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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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manqué leur coup,
s’enfermèrent dans Ancenis, qui appartenait au maréchal de Rieux.
Landais revint auprès du duc et reprit toute son autorité. Il fit
entendre à son maître que l’intention des conjurés avait été de
s’emparer de sa personne, et de l’emmener avec sa femme et ses
filles à Ancenis, puis en France, et de disposer ensuite du duché
au gré du roi. Ainsi prévenu, François rendit un arrêt par lequel
il déclara tous les biens des conspirateurs confisqués, défendit à
tous ses sujets de leur donner aucun secours, leur ordonna de
saisir au corps tous ceux d’entre eux qui se trouveraient dans le
pays, afin qu’ils fussent rigoureusement punis, comme rebelles et
criminels d’État (1484).
    Louis XI n’était plus. Charles VIII,
encore enfant, venait de lui succéder, sous la tutelle de la
duchesse de Beaujeu, sa sœur. Les seigneurs exilés lui demandèrent
une sauvegarde ; elle la leur accorda, en exigeant qu’ils
reconnussent qu’après la mort de François II, le duché de
Bretagne appartiendrait aux rois de France, en vertu de la cession
faite à Louis XI par Nicole de Bretagne, la dernière des
Blois-Penthièvre. Ce traité fut signé à Montargis, au nom des
proscrits, par le prince d’Orange, le maréchal de Rieux, du
Perrier, Villeblanche et le Bouteiller. Landais, voulant opposer
intrigue à intrigue, promit alors au duc d’Orléans (depuis
Louis XII) la main d’Anne, héritière de la Bretagne, à peine
âgée de huit ans, et l’attira à la cour de François II, où il
essaya de capter sa confiance ; mais
M me  de Beaujeu força le duc d’Orléans de
revenir près d’elle, et lui fit déclarer par écrit qu’il ne
prétendait nullement épouser la fille du duc François, qu’elle
réservait à Charles VIII.
    Landais, enfin, se proposa d’écraser d’un seul
coup les seigneurs exilés. Il leur fit déclarer la guerre par
François II, et mit le sire de Coëtquen à la tête de l’armée,
qu’il chargea de s’emparer de leurs places. Mais quand les
adversaires furent en présence, il s’établit nécessairement des
rapports entre les membres des mêmes familles, prêts à
s’entr’égorger ; et au moment où toute la Bretagne s’attendait
à un combat sanglant, on apprit que les deux armées s’étaient
réunies et n’en formaient plus qu’une, déterminée à hâter la perte
de Landais, auteur des troubles et des malheurs du pays. Le
ministre ne parut point alarmé de cette fatale jonction, qui
augmentait le nombre de ses ennemis ; il n’en fut que plus
animé à la vengeance. Il fit dresser des lettres patentes au nom du
duc, par lesquelles on déclarait criminels d’État tous ceux de
l’armée de François II qui s’étaient joints aux rebelles, et
tous leurs biens confisqués. Il envoya aussi ces lettres au
chancelier, avec ordre de les sceller, le chancelier s’y refusa. En
même temps tous les seigneurs ligués députaient vers le chancelier
pour le sommer de faire arrêter Landais et d’instruire son procès.
Le chancelier, mécontent du ministre, à qui cependant il était
redevable de son élévation, entra dans le projet des seigneurs, qui
lui promirent de le soutenir. Il fit faire des informations
secrètement et à la hâte, et donna aussitôt un décret de prise de
corps contre Landais. Ce coup hardi de la part du chef de la
justice, remua les esprits populaires ; la foule courut au
château pour voir l’effet du décret porté contre un ministre
également détesté du peuple et de la noblesse. Landais commença à
trembler ; tant de seigneurs armés, et cette foule de peuple
assemblé autour du château qui semblait demander l’exécution du
décret, ne lui laissaient plus d’autre ressource que l’autorité du
duc, dont la protection le rassurait faiblement. Dans
l’impossibilité de s’évader, il alla se réfugier dans la chambre de
ce prince, ne croyant pas qu’on osât violer cet asile.
    Le duc, effrayé lui-même, envoya le comte de
Foix, son beau-frère, pour parler au peuple et l’exhorter à se
retirer ; mais il ne put percer la foule, et il la trouva si
furieuse, qu’il n’osa ouvrir la bouche. Il revint trouver le duc et
lui dit : « Monseigneur, je vous jure Dieu que j’aimerais
mieux être prince d’un million de sangliers que de tel peuple que
sont vos Bretons. Il faut de nécessité livrer votre
trésorier ; autrement nous sommes tous en danger. » Alors
le chancelier entra, suivi de

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