Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
Vom Netzwerk:
respect.
    Hâtons-nous de dire que la plupart des nobles
familles vendéennes ont conservé ces habitudes patriarcales.
    Cette fraternité profonde avait trois racines
également sacrées : la religion, l’éducation et le
patriotisme. Beaucoup de citadins, surtout dans le Bocage,
prenaient part avec les paysans aux chasses des nobles, le seul
luxe de ces derniers. Cette fraternité dans un plaisir qui efface
si facilement toutes les distances, eut les plus heureux résultats
lors des guerres vendéennes ; aussi verrons-nous un grand
nombre de bourgeois parmi les officiers de l’armée de
l’insurrection. Et si d’autres, adoptant la révolution qui les
élevait à l’aristocratie, firent une guerre énergique aux ennemis
de la République, presque tous les épargnèrent ou les sauvèrent
quand l’occasion s’en présenta. L’ennemi du bourgeois vendéen était
plutôt le paysan que le gentilhomme. Le villageois se faisait un
jeu de
gouailler,
selon son expression, ou même de vexer
tout parvenu qui se donnait des airs de grand seigneur. Aussi ces
deux classes furent les plus acharnées l’une contre l’autre pendant
la Révolution.
    En 1793, on ne voyait en Vendée ni un mendiant
ni un aubergiste, ce double fléau des campagnes. Celui qui n’avait
ni feu ni lieu n’avait qu’à entrer à la première ferme venue ;
il y trouvait du travail, un gîte et du pain. Ainsi du voyageur,
quelle que fût sa condition : l’hospitalité l’attendait et
l’hébergeait de porte en porte, d’un bout à l’autre de la Vendée.
Presque tous les traités se faisaient de vive voix, sans notaire ni
papier, et se gardaient religieusement sur parole pendant une suite
de générations. On savait à peine ce que c’était qu’un voleur dans
le pays. La confiance générale était telle, que les maisons
restaient ouvertes tout le jour et se fermaient à peine durant la
nuit.
    Nous nous arrêtons à regret, et nous pensons
ne pouvoir mieux terminer ces aperçus, que nous empruntons aux
historiens de la Vendée, qu’en laissant tracer à la plume de
M. Crétineau-Joly un parallèle fort juste entre le caractère
des Bretons et celui des Vendéens.
    « Autant le Breton est âpre, emporté et
tenace dans ses idées, autant le Vendéen a de douceur et d’aménité
dans le caractère. Façonnés de longue main aux tourmentes des
guerres civiles, les enfants de l’Armorique ont tous encore dans la
tête et dans le cœur un peu de ces instincts belliqueux qui
caractérisaient leurs grands hommes… Habitants d’un pays plus riant
et plus tranquille, les Angevins et les Poitevins n’avaient pas les
mêmes mœurs. Tout était contraste en eux, tout, jusqu’à la
bravoure, ne procédant pas des mêmes causes, ne produisant pas les
mêmes résultats. Plus expansifs, plus joyeux, même à travers ce
fonds de tristesse qui caractérise l’habitant du Bocage, les
paysans de l’Anjou et du Poitou n’avaient jamais été nourris de
cette passion militaire qui acclimata chez les Bretons la sombre
énergie dont ils donnèrent tant de preuves. Les guerres de
succession, de religion ou d’envahissement ont bien aussi passé sur
la tête de leurs ancêtres ; mais ces guerres n’ont laissé
aucun fiel dans les cœurs, aucune trace sur ces dernières
provinces. Après la victoire ou la défaite, les paysans ont repris
leurs travaux de la semaine, leurs plaisirs du dimanche, comme si
rien n’avait troublé les simples félicités de leur vie et les joies
de la famille… Les Vendéens de 1793 ne savaient des choses et des
hommes que ce qu’ils en apprenaient au prône de leurs curés. Ils
pratiquaient avec simplicité toutes le vertus chrétiennes, et ne se
doutaient guère qu’ailleurs il en pût être autrement. Aussi ces
hommes encore primitifs ne comprirent rien aux passions que 1789
avait fait déborder. »
    Mais il est temps de dire au lecteur les
causes véritables de l’insurrection vendéenne, cette guerre de
géants, comme l’appelait Napoléon dans son admiration.
    Le complot de la Rouërie avait, dès 1791,
enveloppé la Vendée sous le nom de
Confédération poitevine
et par l’entremise influente du prince de Talmont ; mais là
comme en Bretagne toute l’habileté du grand conspirateur n’avait pu
qu’enrôler les gentilshommes sans entraîner les paysans. Les
Vendéens aussi attendaient que la révolution vînt les traquer dans
leurs chaumières. Ils repoussèrent, il est vrai, la constitution
civile

Weitere Kostenlose Bücher