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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Germanie
chargés de butin ; et le timide Romain prit pour une victoire la retraite
des ennemis [Zozime, I, 34] .
    Lorsque Gallien eut appris que les Barbares avaient été
forcés d’abandonner les murs de Rome, loin d’approuver la conduite du sénat il
craignit que son courage ne le portât un jour à délivrer Rome de la tyrannie
domestique, aussi bien que des invasions étrangères. Sa lâche ingratitude parut
visiblement dans un édit qui défendait aux sénateurs d’exercer aucun emploi
militaire, et même d’approcher du camp des légions : mais ces alarmes n’étaient
pas fondées. Les patriciens, énervés par le luxe et par les richesses
retombèrent bientôt dans leur caractère naturel ; ils acceptèrent comme une
faveur cette exemption flétrissante de service ; et, contents pourvu qu’on
les laissât jouir de leurs théâtres, de leurs bains et de leurs maisons de
campagne, ils abandonnèrent avec joie les soins dangereux du gouvernement aux
mains grossières des paysans et des soldats [850] .
    Un écrivain du Bas-Empire parle d’une autre invasion des
Allemands, plus formidable, mais dont l’événement fut plus glorieux pour Rome.
Trois cent mille de ces Barbares furent défaits, dit-on, prés de Milan, dans
une bataille où Gallien combattit en personne avec dix mille Romains seulement [Zonare,
XII] . Mais, selon toute probabilité, ce qu’il faut voir dans le récit de
cette étonnante victoire, c’est la crédulité de l’historien, ou peut-être les
exploits exagérés de quelque lieutenant de l’empereur. Gallien employa des
armes d’une nature bien différente pour défendre l’Italie de la fureur des
Germains. Il épousa Pipa, fille d’un roi des Marcomans, tribu suève souvent
confondue avec les Allemands dans leurs guerres et dans leurs conquêtes [851] ; et il accorda
au père, pour prix de son alliance, un établissement considérable en Pannonie.
Il paraît que les charmes naturels d’une beauté sauvage fixèrent l’inconstance
de l’empereur, et que les liens de la politique furent resserrés par ceux de
l’amour. Mais l’orgueilleuse Rome conservait encore ses préjugés : elle
refusa le nom de mariage à l’alliance profane d’un citoyen avec une Barbare, et
l’épouse de Gallien ne fut jamais désignée que sous le titre flétrissant de sa
concubine [852] .
    III . Nous avons déjà tracé la marche des Goths,
depuis la Scandinavie, au- moins depuis la Prusse, jusqu’à l’embouchure du
Borysthène ; et nous les avons vus porter ensuite leurs armes victorieuses sur
les bords du Danube. Les provinces romaines que ce fleuve séparait de leurs
établissements furent perpétuellement infestées par les Germains et par les
Sarmates, sous les règnes de Valérien et de Gallien ; mais les habitants se
défendirent avec une fermeté et un bonheur extraordinaires. Les pays qui
étaient le théâtre de la guerre fournissaient aux légions un secours
inépuisable d’excellents soldats : parmi ces paysans d’Illyrie, il y en
eut plus d’un qui, parvenu au commandement des armées, déploya les talents d’un
général habile. Les ennemis, campés sur les bords du Danube, menaçaient sans
cesse les frontières, quoique leurs détachements pénétrassent quelquefois
jusqu’aux confins de la Macédoine et de l’Italie, les lieutenants de l’empereur
arrêtaient leur progrès, ou les coupaient dans leurs retraites [853] . Une nouvelle
route vint s’offrir alors aux Barbares, et l’inondation couvrit d’autres
contrées. Après avoir conquis l’Ukraine, les Goths devinrent bientôt maîtres de
la côté septentrionale du Pont-Euxin : cette mer baignait au midi les
provinces opulentes et amollies de l’Asie-Mineure, où l’on trouvait tout ce que
pouvait attirer un peuple barbare et conquérant, et rien de ce qui aurait pu
lui résister.
    Les rives du Borysthène ne sont qu’à vingt lieues du passage
étroit [854] qui communique à la Tartarie Crimée, péninsule connue chez les anciens sous le
nom de Chersonèse Taurique [855] .
C’est sur ce rivage affreux, qu’Euripide a placé la scène d’une de ses plus
intéressantes tragédies [856] .
L’imagination de ce poète savait embellir des plus brillantes couleurs les
traditions de l’antiquité. Les sacrifices sanglants offerts à Diane, l’arrivée
d’Oreste et de Pylade, le triomphe de la religion et de la vertu sur la
férocité sauvage, sont l’emblème d’une vérité historique. Les Tauris,

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