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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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Judicaël, fils de l’infortuné Hoël :
« Voilà votre souverain, dit-il, l’unique rejeton d’Alain le
Grand, le libérateur de la Bretagne ! Voilà l’héritier
légitime du comté de Nantes ! Conan, contre Dieu, raison et
justice, s’est emparé de sa terre, l’a dépouillé de son héritage,
ayant méchamment fait mourir, par embûche et venin, son père et son
oncle. Notre épée va punir le crime et renverser la tyrannie. Notre
cause est juste, Dieu nous protège ! » De chaleureuses
acclamations accueillirent ces paroles, et les troupes demandèrent
le combat. « Approche, Aymon, s’écria Foulques, je te remets
ma bannière ; porte-la au plus épais de la bataille, et va
recouvrer le bien de ton neveu. »
    On s’ébranle des deux côtés ; mais les
soldats de Conan se mettent à fuir pour attirer l’ennemi dans
le piège fatal : d’abord culbutés, les hommes de Foulques et
d’Aymon reviennent d’une première surprise, fondent sur leurs
perfides adversaires et les taillent en pièces. Conan est tué
par un soldat : Aymon, plutôt que d’abandonner son drapeau, se
roula dedans et expira dans ce glorieux suaire ; Foulques
lui-même, grièvement blessé, le pleura et lui rendit les devoirs
funèbres.
    Aymeri, frère d’Aymon, prit possession de
Nantes au nom de Judicaël, trop jeune encore pour gouverner par
lui-même.
    Geoffroy, l’aîné des fils de Conan, se hâta de
prendre le titre de duc de Bretagne, et n’oublia rien pour se
concilier l’attachement de ses comtes et de ses barons. Il y
parvint d’autant plus facilement, qu’il n’avait pour rival qu’un
faible enfant, mal conseillé. Aymeri étant mort, Judicaël se
disposait à faire hommage de ses États à Foulques Néra, lorsque
Geoffroy réunit des troupes, se rendit sous les murs de Nantes et
se fit transporter l’hommage destiné au comte d’Angers.
    En 1005, périt Judicaël sous le poignard d’un
assassin, qu’on ne put jamais retrouver : tout porte à croire
que Geoffroy ne fut pas étranger à ce crime. Il ne survécut que
cinq ans à l’infortuné Judicaël, et sa mort arriva dans des
circonstances si bizarres, que nous devons la rapporter avec
quelques détails.
    Geoffroy ayant résolu de faire un pèlerinage à
Jérusalem, en esprit de dévotion, mit ordre aux affaires les plus
pressantes de la Bretagne, confia le gouvernement de son duché et
la tutelle de ses enfants à la prudente Avoïse, son épouse, et
partit, accompagné de l’évêque de Nantes. Les deux pèlerins
n’allèrent pourtant que jusqu’à Rome, où ils accomplirent de
nombreux actes de piété. Le pape leur donna l’absolution de toutes
leurs fautes ; et Geoffroy exprima le désir de revenir
promptement en Bretagne. Ce pays respirait sous le gouvernement
doux et pacifique de la duchesse Avoïse ; sa sagesse lui avait
concilié l’estime de tous les grands vassaux, et sa justice, unie à
sa bonté, lui valait l’amour du peuple. Le voyage de Geoffroy
devait durer quelques années, et l’avenir se présentait aux yeux
des Bretons sous l’aspect le plus favorable. Mais la nouvelle du
retour inattendu du duc vint détruire ces flatteuses
espérances : des troupes d’exacteurs se répandirent dans les
campagnes pour percevoir le droit de
joyeuse advenue.
Cet
impôt onéreux, récemment inventé par les fiscaux des seigneurs qui
revenaient ruinés de la Terre-Sainte, parut aux paysans le comble
de l’injustice et de l’oppression. Malgré les murmures des grands
et du peuple, l’impôt n’en fut pas moins perçu avec les violences
les plus cruelles : les prisons regorgèrent de familles
insolvables, on vendit la vache du pauvre et sa chaumière ;
jamais enfin tant de larmes n’avaient été répandues en
Bretagne.
    Les premiers produits du don de joyeuse
advenue furent offerts en pompe au duc, sur les limites de ses
États. Le lendemain, il fit son entrée dans un village, l’épervier
au poing, marque distinctive de son rang et de sa puissance. À ce
moment même, une pauvre veuve venait de payer sa taxe ; mais
il lui manquait deux deniers. Il ne lui restait plus pour
s’acquitter envers les collecteurs qu’une poule noire, et elle alla
la chercher pour la leur livrer. Comme elle revenait avec l’oiseau
domestique, l’épervier du duc prit son vol, plongea sur le volatile
de la veuve et se mit à le dépecer, aux éclats de rire de tous les
spectateurs. Furieuse et excitée au plus haut degré par les

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