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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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organisé
un comité royaliste animé de son ardent esprit. Il enveloppa ainsi
non-seulement les cités, mais les villages des Côtes-du-Nord,
d’Ille-et-Vilaine et du Morbihan, dans une organisation secrète
aussi vigoureuse que la constitution révolutionnaire. La Rouërie ne
mit réellement dans son secret que Tinténiac, Fontevieux, le major
américain Chaffner et Thérèse Lemoëlien, sa parente.
    Le 2 mars 1792, les princes confèrent à La
Rouërie des pouvoirs illimités ; ces pouvoirs, signés des
comtes de Provence et d’Artois, enjoignent enfin aux gentilshommes
de ne pas augmenter l’émigration, leurs services étant plus
importants au dedans qu’au dehors ;
recommandation
tardive, malheureusement accompagnée d’une menace des puissance
européennes. La Rouërie convoque aussitôt à son manoir tous les
chefs de son association. Prévenus par des espions, les gardes
nationaux de Saint-Malo et de Saint-Servan surprennent l’assemblée
au milieu de la nuit ; mais, averti lui-même par sa
contre-police, La Rouërie disparaît avec ses amis dans un
souterrain, et les soldats ne trouvent que des domestiques couchés
dans leurs lits. Le conspirateur ajourne alors l’insurrection pour
y associer le peuple des campagnes ; mais il n’a pas le temps
d’arrêter plusieurs agents subalternes, tels que Charles Elliot et
René Malœuvre, qui tombent avec quarante autres au pouvoir des
patriotes, et périssent sans trahir le secret de La Rouërie.
Celui-ci reprend ses excursions de ville en ville et de château en
château, et continue de grossir et d’organiser son parti en y
rattachant les mécontents de toutes les classes. En basse Bretagne,
il enrôle des légions de mendiants, argus infaillibles et
missionnaires insaisissables, hôtes et confidents de tous les
ménages, au moyen desquels, se trouvant partout sans se déplacer,
il voit et entend tout ce qui se dit et se fait chez ses amis ou
ses ennemis, et prêche la contre-révolution partout. Au pays du
Mans, en attendant les soldats que les mendiants lui recrutent, il
trouve des soldats tout prêts dans les contrebandiers du sel,
aguerris de père en fils à tous les dangers. Trente mille familles
du Maine, d’ailleurs très-honnêtes, vivaient de cette lutte
éternelle. C’était l’état des quatre frères Cottereau, types de
chouans que nous allons bientôt voir à l’œuvre. Enfin, du même
coup, La Rouërie gagne les employés de la gabelle eux-mêmes, que
les dernières réformes ont laissés sans ressource et sans pain.
    Cependant le 10 août a sonné, et, il faut
l’avouer à la honte des villes bretonnes, les héros de cette
journée néfaste ont été les fédérés de Brest, de Morlaix, de
Quimper, etc., qui égalèrent, s’ils ne surpassèrent les féroces
Marseillais.
Le lendemain Louis XVI était emprisonné
avec toute sa famille, et pendant quarante jours la France demeura
sans pouvoirs et sans lois, menacée à l’extérieur par toute
l’Europe armée contre elle, et dominée à l’intérieur par les
forcenés de la commune de Paris qui criaient déjà :
La
liberté ou la mort !
Pendant ces quarante jours, les
jacobins plantaient partout des arbres de la liberté, se jetaient
le sabre au poing dans toutes les maisons suspectes d’incivisme, et
envoyaient aux quatre-vingt-trois départements le nouvel et suprême
instrument de leur justice, la guillotine ! Alors commence la
sanglante trilogie qui se résume dans les noms de
Danton,
Robespierre
et
Marat.
    À partir de ce moment, on sévit plus que
jamais contre les prêtres insermentés ; on les força d’opter
entre l’exil et la prison. On offrit trente-deux livres par tête à
quiconque les amènerait au district. Il s’en trouva bientôt une
multitude entassée dans le château de Nantes, où, sans compter ceux
du pays, Maine-et-Loire en envoya trois cents, et la Sarthe cent
soixante-huit. Enfin parut la loi qui ordonnait leur déportation en
masse (26 août 1792). Trois jours auparavant, l’expropriation des
émigrés avait été décrétée par l’Assemblée législative :
Royon-Guermeur arrive en poste à Quimper pour opérer, disait-il, la
levée en masse des patriotes et la vente des biens d’émigrés. Déjà
le nouveau ministre de la justice, Danton, frappait à coups
redoublés sur la France monarchique et religieuse, et
particulièrement sur les provinces de l’Ouest. Visites
domiciliaires, ventes des biens nationaux, arrestation des
suspects, se

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