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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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pour se diriger vers la Chevrolet, un objet dans la main droite. L'avocat ne se méfia pas du tout d'abord. Quand il reconnut l'homme au rasoir, il chercha son arme dans la poche de son manteau. Trop tard : Ovide Germain pointait un gros revolver vers son visage. La victime pensa bien un moment engager la marche arrière et fuir en reculant. Il ne le fit pas: une balle lui arracherait la moitié de la tête avant qu'il n'ait fait deux mètres.
    —    Descends ! cria l'homme en faisant un mouvement avec son arme.
    Renaud choisit d'obtempérer. Il aurait une petite chance de bouger, de fuir peut-être, plutôt que de se faire exécuter assis dans son automobile. Si cela se terminait mal, il se consola en pensant au plaisir de Thomas Lavigerie quand il recevrait une copie de son petit rapport. Ce serait à lui d'essayer de faire quelque chose. Aussi, ce fut avec une extrême surprise qu'il entendit Ovide Germain lui demander :
    —    Où se trouve la putain ?
    Pendant un moment, il ne comprit même pas de qui il parlait. L'autre dut répéter:
    —    Lara ? Où se trouve-t-elle ? Tu vas me le dire, ou je te crève !
    Finalement, ce dénouement n'aurait rien à voir avec Blanche Girard ?
    —    Va au diable, trou du cul !
    Les mots lui firent du bien. Il les regretta un peu quand l'autre lui abattit son arme en plein milieu du front. La douleur lui fit lever les deux mains pour se protéger le visage, il présenta son dos à son agresseur. Les coups s'abattirent sur sa nuque. Ses genoux plièrent un peu sous lui alors qu'il s'accrochait au garde-fou du pont.
    —    Tu vas me dire où elle se trouve, oui ou non !
    Renaud ne révélerait jamais à ce fou l'endroit vers où se dirigeait Virginie. Celui-ci porta un troisième coup, sur l'une de ses épaules.
    —    Je t'emmerde !
    Son agresseur changea de stratégie. Il lui passa une main entre les jambes pour le soulever. Renaud comprit tout de suite qu'il comptait le jeter en bas du pont. Il s'accrocha à la rambarde de fonte, mais les coups reçus, tout comme sa récente blessure à la poitrine, réduisaient considérablement ses forces. Ovide Germain lui avait soulevé les deux pieds de terre. Il ricana :
    —    Tu es amoureux de la putain, ma parole !
    Renaud se dit que cela se pouvait bien.
    —    Pourtant, ce n'est pas une affaire au lit. Je le sais, j'y ai été avant toi. Elle ne vaut pas la peine de crever. Tu nie dis où elle est, ou tu plonges.
    —    Sac de merde ! Tu sens, d'ailleurs.
    Ce n'était pas la bonne réponse. Germain lança une volée de jurons et fit passer la majeure partie du poids de son adversaire de l'autre côté du garde-fou. Sa victime se cramponna. Il sentit un liquide chaud mouiller sa poitrine : le sang coulait de sa coupure. Il n'arriva pas à se retenir, son poids passa complètement par-dessus la rampe. En s'agrippant, il put seulement éviter de tomber tête première. Son corps demeura à l'horizontale. La sensation de chute arracha un grand cri de sa poitrine, qui s'éteignit dans un «arghh ! » étouffé.
    Le cours d'eau se trouvait à seulement quatre mètres du tablier du pont. Son menton contre sa poitrine, la tête de l'homme ne heurta pas la surface. Cependant, des épaules aux pieds, son corps s'affaissa lourdement. La glace s'enfonça un peu sous lui, de trois ou quatre centimètres, dans un grand craquement. De longues lignes coururent en étoile autour de lui et l'eau noire envahit la surface glacée. Le liquide monta de quelques centimètres tout autour de son corps, l'obligeant à reprendre ses esprits très rapidement. Il dut faire un immense effort de volonté pour retrouver son souffle.
    En se fracturant sous lui en de grandes plaques et en s'affaissant un peu, la glace avait amorti sa chute. Renaud voyait très bien le haut du corps d'Ovide Germain au-dessus de lui, penché sur le garde-fou, une silhouette éclairée par la lune. Il l'entendit même lâcher un « Christ» déçu. Il distingua surtout la main tenant le revolver se découper contre le ciel.
    L'homme réussit à rouler sur lui-même, sous le tablier du pont. La première balle souleva un peu d'eau et de glace en frappant à sa gauche. Il y eut trois autres détonations rapides. Il tourna sur lui-même jusqu'à être hors de portée, sous le tablier du pont. Ovide Germain devrait descendre sur la rive pour l'abattre. Le voyou jurait en s'engageant sur le côté gauche du pont.
    Renaud se releva difficilement,

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