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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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mais la raison pour laquelle Silano
désirait m’y rencontrer m’échappait
totalement. La meilleure explication ? Un nouveau piège
qu’il me tendait, mais la tentation était assez forte,
entre la femme et la traduction du livre, pour que je n’y
résiste point.
    J’avais
avec moi mon nouveau guide, Abdul, que ma demande de modifier sa
voile avait achevé de convaincre du dérèglement
cérébral des gens de ma race. Je lui avais demandé,
aussi, de garder le silence sur cette modification, au prix de
quelques pièces supplémentaires. Puis nous étions
passés de la mer bleue à l’eau d’un brun
opaque du grand fleuve africain.
    Une
patrouille française nous interpella, mais Silano avait donné
les instructions nécessaires pour qu’on me laissât
entrer. Le lieutenant du chebek reconnut mon nom  – mes
allées et venues m’avaient procuré une certaine
notoriété  – et m’invita à son
bord, mais je lui dis que je préférais le suivre dans
ma propre embarcation.
    Il
consulta son papier.
    « J’ai
l’ordre, monsieur, de confisquer vos bagages jusqu’à
votre rencontre avec le comte Silano. C’est nécessaire,
m’a-t-il dit, pour la sécurité de l’État.
    —  Mes
tribulations m’ayant laissé sans amis et sans un sou ,
mes bagages se réduisent à ce que j’ai sur moi.
Vous ne voulez sûrement pas que j’arrive tout nu ?
    —  Il
y a cette sacoche que vous portez sur l’épaule.
    —  Naturellement. »
    Je
la tins à bout de bras, par-dessus le bastingage.
    « Elle
est lourde parce que lestée d’une assez grosse pierre.
Si vous tentez de saisir mon maigre bien, lieutenant, je le laisse
tomber dans le Nil. Dans ce cas, je puis vous assurer que le comte
Silano vous fera passer en cour martiale et jeter un sort
particulièrement inconfortable. Je suis ici de ma propre
volonté, citoyen américain dans une colonie française.
    —  Vous
avez également un fusil.
    —  Qui
ne tirera sur personne à moins qu’on n’essaie de
me le prendre. Le dernier homme qui l’a tenté est mort.
Faites-moi confiance, Silano approuvera. »
    Il
grommela en se reportant à son papier, mais comme j’avais
le fusil d’une main, la sacoche de l’autre ostensiblement
suspendue au-dessus de l’eau, toute confiscation par la force
devenait hasardeuse. Finalement, l’un précédant
l’autre comme un grand frère, on mit le cap sur Rosette,
petite ville fermière entourée de palmiers du delta du
Nil, tout en brique brune à l’exception de sa mosquée
et de son minaret en pierre à chaux blanche.
    Je
laissai des instructions au capitaine de ma felouque et cheminai dans
des rues sinueuses jusqu’à une bâtisse en cours de
construction nommée fort Julien, sur laquelle flottait le
drapeau tricolore. Une troupe de gosses curieux m’avait suivi
jusque-là, qui furent arrêtés à l’entrée
du fort par un factionnaire à grosse moustache, coiffé
d’un bicorne. L’expression écœurée
des soldats que je croisai me confirma que ma notoriété
m’avait précédé dans la ville.
L’inoffensif électricien était devenu une sorte
de compromis entre nuisance et menace. Visiblement, ils avaient
entendu parler de ma chaîne.
    « Vous
ne pouvez pas entrer avec un fusil.
    —  Alors,
je n’entre pas. Je suis ici sur invitation, pas sur ordre.
    —  On
va vous le garder.
    —  Hélas !
vous autres Français avez coutume d’emprunter sans
jamais rendre.
    —  Le
comte n’y verra aucune objection », intervint une
voix féminine.
    Surgie
d’un renfoncement, Astiza portait une robe longue et l’écharpe
qui recouvrait ses cheveux, nouée sous son menton, donnait à
son joli visage l’apparence d’un radieux clair de lune.
    « Ce
monsieur qui vient en consultation est un savant, pas un espion ! »
    Apparemment,
elle aussi, comme Silano, disposait d’une certaine autorité.
À contrecœur, les soldats m’ouvrirent la porte de
la cour, qu’ils refermèrent aussitôt derrière
nous. Des baraquements de bois, sur assise de pierre, s’alignaient
le long des murs du fortin carré.
    « Je
lui avais dit que tu viendrais. »
    Le
soleil écrasait le terrain d’exercice et le parfum
d’Astiza, épices et fleurs, m’étourdissait.
    « Viendrait
et repartirait avec toi !
    —  Pas
d’illusions, Ethan, fusil ou pas, nous sommes tous les deux
prisonniers. Une fois de plus, il faut que nous improvisions un
compromis avec Alessandro. »
    Elle
désignait, d’un signe de tête,

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