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Hiéroglyphes

Titel: Hiéroglyphes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Dietrich
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nous servir. On en aura plus que
Bonaparte, et on va en installer une batterie à la porte
Territoriale, où les deux murs se rejoignent. Mais c’est
sur la grosse tour d’angle que les assaillants vont se casser
les dents. C’est la plus éloignée du soutien de
notre artillerie navale, mais c’est aussi le point le plus fort
de l’enceinte. Le point et le poing de la cité d’Acre,
avec un g, et
notre arme secrète est un homme qui hait Boney encore plus que
nous tous.
    —  Djezzar-le-Boucher ?
    —  Non.
Je parle du condisciple de Napoléon à l’École
royale militaire de Paris. Louis-Edmond Antoine Le Picard de
Phélippeaux y partageait un bureau avec le bandit corse et,
croyez-le ou non, le provincial et l’aristocrate se battaient à
coups de pied jusqu’à s’en faire mutuellement les
jambes bleues ! C’était toujours Phélippeaux
qui battait Bonaparte, lors des examens, Phélippeaux qui
obtenait les meilleures notes, les meilleurs prix, et les missions
stratégiques les plus flatteuses. Mais il était
royaliste, et si la Révolution ne l’avait pas chassé
de France, c’est lui qui aurait été le supérieur
de Napoléon. Il est revenu clandestinement en France l’année
dernière, à temps pour me sortir de la prison du Temple
en se faisant passer pour un haut fonctionnaire de police chargé
de me transférer dans un autre établissement
pénitentiaire. Il n’a jamais perdu contre Napoléon
et ne perdra pas non plus cette fois-ci. Venez que je vous le
présente. »
    Le
repaire de Djezzar ressemblait moins à un palais qu’à
une Bastille transplantée. La bâtisse remontant aux
croisades avait été largement pourvue de meurtrières,
car une bonne moitié des précautions prises par Djezzar
l’étaient contre son peuple, pas contre les Français.
Carrée, indestructible, la forteresse n’était pas
moins implacable que la poigne du tyran qui l’habitait.
    « Il
y a une armurerie au sous-sol, une caserne au rez-de-chaussée,
des bureaux administratifs au premier, le palais proprement dit de
Djezzar encore au-dessus et le harem tout là-haut. »
    Smith
désignait le dernier étage aux fenêtres joliment
grillagées comme une cage réservée à de
beaux oiseaux. Des hirondelles voletaient, d’ailleurs, entre
ces fenêtres et les palmiers du jardin. Ayant forcé
l’entrée d’un harem en Égypte, je n’avais
aucune envie de visiter celui-ci. Ces femmes cloîtrées
me faisaient presque peur.
    Après
les gigantesques sentinelles ottomanes, on passa le lourd battant de
bois bardé de fer qui défendait l’entrée
de la tour. Au sortir de la lumière éclatante du
levant, le hall d’entrée ressemblait à un donjon.
Ce niveau, occupé par les gardes loyalistes de Djezzar, était
d’un strict dépouillement cent pour cent militaire. Les
soldats, qui nettoyaient des mousquets ou affûtaient des armes
blanches au sein de la pénombre, nous regardèrent
traverser leur domaine aussi joyeusement que l’aurait fait une
assemblée de croque-morts. Puis on entendit des pas énergiques
descendre du dessus, précédant l’apparition d’un
mince personnage vêtu d’un uniforme blanc usagé et
taché du temps des Bourbons, qui ne pouvait être que
Phélippeaux.
    Il
était nettement plus grand que Napoléon et se déplaçait
avec l’élégance un peu languide des gens de haute
naissance. Il nous dédia une révérence
cérémonielle, son sourire et son regard sombre semblant
simultanément mesurer toute chose avec la précision
d’un artilleur.
    « Monsieur
Gage, on m’a dit que vous aviez sauvé notre belle cité.
    —  N’exagérons
rien.
    —  Non,
non, les canons français dont vous avez permis la capture vont
être d’une importance cruciale, je vous assure. Et,
ironie de la situation, grâce à un Américain !
Nous sommes La Fayette et Washington. Quelle coalition internationale
nous représentons ici ! Un Anglais, un Français,
un Américain. Et puis des mamelouks, des juifs, des Ottomans,
des maronites. Tous unis contre mon ex-camarade de classe !
    —  Vous
êtes vraiment allés à l’école
ensemble ?
    —  Il
copiait sur moi ! Venez, nous allons le regarder de loin. »
    Je
le trouvais déjà formidablement sympathique. Il nous
précéda dans un escalier en colimaçon jusqu’à
revenir au toit du château de Djezzar. Quelle vue magnifique !
Après les pluies des jours précédents, le
lointain mont du Carmel resplendissait en travers de la baie. Plus
près de

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