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Helvétie

Helvétie

Titel: Helvétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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avait l’expérience de mauvaises années d’autrefois, conseillait à Guillaume d’acheter des blés, de l’avoine et toute sorte de céréales, et même des fromages de la Gruyère, en prévision de l’hiver à venir.
     
    – Si la disette s’installe, tu y trouveras ton compte, mon gars, et tu me remercieras. Et puis ne vends pas trop de vin des dernières saisons. Garde-le en tonneau. Si la vendange est mauvaise, les cours monteront à Genève et à Soleure.
     
    M. Métaz suivait souvent les avis du vieux vigneron. Il fit construire deux nouveaux greniers et engrangea du grain en même temps qu’il détachait une équipe de carriers pour participer à la démolition de l’ancienne douane, située à l’entrée de la rue du Sauveur, tout près de sa maison. Quand le service des péages fut transporté de l’autre côté de la place du Marché, dans l’ancienne demeure de Jacques-Philibert d’Herwart, Guillaume fournit les matériaux nécessaires à la construction d’une fontaine, surmontée d’un obélisque, offerte à sa ville natale par M. Vincent Perdonnet, qui avait fait fortune comme agent de change à Paris.
     
    Une autre menace, moins publique mais tout aussi réelle, pesait plus particulièrement sur le canton de Vaud. La défaite de la France, rendue aux royalistes, et la fondation d’une Sainte-Alliance, sorte de pacte pseudo-mystique, véritable instrument de répression antirévolutionnaire à l’échelle de l’Europe, conduisaient bonapartistes et anciens conventionnels à se réfugier en Suisse. Les souverains alliés, le tsar Alexandre I er , l’empereur d’Autriche et le roi de Prusse, se posant en défenseurs intransigeants de la foi et de la monarchie, exigeaient de la Chancellerie fédérale que les autorités cantonales recherchent, arrêtent, expulsent les proscrits.
     
    La Diète helvétique avait aussitôt signifié aux cantons qu’ils ne devaient souffrir sur le territoire suisse aucune des personnes qui ont conspiré contre Sa Majesté Très Chrétienne Louis        XVIII. Tout en accueillant avec respect les consignes fédérales et les admonestations des ambassadeurs étrangers, dont le Français, Auguste de Talleyrand, n’était pas le moins exigeant, les dirigeants du canton de Vaud ne manifestaient aucun empressement pour agir contre les « indésirables ». Eussent-ils donné des ordres propres à satisfaire Metternich et les réactionnaires, que les gendarmes vaudois, soutenus par la population, se seraient empressés de prévenir les gens menacés, voire de les cacher ou d’organiser leur fuite !
     
    La seule satisfaction accordée aux nouveaux maîtres de la France par les autorités de Genève, moins bien disposées que les vaudoises à l’égard des Français, avait été l’obligation pour Hortense, fille de la défunte Joséphine, devenue duchesse de Saint-Leu par la grâce de Louis XVIII, sous la première restauration, d’avoir à quitter le château de Pregny, hérité de sa mère. Ce domaine genevois était jugé trop proche de la frontière française !
     
    Hortense, à qui les dames de Vevey avaient rendu visite pendant son séjour en Suisse, en 1815, résidait à Constance, dans une maison sans confort, avec son plus jeune fils, Louis Napoléon 3 , âgé de huit ans. Son fils aîné, le prince Napoléon Louis, avait rejoint son père, l’ex-roi de Hollande, à Rome.
     
    Si les dames de Vevey s’entretenaient avec sympathie de celle qu’elles nommaient toujours la reine Hortense, elles se montraient plus sévères pour l’ex-impératrice Marie-Louise. Les journaux ayant rapporté que la duchesse de Parme s’était enfin décidée à visiter son duché – où elle était arrivée le 19 avril sans son fils, le roi de Rome, mais avec M. Neipperg – les commentaires allaient bon train dans le cercle des Métaz. Flora, qui recevait souvent des journaux italiens, raconta que Marion avait entendu, à Parme, les gens crier sur son passage : «  Viva Napoleone il Grande e sua felice sposa . »
     
    – La place d’une femme est auprès de son mari quand il est dans le malheur. Elle devrait donc se trouver à Sainte-Hélène, pour partager la captivité de Napoléon, comme elle a partagé autrefois ses privilèges, commenta Guillaume.
     
    – Elle devrait aussi y emmener leur fils. Au lieu de cela, elle s’en va danser en Italie et laisse son enfant aux mains des Autrichiens, qui sont toujours les ennemis des

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