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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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flotte
anglaise, ne demandant, en outre, à Georges III, que cinquante
mille francs, le retour des émigrés, et surtout l’arrivée d’un
Bourbon à l’armée catholique. – Les Bourbons ne répondirent même
pas ; l’Angleterre continua de fausser sa foi ; ses
agents, qui dupaient Freslon, Du Dresnay et les généraux, étaient
vendus à la Convention, d’Oppenheim retournait aux bleus, et les
Vendéens allaient se briser à Granville. Le 9 novembre, ils
arrivèrent à Dol, épuisés par ces longues marches dont ils
n’avaient pas l’habitude, en proie au mal du pays qui consume
Bretons et Vendéens loin de leurs chaumières, ils éclatèrent en
murmures, en cris de détresse, et voulurent retourner dans le
Bocage. Plusieurs centaines désertèrent sans armes, et furent les
victimes de la cruauté des républicains. La Rochejacquelein assiège
enfin Granville (14 novembre) avec trente mille hommes découragés.
Les vaisseaux promis par l’Angleterre n’arrivent pas ; après
des prodiges de valeur, les Vendéens vont pénétrer dans la place,
quand la panique les prend, et rien ne peut arrêter une déroute
d’autant plus terrible, que la nuit l’enveloppe de ses ombres.
    Les Vendéens retrouvèrent le courage du
désespoir pour retourner dans leur pays. Le 18 novembre, à
Pontorson, ils font un terrible massacre des républicains, qui
veulent leur couper le chemin ; mais leurs victoires ne
devaient pas plus les sauver que leurs défaites. Enfermés dans Dol,
ils eussent tous péri sans la présence d’esprit et le courage de La
Rochejacquelein ; là encore des hommes brisés par l’insomnie,
la fatigue et la faim font reculer Westermann, Kléber, Marceau,
Savary, Rossignol et leurs vaillants soldats, tant le désespoir et
l’amour du pays leur donnent d’énergie. La joie des Vendéens
dépassa tout ce qu’on peut imaginer. Ils pouvaient, après leur
double triomphe, occuper Rennes et rejoindre les chouans
morbihanais ; le mal du pays ne leur en laissa pas la force.
Rien ne put les détourner de leur fatale marche en arrière. Du
reste, les bleus n’étaient pas moins désorganisés.
    Le 4 décembre, on atteint Angers ; il
s’agit de traverser cette ville pour continuer la marche. Après un
combat de deux jours, les paysans, pris en queue par les
républicains, se mettent à fuir à l’aventure. Cependant la Vendée
s’était émue au retour de ses enfants ; La Bouère et Pierre
Cathelineau entreprirent de leur ouvrir les Ponts-de-Cé, et
battirent à Bressuire le général Desmares. Mais ils arrivèrent trop
tard devant Angers, où Marceau et Kléber venaient d’entrer. Les
Vendéens pénètrent en vainqueurs à la Flèche, mais ils ne font qu’y
passer. Ils traversent ensuite, le 10 décembre, la ville du Mans,
où ils épargnent, comme à Laval, deux à trois cents prisonniers.
Ils étaient encore vingt-cinq mille environ, mais tous plus ou
moins épuisés, tous chargés de femmes, d’enfants et de malades.
Marceau et Kléber rejoignent, pour les achever, Chabot et
Westermann, surnommé
le boucher des Vendéens.
Les
horribles journées des 12 et 13 décembre se lèvent alors sur les
deux camps. Depuis le Mans jusqu’à Laval, où s’était enfuie l’armée
vendéenne, quinze mille personnes de tout âge, de tout sexe,
avaient succombé dans le combat ou dans la retraite. Sur cette
route de quatorze lieues on ne pouvait faire un pas sans se heurter
à un mort ou à un blessé. Pas une famille qui n’eût à pleurer une
partie ou la totalité de ses membres ; des communes avaient
perdu jusqu’à leur dernier représentant.
    Arrivé à Laval avec un reste d’armée qui
semble un convoi funèbre, La Rochejacquelein ne songe plus qu’à
reconduire ces malheureux dans leurs villages, si toutefois leurs
villages existent encore. Le 16 décembre, on est en face de la
Loire ; mais aucun moyen de passage. La Rochejacquelein et
Stofflet vont chercher des barques sur l’autre rive ;
assaillis par les bleus, ils ne peuvent repasser le fleuve ;
les voilà séparés de l’armée, qui les croit morts ou captifs. Des
espions promettent la vie à ceux qui rendront les armes, et Carrier
les fait fusiller à mesure qu’ils arrivent à Nantes. Enfin quelques
milliers de braves, à demi nus, s’arrêtent à Savenay, leur dernier
refuge, au milieu d’un cercle de feu, tracé par Marceau, Kléber,
Westermann et toutes les forces républicaines (23 décembre 1793)
C’était le jour

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