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Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Histoire de la Bretagne ancienne et moderne

Titel: Histoire de la Bretagne ancienne et moderne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Barthélémy (de Paris)
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environné de princes, de
prélats et d’un grand nombre de seigneurs du royaume. Il se mit
d’abord à genoux et demanda pardon au monarque, conformément à ce
qui avait été arrêté dans le traité. L’hommage et la prestation du
serment vinrent ensuite : le duc les fit agenouillé comme ses
prédécesseurs. Le roi retint le duc à dîner, et celui-ci, pour
faire honneur au suzerain qu’il venait de reconnaître, posa la main
sur son assiette et sur sa serviette. C’était donner à entendre
qu’il était prêt lui-même à servir le roi. On regarda ce geste
comme la marque la plus insigne de courtoisie, et on le combla de
politesses à son tour. Quand le duc prit congé du jeune monarque,
il en reçut des amitiés naïves et la promesse affectueuse de
l’oubli total du passé.
    Tandis que la guerre ravageait le reste de
l’Europe, et qu’on se battait au nord et au midi de la France, la
Bretagne goûtait les douceurs de la paix après de longs et
sanglants revers. Cependant toutes les haines ne s’étaient pas
éteintes en un jour, toutes les armes n’étaient pas posées, tous
les fruits de la paix ne pouvaient prospérer.
    Le duc était rentré en Bretagne avec
l’intention de se saisir des terres de sa cousine, la veuve de
Charles de Blois. Cette princesse venait d’expirer sans avoir pu
revoir ses fils aînés, que la politique anglaise retenait
prisonniers depuis le jour où leur père les avait livrés en otage
pour se racheter lui-même, après le combat de la Roche-Derrien.
Jean IV mit la main sur leur héritage, sous prétexte de le
garantir de tout envahissement, jusqu’au jour où ses neveux (à la
mode de Bretagne) viendraient lui en faire hommage. Durant quelques
mois il parut s’occuper d’une administration plus active de la
justice, que réclamaient vivement ses sujets.
    La duchesse de Bretagne, prisonnière des
Anglais, avait succombé à de longs chagrins. Le duc, marié dès son
enfance à une fille d’Édouard III, avait épousé en secondes
noces Jeanne Holland, belle-sœur du même Édouard et tante de
Richard II. Mais aucune d’elles ne l’avait rendu père. Les
oncles et tuteurs de Charles VI, craignant que Montfort ne se
remariât encore en Angleterre, se hâtèrent de lui proposer la main
de leur nièce, Jeanne de Navarre, fille de Charles le
Mauvais : le mariage eut lieu à Pampelune.
    On a vu que le duc de Bretagne et Clisson,
après s’être haïs mortellement, s’étaient enfin réconciliés de
bonne foi, au moins en apparence ; mais leur haine réciproque
se ralluma bientôt. Le connétable ne cessait de presser le duc de
mettre en liberté les deux fils de Charles de Blois, comme il s’y
était engagé formellement par le traité de Guérande. Jean IV
prétendait de son côté qu’il ne s’était point obligé à payer leur
rançon, mais seulement à leur rendre de bons offices pour qu’ils
devinssent libres.
    Sur ces entrefaites, Guy de Blois, le plus
jeune des deux frères, étant mort, le connétable forma le projet
ambitieux de marier sa fille au prince Jean, qui restait et qui
devait être duc de Bretagne, si Jean IV n’avait point
d’enfants. Il attendit cependant que la comtesse sa mère fût morte
pour proposer à son fils une union si disproportionnée, à laquelle,
selon toute apparence, elle n’eût pas consenti. Après sa mort, le
connétable fit dire au jeune prince que, s’il voulait épouser sa
fille, il payerait sa rançon. Jean, ennuyé de sa longue captivité,
dont ses plus proches parents se mettaient si peu en peine de le
tirer, accepta les offres du connétable, qui pour la somme de cent
vingt mille francs lui procura sa liberté.
    Le duc de Bretagne fut très-offensé de la
démarche de Clisson ; il ne voulut voir dans la conduite du
connétable que le projet formel de l’anéantir ; et dès ce
jour, alliances, promesses, serments, services, soins du présent,
craintes de l’avenir, équité, honneur, tout fut mis en oubli. Un
seul sentiment resta, l’ardeur effrénée de la vengeance.
    Pressé de satisfaire son ressentiment, le duc
attira Clisson à Vannes, sous prétexte de le faire assister (juin
1387) aux états généraux assemblés dans cette ville pour s’occuper
de l’administration, du bien public, de mesures qui importaient au
repos des peuples et aux intérêts du commerce. Comblé de
prévenances par son ennemi, et fasciné par sa perfide cordialité,
Clisson offrit au duc un repas que ce dernier

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