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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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à
eux mêmes et aux provinces [ H. Aug. , p. 240] . Malgré les efforts
des empereurs suivants, jamais ces moyens artificiels ne purent rendre à la
frontière importante de la Gaule et de l’Illyrie cette ancienne vigueur qu’elle
tenait de la nature.
    De tous les Barbares qui abandonnèrent leurs nouveaux
établissements et qui troublèrent la tranquillité publique quelques-uns, en
très petit nombre, retournèrent dans leur pays natal. Ces fugitifs pouvaient
bien errer pendant quelque temps, les armes à la main, au milieu de l’empire,
mais ils succombaient à la fin sous la puissance d’un empereur belliqueux. La
hardiesse heureuse d’un parti de Francs eût des suites si mémorables, qu’elle
ne doit pas être passée sous silence. Probus les avait établis sur la côte
maritime du Pont, dans la vue de défendre cette frontière contre les incursions
des Alains. Des vaisseaux, qui mouillaient dans un des ports du Pont-Euxin,
tombèrent entre les mains des Francs. Ils résolurent aussitôt de chercher une
route  de l’embouchure du Phase à celle di Rhin. Les dangers d’une longue
navigation sur des mers inconnues ne les effrayèrent pas. Ils passèrent
aisément les détroits du Bosphore et de l’Hellespont ; et, croisant le
long de la Méditerranée, ils satisfirent à la fois leur vengeance et leur
cupidité, en ravageant les rivages de l’Asie, de la Grèce et de l’Afrique, dont
les habitants se croyaient à l’abri de toute incursion. Syracuse, ville
opulente qui avait vu autrefois les flottes d’Athènes et de Carthage englouties
dans son port, fut saccagée par une poignée de Barbares, qui massacrèrent
impitoyablement la plus grande partie des citoyens. De la Sicile, les Francs
s’avancèrent jusqu’aux colonnes d’Hercule, bravèrent le redoutable Océan,
côtoyèrent l’Espagne et la Gaule et, dirigeant leur course triomphante à
travers la Manche, terminèrent leur étonnant voyage en abordant tranquillement
sur les côtes des Frisons où des Bataves [1057] .
L’exemple de leurs succès enflamma leurs compatriotes. En leur apprenant à
connaître les avantages de la mer et a en mépriser les périls, il ouvrit à ces
esprits avides d’entreprises une nouvelle route aux honneurs et aux richesses.
    Malgré la vigilance et l’activité de Probus, il lui était
presque impossible de contenir dans l’obéissance toutes les parties de ses
vastes domaines. Les Barbares, pour briser leurs chaînes, avaient profité de
l’occasion favorable d’une guerre civile. L’empereur, avant de marcher au
secours de la Gaule, avait donné le commandement de l’Orient à Saturnin. Ce
général, homme de mérite et d’une grande expérience, leva l’étendard de la
révolte. L’absence de son souverain, la légèreté du peuple d’Alexandrie, les
sollicitations pressantes de ses amis, et ses propres alarmes, l’avaient
entraîné dans cette démarche téméraire. Mais du moment qu’il fut revêtu de la
pourpre, il perdit à jamais l’espoir de conserver l’empire et même la vie. Hélas
! dit-il, la république vient de perdre un citoyen utile. La
précipitation d’un instant a détruit plusieurs années de service . — Vous
ne savez pas , continuait-il, quels sont les maux attachés à la puissance
suprême. L’épée est sans cesse suspendue sur notre tête ; nous redoutons nos
propres gardes, nous n’osons nous fier à ceux qui nous entourent. Il ne nous
est plus permis d’agir, ni de nous reposer à notre volonté. Ni l’âge, ni le
caractère, ni la conduite, ne sauraient nous garantir des traits empoisonnés de
l’envie. En m’élevant sur le trône, vous m’avez condamné à une vie de fatigue
et à une mort prématurée. La seule consolation qui me reste, est l’assurance
que je ne périrai pas seul [1058] .
La première partie de la prédiction fut vérifiée par la victoire de
Probus ; mais la clémence de ce prince voulut empêcher l’effet de la
dernière. Il essaya même d’arracher l’infortuné Saturnin à la fureur des
soldats. Rempli d’estime pour l’usurpateur, Probus avait puni, comme un vil
délateur, le premier qui lui avait apporté la nouvelle de sa révolte [Zonare,
12] . Il avait exhorté plus d’une fois ce général rebelle à prendre
confiance en son maître [en 279] . Saturnin aurait peut-être accepté une
offre si généreuse s’il n’eût pas été retenu par l’opiniâtreté de ses
partisans. Plus coupables que leur chef, ils

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