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Haute-Ville, Basse-Ville

Titel: Haute-Ville, Basse-Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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falaise, au-dessus du fleuve. Ils se tenaient assez loin de la maison pour ne pas être entendus. Malgré cela, Henri tourna son siège dos au fleuve, de façon à faire face à ses amis et surtout à voir si quelqu'un venait vers eux. Personne ne devait entendre la moindre bribe de leur conversation. Ils commentèrent brièvement le départ précipité des Fitzpatrick. Henri évoqua des problèmes politiques, cela leur suffit. Puis Bégin aborda l'objet de toutes leurs pensées depuis plusieurs jours :
    —    L'enquête policière avance-t-elle ?
    Il voulait dire en réalité : « Les policiers s'approchent-ils de nous ? »
    —    Non, il n'y a rien de nouveau, dit Trudel.
    Les deux autres étaient convaincus qu'il possédait des informations précises sur les progrès de l'enquête.
    —    Il ne devrait rien se produire de désagréable, si vous demeurez discrets.
    —    Mais ils ont arrêté des gens. On ne peut pas laisser condamner des innocents, fit encore Bégin.
    —    Il fallait penser à cela le 3 juillet, rétorqua Trudel.
    Lui l'était, innocent. Cela l'autorisait à ce genre de rebuffades. Il continua d'une voix plus amène:
    —    Ecoute, Michel, on a discuté de tout cela déjà. En allant tout de suite à la police, vous auriez pu passer pour des ivrognes ayant fait une bêtise. Il est trop tard maintenant. Toute la ville est excitée depuis que les détails du meurtre sont connus. Si vous ouvrez la bouche, nous nous retrouverons tous dans une vraie merde.
    Le ton du garçon rappelait celui de la remontrance. Ses compagnons s'en agacèrent.
    —    Cela te convient bien, de faire des reproches, glissa Lafrance, mais tu peux t'être levé, cette nuit-là, pour aller la tuer. Nous dormions.
    —    Je t'interdis de dire cela, siffla Trudel. Je n'ai rien à voir là-dedans, tu le sais.
    —    Pourquoi refuses-tu d'admettre que ce sont peut-être des passants, des étrangers, les coupables ? s'énerva Lafrance. Si c'est obligatoirement l'un de nous, cela peut tout aussi bien être l'un de nous six ! Tu étais soûl et drogué, tu ne sais même plus ce que tu as fait ce jour-là.
    Cette pensée hantait aussi leur camarade. Pouvait-il avoir agi comme un somnambule? «Non, se répétait-il à chaque fois, cela n'est pas possible. »
    Dans le passé, jamais il n'avait bougé d'un pouce dans cet état. Au contraire, les autres devaient le porter. Comment croire que, cette nuit-là, il aurait pu quitter la chambre où les autres l'avaient mis, passer dans la pièce où ils cuvaient leur vin, massacrer cette fille restée prisonnière dans le caveau à légumes et retourner se coucher, tout cela sans s'en rendre compte? Surtout, au matin ses vêtements ne portaient pas trace d'une seule goutte de sang.
    Il comprenait cependant le point de vue de Lafrance. Le jour où l'un d'entre eux - si jamais cela se produisait -confesserait l'avoir fait, les autres pourraient être reconnus innocents. D'ici là, chacun était un suspect.
    —    Il n'y a pas d'autre solution que de se taire, continua Lafrance un ton plus bas. Si nous sommes arrêtés, nous serons condamnés tous les six, en bloc, innocents et coupables.
    Il semblait au bord des larmes. Il se leva pour se diriger vers la maison.
    —    Il a raison, remarqua Trudel à l'intention du fils Bégin. Maintenant, les tribunaux ne feraient plus le détail. Nous serions condamnés tous ensemble. Toi et moi, nous nous sommes débarrassés du corps. Même si nous ne l'avons pas tuée, c'est très sérieux comme complicité. Cela nous vaudra il la même sentence.
    —    Les gens mis sous les verrous cette semaine n'ont rien à voir là-dedans, remarqua son compagnon.
    —    Ce ne sont pas des innocents choisis au hasard. Us l'ont violée, eux aussi, expliqua le fils de la maison.
    L'autre parut à la fois incrédule et soulagé.
    —    Tu... tu es sûr de cela ?
    —    Oui. La police les a arrêtés pour ce motif. L'enquêteur les aurait même pris sur le fait avec l'autre sœur. De mon point de vue, ils sont plus coupables que je ne le suis.
    Cette fois, Bégin lui présenta un visage un peu rasséréné. Après un silence, ce fut à Trudel de s'enquérir:
    —    Tu sais ce qui arrive à Marceau et à Saint-Amant ?
    —    Saint-Amant m'a dit souhaiter rejoindre son père en Beauce. Il ne projette pas de revenir à Québec avant le début des cours. Marceau s'est enfermé chez lui. Il avait l'air un peu

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