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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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n’infesteraient plus les provinces romaines [Zonare, XII, p. 628] .
    Dans le siècle des Scipions, les rois, qui recherchaient la
protection de la république ne dédaignaient pas de recevoir des présents de peu
de valeur, mais auxquels la main d’un allié puissant attachait le plus grand
prix. Une chaise d’ivoire, un simple manteau de pourpre, une coupe d’argent, ou
quelques pièces de cuivre [820] ,
satisfaisaient les souverains les plus opulents de la terre. Lorsque Rome eut
englouti les trésors des nations, les Césars crurent qu’il était de  leur
grandeur, et même de leur politique, d’exercer envers les alliés de l’État une
libéralité constante et réglée par une sage modération : ils secouraient la
pauvreté des Barbares, honoraient leur mérite, et récompensaient leur fidélité.
Ces marques volontaires de bonté ne paraissaient pas arrachées par la
crainte ; elles venaient seulement de la générosité ou de la gratitude des
Romains. Les amis et les suppliants avaient des droits aux présents et aux
subsides de l’empereur : ceux qui les réclamaient comme une dette [821] essuyaient un
dur refus. Mais la clause d’un paiement annuel à un ennemi vainqueur ne peut
être regardée que comme un tribut ignominieux : les Romains, jusque-là maîtres
du monde, n’avaient point encore été accoutumés à recevoir la loi d’une troupe
de Barbares. Le prince qui, par une concession nécessaire,  avait probablement
sauvé sa patrie, devint l’objet du mépris et de l’aversion générale. Hostilien
avait été enlevé au milieu des ravages de la peste ; on imputa sa mort à
Gallus [822]  ;
le cri de la haine attribua même la défaite de Dèce aux conseils perfides de
son odieux successeur [823] .
La tranquillité que Rome goûta la première année de son administration [824] servit plus à
enflammer qu’à apaiser le mécontentement public ; et, dès que le danger de
la guerre eut été éloigné, on sentit plus fortement, et d’une manière bien plus
vive l’infamie de la paix.
    Mais quel dût être, le ressentiment des Romains lorsqu’ils
découvrirent qu’ils n’avaient point assuré leur repos, même au prix de leur
honneur ? Le fatal secret de l’opulence et de la faiblesse de l’empire
avait été révélé à l’univers. De nouveaux essaims de Barbares, enhardis par le
succès de leurs compatriotes, et ne se croyant pas enchaînés par les mêmes
traités, répandirent la désolation dans les provinces de l’Illyrie, et
portèrent la terreur jusqu’au pied du Capitole. Un gouverneur de Pannonie et de
Mœsie entreprit la défense de l’État, que paraissait abandonner le timide
Gallus. Émilien rallia les troupes dispersées et ranima leur courage abattu.
Tout à coup les Barbares sont attaqués, mis en déroute, chassés et poursuivis
au delà du Danube. Le général victorieux distribua aux compagnons de ses
exploits l’argent destiné pour le tribut, et les acclamations de l’armée le
proclamèrent empereur sur le champ de bataille [Zozime, I, 25-26] .
Gallus semblait avoir oublié les intérêts de l’État au milieu des plaisirs de
l’Italie ; informé presque dans le même instant des succès, de la révolte et de
la marche rapide de son ambitieux lieutenant, il s’avança au devant de lui
jusqu’aux plaines de Spolète. Lorsque les armées furent en présence, les soldats
de Gallus comparèrent la conduite ignominieuse de leur souverain avec la gloire
de son rival : ils admiraient la valeur d’Émilien ; ils étaient attirés
par la libéralité avec laquelle il offrait à tous les déserteurs une
augmentation de paye considérable [Victor, in Cœsaribus ] . Le
meurtre de Gallus et de son fils. Volusien termina la guerre civile [mai
253] ; le sénat donna une sanction légale aux droits de la conquête. Les
lettres d’Émilien  à cette assemblée sont un mélange de modération et de vanité
: il l’assurait qu’il remettrait à sa sagesse l’administration civile, et que,
content de la qualité de général, il maintiendrait la gloire de la république,
et délivrerait l’empire en peu de temps des Barbares de l’Orient, et du Nord [Zonare,
XII] . Son orgueil eut lieu d’être satisfait des louanges des sénateurs. Il
existe encore des médailles où il est représenté avec le nom et les attributs
d’Hercule le victorieux et de Mars Vengeur [ Banduri numismata , p. 94] .
    Si le nouveau monarque possédait les talents

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