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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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préférable en effet, répondit le magistrat.
    Alain Touchette se tourna de nouveau vers le journaliste.
    —    Dans quelles circonstances avez-vous découvert ce témoin ?
    —Je suis allé aux funérailles de Blanche Girard. J'ai entendu des femmes discuter entre elles de l'existence de madame Gertrude Fortier, de ses... «hypothèses». J'ai sauté dans le même tramway que ces femmes, afin de leur demander l'adresse du témoin.
    Le jeune homme présentait les choses comme s'il s'agissait là d'une prouesse extraordinaire. Il y eut quelques rires dans la salle.
    —    Plusieurs jours se sont écoulés entre les funérailles et la publication de votre article. Comment cela se fait-il ?
    —    Au début, elle ne voulait pas me parler. Par la suite, j'ai cherché d'autres personnes pour confirmer son histoire.
    —    Et ces autres témoins, vous les avez trouvés ?
    Il afficha une mine déçue au moment d'admettre :
    —    Comme je le disais tout à l'heure, Raoul Richard en a trouvé un autre.
    —    J'ai terminé, Votre Honneur.
    L'avocat retourna s'asseoir alors que Laurent Marchais s'approchait.
    —    C'est une enquête remarquable que vous avez faite, jeune homme.
    Quoique la voix de l'avocat fût chargée d'ironie, le journaliste rougit de plaisir.
    —    Vous dites avoir eu du mal à convaincre Gertrude Fortier de vous raconter ce qu'elle avait vu.
    —    Oui. Je suis allé plusieurs fois chez elle avant de réussir.
    —    Est-il vrai que vous lui avez donné de l'argent pour entendre son histoire ?
    —    ... Oui.
    Le journaliste avait eu un moment d'hésitation avant de répondre. Une bonne partie de sa fierté disparut. Un murmure parcourut la salle.
    —    Combien d'argent a-t-elle reçu?
    —    ... Cinquante dollars, admit-il après avoir consulté son directeur du regard.
    —    Cinq fois le salaire hebdomadaire d'une ouvrière de la chaussure !
    Laurent Marchais affectait d'être admiratif devant tant de générosité. En réalité, il venait de faire perdre sa crédibilité au témoin suivant, avant même que cette femme se soit assise à la barre des témoins.
    Le jeune journaliste céda sa place à Gertrude Fortier, une ménagère frôlant la soixantaine. Maître Touchette lui demanda :
    —    Madame, qu'avez-vous vu dans la soirée du 3 juillet dernier ?
    —    Une jeune femme dans une auto, dans la rue Saint-Vallier, avec des jeunes hommes.
    Gertrude Fortier avait la diction laborieuse d'une personne pas tout à fait à jeun, mais soucieuse de dissimuler son état. Il n'était pourtant que dix heures du matin.
    —    Qui était cette jeune femme ?
    —    Celle qui a été tuée. Blanche Girard.
    Un murmure parcourut la salle. Ainsi, le voile se levait sur cette horrible affaire.
    —    Vous savez qui étaient les hommes avec elle ?
    —    Je ne connais pas leur nom. C'étaient de beaux messieurs, bien habillés. Des gens de la Haute-Ville.
    —    Ils étaient nombreux ?
    —    Trois dans la voiture où se trouvait la jeune fille. Une autre auto suivait, avec trois passagers. Ils étaient ensemble, ils se parlaient d'une auto à l'autre.
    Un certain étonnement parcourut la salle, mais Renaud voyait l'inquiétude sur le visage d'Alain Touchette. Malgré ce début, le témoignage ne contenait rien de bien solide. Laurent Marchais se leva avec un petit sourire mauvais.
    —    Madame Fortier, depuis quand connaissiez-vous Blanche Girard ?
    —    Je ne la connaissais pas. Je ne l'ai jamais rencontrée.
    —    Ah! Comment avez-vous pu la reconnaître dans cette automobile ?
    —    Il y a eu sa photo dans le journal. Tout le monde l'a vue.
    Les journaux avaient reproduit le cliché montrant la jeune femme lors du pique-nique organisé par la chorale de la paroisse Saint-Roch. Renaud s'en souvenait aussi.
    —    Cette photo a été publiée quel jour ?
    —    Je ne sais plus exactement. Après la découverte du corps dans le parc.
    —    C'est-à-dire le vendredi, ou le samedi suivant. Je pense que la première photo a été publiée le samedi 10 juillet. Qu'en pensez-vous ?
    La vieille femme marqua une hésitation avant de convenir :
    —    C'est possible, je ne me rappelle pas.
    —    Quand vous avez vu cette photographie le 10, vous vous êtes rappelé que c'était la jeune fille aperçue dans une auto le 3 juillet?
    —    Oui, c'est ça.
    Après une semaine, pensa Renaud.

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