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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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féodaux qui décoraient les balcons et
les portes des nobles hôtels, et dansèrent alentour aux cris
de : Vive la nation ! vivent les fédérés !
« Toutes les haines qui déchirent la France vont s’apaiser au
souvenir de cette cérémonie ! » disaient les
administrateurs du département. Cette cérémonie justement inaugura
les saturnales qui allaient ensanglanter la France.
    Le 19 décembre 1789, l’Assemblée nationale,
arrivée au bord de l’abîme de la banqueroute en passant par le
déficit, avait déclaré, sur la proposition de Talleyrand, que le
clergé n’était pas propriétaire, mais administrateur des biens par
lui possédés ; que la nation, dont il les tenait, pouvait les
lui reprendre en se chargeant des frais du culte. C’était supprimer
en masse le premier ordre de l’État, et violer la propriété dans ce
qu’elle avait de plus sacré et de plus légitime ; disons plus,
c’était frapper de mort la religion en faisant du prêtre catholique
l’instrument salarié du pouvoir temporel : le clergé protesta
vivement dès l’origine. À peine fut-il dépouillé, qu’au lieu de
l’indépendance qu’on lui promettait en échange de sa ruine
matérielle, on entreprit de l’asservir. L’Assemblée nationale
acheva de se perdre vis-à-vis des cœurs chrétiens et honnêtes en
votant la constitution civile du clergé. Les mêmes législateurs qui
avaient déclaré que leur œuvre, basée sur l’égalité évangélique,
réaliserait la parole de Jésus-Christ, refusèrent de reconnaître le
catholicisme comme religion de l’État. Enfin l’Assemblée nationale
mit le comble à ses fautes en exigeant du clergé le serment à sa
nouvelle constitution. La double liste des prêtres assermentés et
non assermentés préludait dignement à la future loi des suspects.
On vit dès lors dans tout le royaume deux clergés : l’un
réfractaire, vertueux et croyant ; l’autre constitutionnel,
scandaleux et impie. Derrière ce dernier se rangea la populace
égarée des villes, Regardant comme des ennemis de ses libertés les
prêtres qui défendaient la plus sacrée de toutes les libertés. C’en
était fait du catholicisme en France, s’il n’eût trouvé dans
l’Ouest un port de salut, si les paysans bretons et vendéens ne se
fussent levés autour des derniers ministres de Jésus-Christ. Avant
de dire les exploits de leur insurrection, disons les épreuves
auxquelles on soumit leur patience. – D’abord en Bretagne, plus que
partout ailleurs, la constitution civile et le serment du clergé
furent une persécution aussi gratuite qu’absurde, attendu que les
prêtres bretons n’avaient rien fait pour la provoquer. Depuis
longtemps déjà, la révolution mettait le clergé dans une position
intolérable. « Elle lui criait : Ne vous occupez pas des
intérêts temporels, enfermez-vous dans l’Église. » Puis, au
premier embarras elle allait lui dire : « Aidez-nous à
rétablir l’ordre dans nos affaires. Quittez le sanctuaire pour la
rue. » Quoi qu’il put faire, le clergé devint suspect aux
révolutionnaires : les soi-disant inventeurs de la tolérance
religieuse organisèrent contre le prêtre la plus odieuse
intolérance politique. Si l’on compare la résistance du clergé de
l’Ouest aux violences de ses ennemis, ceux-ci ne sont-ils pas de
vrais persécuteurs, et ceux-là de véritables martyrs ?
    Le nombre des prêtres qui refusèrent le
serment fut immense : les villes s’étourdirent sur ce fait
très-significatif : mais les paysans, dans leur bon sens, né
de leur foi, se rallièrent autour des courageux ministres de Celui
sans qui rien n’est stable, fort, ni honnête ici-bas. Pour remplir
les nombreuses lacunes dans les cadres du clergé, les communes
furent appelées à élire des évêques et des curés. Le ridicule
s’unit à la violence dans ces intronisations soutenues par les
baïonnettes ; et quand les nouveaux pasteurs furent installés,
il se trouva qu’il leur manquait les premiers éléments d’un
troupeau. Les couvents, qui ne voulurent point recevoir, on le
conçoit bien, les visites de ces intrus, se virent l’objet de
menaces, d’insultes et d’outrages horribles ; la populace en
délire brisa les portes de diverses maisons religieuses, et
fustigea des communautés entières de bonnes et charitables sœurs.
Des scènes analogues affligèrent les cinq départements bretons, où
pas un évêque ne consentit à prêter le

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