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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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aussi
infructueuse. Le 1 er janvier 1789, la noblesse dépêche
un courrier au roi ; durant sept jours, le tiers persiste dans
ses sommations. Des violences allaient se produire, quand le 9,
arrive un arrêt du conseil d’État qui enjoint à l’assemblée de se
dissoudre sur-le-champ, et aux députés du tiers d’aller renouveler
leurs pouvoirs, chacun dans sa ville. Ceux-ci obéissent et quittent
la salle en silence ; mais la noblesse demeure et se déclare
en permanence.
    Cependant les communautés s’assemblaient,
suivant l’ordonnance royale, pour renouveler les pouvoirs de leurs
députés. Le parlement, déjà suspect, se vit alors enveloppé dans
l’impopularité de la noblesse, pour être venu à son aide eu
interdisant les assemblées électorales, qui, en dépit de ses
injonctions, furent plus nombreuses qu’auparavant. Enfin, des
insultes on en vint aux coups. – Ici nous nous abstiendrons de
donner des détails ; la partialité des historiens, tous du
tiers, doit nous faire suspecter l’authenticité des faits
rapportés. On peut penser qu’un malentendu fut la seule cause d’un
mouvement où sans doute le sang fut versé, sans qu’on sache qui
commença l’attaque.
    Tandis que le tiers état triomphait en
Bretagne, il en était encore en France à préparer ses armes.
L’élection des députés aux états généraux n’était pas même entamée.
C’est donc la bourgeoisie bretonne qui a commencé la révolution de
1789, révolution préparée pendant un siècle par la noblesse et le
parlement breton. Noblesse et parlement avaient déconsidéré la
monarchie ; le tiers frappa de mort l’aristocratie : la
démocratie pouvait désormais marcher sans obstacles.
    Le plus éloquent champion du tiers était
Volney, le futur auteur des
Ruines,
qui fondait à Rennes
sa réputation, si exagérée depuis. Enfermé seul incognito avec une
presse, il rédigeait et imprimait
la Sentinelle
du
Peuple,
dans laquelle il injuriait d’une manière sanglante la
noblesse. Averti qu’on devait le saisir, il se réfugia dans le
château délabré de Maurepas, que la foule disait hanté par des
revenants. Volney s’y retira avec sa presse ; la nuit il
rédigeait et imprimait sa feuille, que chaque matin une laitière
philosophe portait à la ville, où nobles et bourgeois s’en
disputaient la lecture.
    La révolution était née en Bretagne ; et
plus qu’ailleurs elle devait y produire des horreurs, mais aussi
des dévouements sublimes. Il nous reste à raconter l’histoire de
ces temps désastreux où le pays, abandonné à lui-même, sembla près
de s’abîmer pour toujours, jusqu’au moment où, par un miracle de la
Providence, la tempête furieuse se calma, pour faire place à des
temps, sinon glorieux comme ceux du passé, du moins tranquilles
comme la paix des tombeaux.

Partie 5

CHAPITRE XIV
    La Bretagne pendant la révolution française. – Depuis
les états généraux de France jusqu’aux préliminaires des guerres de
la Vendée.

(1789 – 1793)
    Le résultat des états généraux de France, la
rupture des trois ordres qui les composaient, le serment du Jeu de
Paume et la prise de la Bastille, eurent un immense retentissement
dans toutes les provinces et surtout en Bretagne, en ce pays qui
avait devancé la France dans la voie des révolutions.
    À la première nouvelle de la prise de la
Bastille, annoncée ainsi par un Parisien à un Nantais :
« Vous aviez juré la vengeance, nous l’exécutons ; »
à cette nouvelle, le délire bourgeois fut à son comble. Les
moindres bicoques regardèrent avec indignation leurs forteresses,
et se demandèrent s’il ne fallait point aussi les abattre : la
célèbre Quiquengrogne de Saint-Malo et le vieux château de Nantes
faillirent tomber du contrecoup. Quelques jours après, les
volontaires nationaux furent organisés dans toutes les villes
bretonnes. Les comités de sûreté générale, absorbant à la fois les
communes et les tribunaux, s’arrogèrent sur-le-champ les pouvoirs
dont ils devaient si cruellement abuser : police intérieure et
extérieure des villes, faculté de poursuivre les délits publics et
disposition de la force armée. Ils exigèrent des citoyens le
serment civique, emportant adhésion à tous les actes de l’Assemblée
nationale, et ils regardèrent comme suspects ceux qui refusaient de
le prêter.
    En présence de l’élan révolutionnaire des
villes, voyons ce que devenaient les châteaux et les

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