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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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Lorsqu’ils abordèrent sur la côte d’Afrique, où l’on
ne connaissait ni leur nom, ni leurs mœurs, ni leurs traits, ils parurent sans
doute tomber tout à coup d’un nouveau monde [Aurelius Victor ; Eutrope, IX,
6] .          
    II . Au-delà de l’Elbe, dans cette partie de la Haute
Saxe que l’on appelle aujourd’hui le marquisat de Lusace, il existait
anciennement un bois révéré, siége formidable de la religion des Suèves.
Personne ne pouvait pénétrer dans son enceinte sacrée sans être lié et sans
reconnaître, par cette humiliante cérémonie et par des prosternations, la
présence immédiate de la divinité souveraine [Tacite, Germ. , 38] .
Le patriotisme ne contribuait pas moins que la superstition à consacrer le
Sonnenwald, ou bois des Semnones [Cluvier, Germ. ant. , III, 25] .
Selon la croyance universelle, la nation avait reçu sa première existence sur
ce lieu sacré. Les nombreuses tribus qui se glorifiaient d’être du sang des
Suèves, y envoyaient en certains temps des ambassadeurs ; la mémoire de
leur extraction commune se perpétuait par des rites barbares et des sacrifices
humains. Les habitants des contrées intérieures de la Germanie, depuis les
bords de l’Oder jusqu’à ceux du Danube, portaient le nom général de Suèves. Ces
peuples étaient distingués des autres Germains par une mode particulière
d’arranger leurs longs cheveux, qu’ils rassemblaient en forme de noeud sur le
haut de la tête. Ils tenaient beaucoup à un ornement qui faisait paraître leurs
rangs plus élevés et plus terribles sur le champ de bataille [844] . Les Germains si
jaloux de la gloire militaire reconnaissaient tous la supériorité des
Suèves ; ils ne croyaient pas que ce fût une honte de finir devant une
nation à laquelle les dieux immortels eux-mêmes n’auraient pas résisté ; c’est
ainsi que s’exprimèrent les tribus des Tenctères et des Usipètes, qui
marchèrent avec une grande armée au devant du dictateur César [César, in
Bell. gall. , IV, 7] .
    Sous le règne de Caracalla, un nombreux essaim de Suèves,
partit sur les rives du Mein et dans le voisinage des provinces romaines,
attirés par l’espoir de trouver des vivres, du butin ou de la gloire [845] . Cette armée de
volontaires levés à la hâte, forma par degrés une grande nation, et comme elle
était composée d’une foule de tribus différentes, elle prit le nom d’Allemands
(ou All-men , tous hommes ) [846] ,
pour désigner à la fois leurs différentes races et la bravoure qui leur était
commune [847] .
Ils se rendirent bientôt formidables aux Romains par leurs incursions. Les
Allemands combattaient principalement à cheval ; et leur cavalerie tirait
encore une nouvelle force d’un mélange d’infanterie légère, choisie parmi les
jeunes guerriers les plus braves et les plus actifs, et accoutumés par de
fréquents exercices à suivre les cavaliers dans les marches les plus longues,
dans les chocs les plus furieux et dans les retraites les plus précipitées [848] .
    Ces fiers Germains, étonnés d’abord des préparatifs immenses
d’Alexandre Sévère, tremblèrent devant son successeur, Barbare qui les égalait
en courage et en férocité ; mais, toujours prêts à fondre sur les
frontières de l’empire, ils augmentèrent le désordre général qui le déchira
après la mort de Dèce. Les riches provinces de la Gaule éprouvèrent leur
fureur, et ce peuple  arracha le premier le voile qui dérobait à l’univers la
faible majesté de l’Italie. Un nombreux corps d’Allemands traversa le Danube,
pénétra par les Alpes rhétiennes dans les plaines de la Lombardie, s’avança
jusqu’à Ravenne, et déploya ses étendards victorieux presque à la vue de la
capitale [849] .
Cette insulte et le danger de l’État rallumèrent dans l’esprit des sénateurs
quelque étincelle de leur ancienne vertu. Les empereurs se trouvaient alors
engagés dans des guerres très éloignées ; Valérien en Orient, et Gallien
sur les bords du Rhin : toutes les espérances, toutes les ressources des
Romains étaient en eux-mêmes. Dans cette extrémité, le sénat prit la défense de
la république ; il mit en ordre de bataille les gardes prétoriennes qui
avaient été laissées dans la ville ; et, pour compléter leur nombre, il enrôla
les plus forts et les plus zélés des plébéiens. Les Allemands, surpris de voir
tout à coup une armée plus nombreuse que la leur, repassèrent en

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