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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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[Aurelius
Victor, 29] . Cependant la longueur du siège avait donné le temps à Dèce de
ranimer le courage, de rétablir la discipline, et d’augmenter le nombre de ses
troupes. Il intercepta différents partis de Barbares, qui accouraient de la
Germanie pour venir partager la victoire de leurs compatriotes [803] . Des officiers
d’une fidélité et d’une valeur éprouvées [804] eurent ordre de garder les passages des montagnes ; les fortifications du
Danube furent réparées et mises en état de défense ; enfin le prince employa
les plus grands efforts pour s’opposer aux progrès ou à la retraite des Goths.
Encouragé par le retour de la fortune, il se préparait à frapper de plus grands
coups, et il attendait avec inquiétude le moment de venger sa propre gloire et
celle des armes romaines [805] .
    Dans le temps qu’il luttait contre la violence de la
tempête, son esprit calme et réfléchi, au milieu du tumulte de la guerre,
méditait sur les causes plus générales qui, depuis le siècle des Antonins,
avaient précipité si impétueusement la décadence de la grandeur romaine. Il
découvrit bientôt qu’il était impossible de replacer cette grandeur sur une base
solide, sans rétablir la vertu publique, les principes fondamentaux de la
constitution, les mœurs antiques de l’État, et la majesté opprimée des lois.
Pour exécuter un projet si beau, mais si difficile, il résolut de faire revivre
l’ancien office de censeur, magistrature importante qui avait beaucoup
contribué à maintenir le gouvernement [806] ,
jusqu’à ce qu’usurpée par les Césars, elle eût perdu son intégrité primitive,
et fût tombée insensiblement en oubli [807] .
Persuadé que la faveur, du souverain peut donner la puissance, mais que
l’estime du peuple confère seule l’autorité, Dèce abandonna le choix d’un
censeur au libre suffrage du sénat. Les voix unanimes, ou plutôt les
acclamations de l’assemblée, nommèrent Valérien comme le plus digne de remplir
cet auguste emploi [27 octobre 251] . Ce vertueux citoyen, qui fut depuis
revêtu de la pourpre, servait alors avec distinction dans les troupes. Dès que
l’empereur eut appris son élection, il assembla dans son camp un conseil
général, et, avant de donner l’investiture au nouveau censeur, il crut devoir
lui rappeler la difficulté et l’importance de sa charge. Heureux Valérien ,
dit le prince à son illustre sujet, heureux d’avoir mérité l’approbation du
sénat et de la république ! acceptez la censure, et réformez les mœurs du
genre humain. Vous choisirez parmi les sénateurs ceux qui méritent de conserver
leur rang dans cette auguste assemblée. L’ordre équestre vous devra
rétablissement de son ancienne splendeur. En augmentant les revenus de l’État,
songez à diminuer les charges publiques. Partagez en plusieurs classes
régulières la multitude confuse des citoyens. Que la puissance militaire, les
richesses, les vertus et les ressources de Rome, soient l’objet constant, de
votre attention. Vos décisions auront force de loi. L’armée, le palais, les
ministres de la justice, les grands officiers de l’empire, sont soumis à votre
tribunal : nul n’est excepté que les consuls ordinaires [808] , le préfet de
la ville, le roi des sacrifices et la première des vestales, aussi longtemps
que cette vierge conservera sa chasteté ; et même ce petit nombre, qui
peut ne pas redouter la sévérité du censeur romain, s’efforcera de gagner son
estime [809] .
    Un magistrat revêtu d’un pouvoir si étendu aurait été moins
le ministre que le collègue de son maître [810] .
Valérien redoutait, avec raison, une place qui devait l’exposer aux soupçons et
à l’envie. Sa modestie parut alarmée de la grandeur du poste où on voulait le
placer. Après avoir insisté sur sa propre insuffisance et sur la corruption du
siècle il représenta fort adroitement que l’office de censeur ne pouvait être
séparé de la dignité impériale, et que les mains d’un sujet étaient trop
faibles pour supporter l’énorme fardeau d’une telle administration [811] . Les événements
de la guerre arrêtèrent bientôt l’exécution d’un projet séduisant, mais
impraticable, mirent Valérien à l’abri du danger, et épargnèrent probablement
au prince la honte de ne pas réussir. Un censeur peut maintenir les mœurs d’un
État ; il ne saura jamais les rétablir. Il est impossible que l’autorité
d’un pareil

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