Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
Relations extérieures, en conclusion à une série de récriminations : « Les Suisses forment un peuple qui ne se laisse ni distraire par les plaisirs ni intimider par la force, mais dont la douceur seule peut venir à bout. »
     
    Plus affligeante pour la réputation de l’armée parut à Blaise la mésaventure survenue, à Lausanne, à la veuve du général Henri de Charrière, qui avait vu arriver chez elle un adjudant du 18 e  régiment de cavalerie, porteur d’un billet de logement où il était expressément indiqué : « logera et fournira lumière et couche au porteur ». La suite était dans le rapport de la gendarmerie, reproduisant le récit de la plaignante.
     
    « On montre la chambre à donner à l’adjudant. Elle semble lui plaire. Il y dépose ses bagages et sort. Comme à minuit il n’a pas reparu, M me  de Charrière envoie tout son monde au lit. À minuit et demi la maisonnée est réveillée par des coups violents frappés à la porte. C’est le militaire qui revient. Comme le domestique se montre, au gré du Français, trop lent à ouvrir, il tire son sabre et dit qu’il va l’éventrer pour avoir osé le faire attendre. Il monte dans la chambre qui lui a été attribuée. Celle-ci ne lui plaît plus. Il se met en colère, renverse la bassine de braise sur le plancher au risque de provoquer un incendie, renverse aussi le lit et menace “de brûler la baraque”. Il demande au domestique de le conduire à la chambre de la propriétaire : “Mène-moi à la chambre de cette femme, je veux la finir !” exige-t-il. Comme le domestique refuse de conduire l’adjudant chez sa maîtresse – M me  de Charrière est âgée de soixante ans – le militaire, excédé, défonce les portes de deux chambres, en choisit une à sa convenance, y fait arranger son lit, se couche et s’endort. Au petit matin, l’adjudant quitte Lausanne pour Morges et M me  de Charrière dépose plainte. »
     
    Fontsalte eût volontiers classé cette affaire, comme bien d’autres, si une note du service des Affaires secrètes, annexée au rapport, n’avait attiré son attention. M me  de Charrière était, non seulement, la veuve d’un général mais la parente éloignée d’une femme de lettres célèbre 4 , qui correspondait régulièrement avec un homme influent à Paris, le citoyen Benjamin Constant, ami de Talleyrand et membre du Tribunat. Le capitaine signa immédiatement, à l’intention de la gendarmerie, un ordre de recherche de l’adjudant coléreux, et sans doute ivrogne, du 18 e de cavalerie. Il adressa aussi à l’état-major une note, qu’il fit viser par le colonel Ribeyre, par laquelle le service des Affaires secrètes demandait qu’un officier, au moins chef de bataillon, allât présenter des excuses à M me  de Charrière puis fît évaluer et indemniser tous les dégâts causés à la propriété de cette dame.
     
    Une autre cause de souci pour l’officier des Affaires secrètes tenait aux déserteurs, dont on signalait la présence dans le haut Valais. La plupart paraissaient inoffensifs, vivaient de rapines et, courant le risque de mourir de froid dans la montagne, préféraient souvent se rendre, en essayant de faire croire qu’ils s’étaient égarés. Mais certains fuyards pouvaient être des espions à la solde des Autrichiens, ou des hommes de main royalistes, capables de commettre un attentat contre le Premier consul. Ainsi, depuis le 7 mai, on recherchait deux Suisses qui, engagés dans l’armée française, s’étaient brusquement évanouis dans la nature : Jean Schlegel, se disant de Corsier, Daniel Brun, se disant de Vevey. Or l’un et l’autre étaient inconnus dans ces communes.
     
    On eût bien voulu savoir, aux Affaires secrètes, où se cachait un homme réputé « dangereux pour la sécurité de l’armée », que l’on recherchait depuis plusieurs mois et qui devait être, dès son arrestation, conduit au quartier général de l’armée. La fiche remise à Blaise de Fontsalte ne donnait pas l’identité de l’individu, mais indiquait qu’il s’agissait d’un homme jeune, environ vingt-cinq ans, qui avait été vu, pour la dernière fois, à Davos le 17 brumaire an VIII (8 novembre 1799). Porteur d’un passeport signé Galertie, préfet du canton de Metz, il se disait cordonnier et à la recherche de travail en Engadine. Suivait son signalement : « taille cinq pieds trois pouces, cheveux et barbe noirs, habillé d’une veste

Weitere Kostenlose Bücher