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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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aussi, pas vrai ?
Vous vous souvenez de moi, sur la scène de Toulon ?
Pierre Najac, à votre service !
    —  Je
me souviens parfaitement de vous. Un voleur déguisé en
inspecteur des douanes. Najac serait donc votre véritable
nom ?
    —  Assez
vrai pour les besoins de la cause. Qu’est-il arrivé à
vos amis, monsieur ? » Je me relevai lentement.
« Déçus par une partie de cartes. »

10
    J e
compris que j’étais en enfer lorsque Najac tint à
me montrer la blessure que lui avait infligée ma balle,
l’année précédente, rouge et mal
cicatrisée sur un torse qui n’avait pas dû voir le
savon ou une serviette de toilette depuis des semaines. Le petit
cratère se trouvait à quelques centimètres
au-dessous de son sein gauche et dirigé vers son flanc, preuve
que mon précédent long rifle était moins précis
que je ne le supposais. Maintenant, de surcroît, je savais
qu’il puait comme un bouc.
    « Une
côte cassée, précisa-t-il. Imaginez ma joie quand
j’ai su, après ma convalescence, que vous étiez
toujours en vie, et que ma nouvelle mission consistait à vous
retrouver. Vous avez été assez stupide pour faire
rechercher des renseignements en Égypte. Ici, nous sommes
tombés sur un vieux fou qui prétendait avoir rencontré
un Franc en possession des anges en or de Satan ! Nous avons su
le faire parler. Plus longue est l’attente, meilleure est la
vengeance, vous ne croyez pas ?
    —  Je
vous le dirai quand je vous aurai tué. »
    Il
éclata de rire et me frappa du pied, à la tête,
si fort que je vis trente-six chandelles. Chevilles et poings liés,
je m’écroulai près du feu, et c’est le
commencement d’incendie d’une partie de mes vêtements
qui me rendit la force de m’éloigner des flammes. Tous
s’en amusèrent franchement, mais j’ai toujours
aimé occuper le centre de la scène…
    Ma
brûlure m’occasionnait une fièvre de cheval.
C’était au lendemain du départ de Jérusalem.
Seules la souffrance et la peur me gardaient conscient de ce qui se
passait. J’étais épuisé, j’avais mal
et ma solitude était effroyable. La bande de tortionnaires
sous les ordres de Najac se composait d’une dizaine de membres,
une moitié de Français, l’autre de Bédouins
dépenaillés, la lie d’Arabie, tous plus affreux
que des crapauds.
    Manquait
le Français que j’avais poignardé en défendant
Miriam. J’espérais ne pas l’avoir raté, ce
serait un signe que j’avais progressé dans l’art
d’éliminer mes adversaires. Mais lui aussi était
peut-être en convalescence et reviendrait, une fois guéri,
pour me régler mon compte.
    La
découverte que je n’avais rien de précieux sur
moi n’avait pas amélioré l’humeur
revancharde de Najac. J’avais confié mes séraphins
à Miriam et constaté, à cette occasion, que
quelqu’un, probablement Ned ou Tom, m’avait soulagé
de mon escarcelle. Et mes affirmations réitérées
que je n’avais trouvé sous la terre rien de plus qu’en
Égypte ne convainquaient personne.
    Qu’est-ce
que j’y foutais, sous la terre, s’il n’y avait rien
à y récolter ?
    Ma
réponse : voir la racine du monde par en dessous.
    Alors,
ils recommençaient à me frapper, mais hésitaient
toujours à m’achever. Les musulmans s’étaient
répandus dans le sous-sol du mont, intrigués, sans
doute, par les motifs de notre propre intrusion. La clique
franco-arabe ne pouvait repartir pour l’instant, et j’étais
le seul indice dont ils disposaient.
    « Je
te rôtirais sans plus attendre, grinçait Najac, si
Bonaparte et mon maître ne te voulaient vivant. »
    Il
permettait aux Arabes de se distraire un peu en se servant de leurs
dagues pour me projeter des tisons sur les bras et les jambes, puis
en se réjouissant de me voir me rouler par terre pour les
éviter. Je crierais plus tard, quand j’en aurais le
temps et la force…
    Je
me réfugiais dans une semi-inconscience noire jusqu’à
la ration journalière d’eau et de pois chiches.
    Et
puis on s’achemina vers la plaine côtière, où
montaient des colonnes de fumée.
    L’armée
française n’était plus très loin.
    *
* *
    En
dépit de ma captivité, j’eus la curieuse
impression de rentrer chez moi lorsque nous atteignîmes le camp
de Napoléon. J’avais marché avec Bonaparte et
rejoint la division de Desaix à Dendérah. Maintenant,
je retrouvais, cantonnés dans des tentes blanches sous les
murs de Jaffa, les uniformes européens. Je retrouvais

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