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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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les
espérances de la république n’ont point péri avec les Gordiens. J’aperçois ici
un grand nombre de sénateurs dignes, par leurs vertus, de monter sur le trône,
et capables, par leurs qualités éminentes, d’en soutenir la majesté. Élisons
deux empereurs, dont l’un soit chargé de la guerre contre le tyran, tandis que
l’autre restera dans Rome pour diriger l’administration civile. Je brave
volontiers l’envie, et, sans craindre de m’exposer au danger d’une élection, je
donne ma voix en faveur de Maxime et de Balbin. Ratifiez mon choix, pères
conscrits, ou couronnez d’autres citoyens plus dignes de l’empire .
L’appréhension générale imposa silence aux murmures de la jalousie ; le mérite
des deux candidats était universellement reconnu. Toute l’assemblée retentit
d’acclamations sincères et on entendit de tous côtés : Victoire et
longue vie aux empereurs Maxime et Balbin ! Vous êtes heureux au jugement
du sénat ; puisse la république être heureuse sous votre administration [597]   !
    Rome fondait, avec justice, les plus belles espérances sur
la vertu et sur la réputation des nouveaux empereurs. Le genre particulier de
leurs talents les rendait propres chacun aux différents départements de la
guerre et de la paix. Ils pouvaient être assis sur le même trône sans qu’il
s’élevât entre eux aucune émulation dangereuse. Orateur distingué, poète
célèbre, sage magistrat, Balbin avait exercé avec intégrité et avec de justes
applaudissements sa juridiction civile dans presque toutes les provinces
intérieures de l’empire. Sa naissance était illustre [598] , sa fortune
considérable ; ses manières étaient généreuses et affables : un
sentiment de dignité corrigeait en lui l’amour du plaisir, et les charmes d’une
vie agréable ne le détournèrent jamais de l’application aux affaires. Maxime
avait moins d’aménité dans le caractère : sorti d’une origine obscure, il
s’était élevé, par son habileté et par sa valeur, aux premiers emplois de
l’État et de l’armée. Ses victoires sur les Sarmates et sur les Germains,
l’austérité de ses mœurs et l’impartialité de ses jugements lorsqu’il était
préfet de la ville, lui avaient concilié l’estime des citoyens, dont l’aimable
Balbin possédait toute l’affection. Ces deux collègues avaient été
consuls ; Balbin même avait joui deux fois de cette honorable
dignité : tous les deux avaient été nominés parmi les vingt lieutenants du
sénat ; et comme l’un était âgé de soixante ans, l’autre de soixante-quatorze [599] , ils étaient
parvenus à cette maturité que donnent l’âge et l’expérience.
    Lorsque le sénat leur eut conféré les puissances consulaire
et tribunitienne, le titre de pères de la patrie et la dignité de grand
pontife, Maxime et Balbin montèrent au Capitole pour rendre des actions de
grâces aux dieux tutélaires de Rome [600] .
La solennité des sacrifices fut troublée par un soulèvement du peuple. La
sévérité de Maxime déplaisait à cette multitude licencieuse ; la douceur,
l’humanité de Balbin, ne lui en imposaient point assez. Bientôt la foule
s’augmente, et les mutins entourent le temple de Jupiter, en frappant l’air de
leurs cris : ils réclament, comme un titre légitime, le droit de ratifier
l’élection d’un souverain ; et ils demandent avec une modération
apparente, qu’outre les deux empereurs déjà nommés par le sénat on en choisisse
un troisième dans la famille des Gordiens, comme une juste marque de
reconnaissance envers ces deux princes, qui avaient sacrifié leur vie pour la
république. Maxime et Balbin, à la tête des gardes de la ville et des plus
jeunes de l’ordre équestre, entreprennent de se faire jour à travers les
rebelles : la multitude, armée de pierres et de bâtons, repousse ces princes,
et les force de se réfugier dans le Capitole. Il est prudent de céder lorsque
la dispute, quelle que puisse en être l’issue, doit être fatale aux deux
partis. Un enfant, âgé seulement de treize ans, petit-fils du vieux Gordien et
neveu [601] du plus jeune, fut montré au peuple avec les ornements et le titre de César.
Cette facile condescendance apaisa le tumulte et les deux empereurs, après
avoir été reconnus paisiblement dans Rome, se préparèrent à défendre l’Italie
contre l’ennemi public.
    Tandis qu’à Rome et dans le sein de l’Afrique les révoltes
se succédaient

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