Maurice Gagnon se présenta au poste à l'heure habituelle. Il posa son sac en papier brun près de son bureau et entreprit d'expédier les quelques tâches administratives laissées en suspens. Ses collègues lui lançaient des regards inquisiteurs, le saluaient du bout des lèvres. Son absence prolongée devenait leur premier sujet de conversation. Bien des rumeurs avaient sans doute couru sur son compte.
    Le détective s'occupa jusqu'à l'arrivée de Daniel Ryan, vers neuf heures trente. Celui-ci faisait toujours un tour rapide des lieux, puis s'enfermait dans son propre bureau. En passant devant Gagnon, il le regarda avec un petit sourire en coin.
    —    Tiens, un revenant, fit-il.
    —    Je dois vous parler, tout de suite si possible.
    —    Bon, viens-t'en.
    En se retournant, le chef de police fit une grimace excédée, ce qui provoqua l'hilarité des agents témoins de sa mimique. Le fonctionnaire ne cachait plus que les états d'âme du détective lui tombaient sur les nerfs, et la plupart des hommes l'approuvaient. Les policiers n'étaient pas payés pour avoir des sentiments. Gagnon prit son sac en papier brun et le suivit. Il attendit que son chef soit assis derrière son bureau avant de prendre place à son tour.
    —    Qu'est-ce qui se passe cette fois-ci? s'entendit-il demander.
    —    Le meurtre de Blanche Girard. Maintenant, je sais qui c'est.
    —    Encore ? Nous avons arrêté les Germain, cela a fait bien rire dans toutes les tavernes de la ville.
    Pourtant, le directeur avait été heureux de se saisir de ces coupables tombés du ciel. Il se désolidarisait maintenant sans vergogne de cette initiative.
    —    J'avais de bonnes raisons de les soupçonner, et je pense encore qu'ils devraient être poursuivis pour viol. Mais ma première idée était la bonne. Le livret de banque près du corps nous donnait l'identité du coupable, ou au moins de l'un des coupables. Si je me rappelle bien, c'est vous qui m'avez ordonné de regarder ailleurs.
    De mesquin, Ryan devint inquiet. Il songea : «J'aurais dû empêcher Gagnon de s'occuper de cette affaire. » D'un autre côté, ne valait-il pas mieux que cela vienne de quelqu'un à l'équilibre instable, facile à désavouer? Un policier en pleine possession de ses moyens, apprécié de ses collègues, serait autrement plus menaçant. Tout de même, le chef entendit jouer de prudence.
    —    Alors tu as du nouveau ?
    —    Nous savons que Trudel et ses amis sont allés à Château-Richer. Hier je me suis débrouillé pour savoir à quelle heure ils étaient arrivés là-bas. Ils ont eu tout le temps de ramasser Blanche Girard en chemin, de gré ou de force, après que celle-ci eut quitté Germaine Caron et salué le gardien Gauthier dans le parc.
    Le lieutenant de police ouvrit son sac en papier brun, en sortit son rapport plié en deux. Il préférait voir l'autre lire son texte, plutôt que d'avouer à haute voix ses irrégularités de la veille. Ryan commença à parcourir les pages en affichant un air ennuyé, puis sa figure changea.
    —    Une entrée par effraction, murmura-t-il en arrivant à la fin du premier feuillet.
    Le gros homme commença à s'inquiéter sérieusement. Il continua la lecture en silence, de plus en plus troublé.
    —    Tout cela est parfaitement illégal, fit-il en terminant. Ce ne serait d'aucune utilité devant un tribunal. En fait, le juge déclarerait irrecevables toutes tes

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