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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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décision eût transpiré,
un questeur et quelques tribuns furent chargés d’ôter la vie au préfet. Ils 
remplirent leur commission avec un succès égal à la hardiesse de
l’entreprise ; et, tenant à la main le poignard ensanglanté, ils coururent
dans toutes les rues de la ville, en annonçant au peuple et aux soldats la
nouvelle de l’heureuse révolution. L’enthousiasme de la liberté fut secondé par
des promesses de récompenses considérables en argent et en terres. On renversa
les statues de Maximin, et la capitale reconnut avec transport l’autorité des
deux empereurs et celle du sénat [594] .
Le reste de l’Italie suivit l’exemple de Rome.
    Un nouvel esprit animait cette assemblée subjuguée depuis si
longtemps par la licence militaire et par un despotisme farouche. Le sénat se
saisit des rênes du gouvernement, et prit les mesures les plus sages pour
venger, les armes à la main, la cause de la liberté. Dans cette foule de
sénateurs consulaires, qui, par leur mérite et par leurs services, avaient
obtenu les faveurs d’Alexandre, il fut aisé d’en trouver vingt capables de
commander des armées et de conduire une guerre. Ce fut à eux que l’on confia la
défense de l’Italie : on leur assigna chacun différents départements. Ils
avaient ordre de faire de nouvelles levées de discipliner la jeunesse
italienne, et surtout de fortifier les ports et les grands chemins, dans la
crainte d’une invasion. On envoya en même temps aux gouverneurs de quelques
provinces plusieurs députés choisis parmi les plus distingués du sénat et de
l’ordre équestre, pour les conjurer de voler au secours de la patrie, et de
rappeler aux nations les nœuds de leur ancienne amitié avec le peuple romain.
Le respect que l’on eut généralement pour ces députés, et l’empressement de
l’Italie et des provinces à prendre le parti du sénat, prouve suffisamment que
les sujets de Maximin étaient réduits à cet étrange état de malheur, dans
lequel un peuple a plus à craindre de l’oppression que de la résistance. Le
sentiment intime de cette triste vérité inspire un degré de fureur opiniâtre,
qui caractérise rarement ces guerres civiles soutenues par les artifices de
quelques chefs factieux et entreprenants [595] .
    Mais  tandis que l’on embrassait la cause des Gordiens avec
tant d’ardeur, les Gordiens eux-mêmes n’étaient plus. La faible cour de Carthage
avait pris l’alarme à la nouvelle de la marche rapide de Capellianus,
gouverneur de la Mauritanie, qui, suivi d’une petite bande de vétérans et d’une
troupe formidable de Barbares, fondit sur une province fidèle à son nouveau
souverain, mais incapable de le défendre. Le jeune Gordien s’avança au devant
de l’ennemi, à la tête d’un petit nombre de gardes, et d’une multitude
indisciplinée, élevée dans le luxe et l’oisiveté de Carthage. Sa valeur inutile
ne servit qu’à lui procurer une mort glorieuse sur le champ de bataille [3
juillet 237] . Son père, qui n’avait régné que trente-six jours, mît fin à
sa vie dès qu’il apprit cette défaite. Carthage, sans défense, ouvrit ses
portes au vainqueur, et l’Afrique se trouva exposée à l’avidité cruelle d’un
esclave qui, pour plaire à son maître, était obligé de paraître devant lui avec
d’immenses trésors, et les mains teintes du sang d’un grand nombre de citoyens [596] .
    Le sort imprévu des Gordiens remplit Rome d’une juste
terreur. Le sénat, convoqué dans le temple de la Concorde, affecta de s’occuper
des affaires de jour ; il tremblait d’envisager les malheurs dont il était
menacé. Le, silence et la consternation régnaient dans toute l’assemblée,
lorsqu’un sénateur, du nom et de la famille de Trajan, entreprit de relever le
courage de ses concitoyens [9 juillet] . Il leur représenta que depuis
longtemps il n’était plus en leur pouvoir de temporiser ni d’user de
réserve ; que Maximin, naturellement implacable et irrité par leurs
dernières démarches, s’avançait vers l’Italie, à la tête de toutes les forces
de l’empire ; que, pour eux, il ne leur restait d’autre alternative que
d’aller dans la plaine à la rencontre de l’ennemi public, ou d’attendre avec
soumission les tourments cruels et la mort ignominieuse destinés à des rebelles
malheureux. Nous avons perdu , continua-t-il, deux excellents
princes ; mais, à moins que nous ne trahissions notre propre cause,

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