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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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maintenant. J'ai vu les journaux ce matin, on y parle de vous.
    —    Ah oui ! Pauvre fille, elle avait vingt ans à peine.
    —    Vous la connaissiez ?
    —    Pas vraiment, mais elle me saluait tous les jours en revenant du travail. Je la voyais aussi à l'église. Elle faisait partie de la chorale, à Saint-Roch.
    Il s'était mis à marcher lentement vers le bosquet, pour suivre le jeune homme. Tous les arbustes avaient été écrasés, et des gens allaient et venaient, cherchant sans doute sur le sol des traces de l'événement.
    —    C'est arrivé là ? fit-il en montrant l'endroit du doigt.
    —    C'est là qu'on l'a trouvée, mais ce n'est pas certain qu'elle y a été tuée. On l'aurait découverte plus tôt.
    —    Selon le journal, la police mettra rapidement la main sur le coupable.
    —    Oui. J'ai trouvé quelque chose près du corps. Un livret de banque...
    Un tintamarre l'interrompit. Un gros homme courtaud, les cheveux roux mêlés de blanc, klaxonnait rageusement tout en se stationnant à l'entrée du parc. Quand Gauthier se retourna pour voir l'énergumène, celui-ci lui fit signe de venir de la main.
    —    Bon, qu'est-ce qu'il me veut encore, celui-là ? maugréa le vieux gardien en prenant la direction de la rue.
    Daigle demeura planté là un moment, puis il reprit sa promenade sous les arbres.
    Décidément, Gauthier était de plus en plus vieux, constata Daniel Ryan. Il était temps de le remplacer, quitte à lui accorder une petite pension. Le gardien vint le rejoindre en tirant sur sa jambe folle. Quand il fut à sa hauteur, il lui dit sans autre préambule :
    —    J'ai vu Le Soleil ce matin. C'est toi qui as parlé du livret ?
    —    Oui. Un jeune journaliste est venu me voir hier soir, pour obtenir des informations.
    —    Il ne faut plus parler de cela. Plus jamais, m'entends-
    tu?
    Le chef de police n'entendait pas à rire, Gauthier le voyait bien. Comme chaque fois qu'il était en colère, il retrouvait son accent irlandais. Encore un peu et il commencerait à jurer en anglais. Il retrouva son calme avant de demander :
    —    Tu as regardé à qui ce carnet appartenait?
    Le ton de l'interrogation dictait une seule réponse :
    —    Non, je l'ai remis au lieutenant, mentit le gardien.
    —    C'est bien. Nous venons de chez son propriétaire. Nous avons la preuve qu'il n'a pas été mêlé au meurtre, une preuve absolue. Mais comme c'est quelqu'un d'important, si son nom est mêlé à cette affaire, les journalistes vont lui faire beaucoup de tort juste pour vendre leur papier.
    Gauthier fit signe qu'il comprenait. Le chef de police était allé lui-même voir le propriétaire du livret, comme il convenait avec ces gens-là. Autant obéir sans poser de question, il ne voulait pas s'en faire un ennemi. Ryan demanda encore:
    —    Le type à qui tu parlais, c'est un autre journaliste ?
    —    Non, un curieux, sans plus. Quelqu'un qui arrive de voyage.
    — Ne parle à personne du carnet. Encore mieux, ne dit rien du tout de cette affaire, ce sera mieux. Tout finit par se savoir, dans cette ville.
    Gauthier comprit tout de suite la menace voilée. S'il ouvrait la bouche, Ryan finirait bien par savoir qu'il avait parlé de la morte à quelqu'un. Il acquiesça d'un mouvement de la tête et reprit sa ronde du parc, les yeux au sol.
    Daigle vit le vieux gardien revenir dans le parc tout en évitant de regarder dans sa direction. Bien plus, il semblait soucieux de s'éloigner de lui. Visiblement, leur conversation était terminée. Nul besoin d'être devin pour comprendre que ce petit gros venait d'ordonner à Gauthier de ne plus faire la conversation avec les badauds, ou alors, plus spécifiquement, de ne plus parler de Blanche Girard. Ce devait être un haut gradé de la police: son uniforme comptait plus de dorures que celui d'un général.
    Renaud fit comme les autres et entra de nouveau dans le bosquet. Les curieux devant lui semblaient savoir exactement où le corps avait été trouvé. Ils allaient vers une étroite clairière. Nulle trace ne subsistait cependant. Le soleil avait eu tôt fait d'effacer l'empreinte humide du corps sur le sol, et déjà les herbes comme les brindilles s'étaient redressées. Daigle se rappelait que les ronces et les framboisiers rendaient l'accès à cet endroit du parc difficile. Maintenant tout était écrasé. D'ailleurs, sensible aux articles des journaux du matin, le maire avait déjà

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