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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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la
guerre contre les Perses. Avant son départ pour cette expédition lointaine, il
conféra le titre de César à ses deux fils, Carin et Numérien ; et, cédait
au premier une portion presque égale de l’autorité souveraine, il lui ordonna
d’apaiser d’abord quelques troubles élevés dans la Gaule, ensuite de fixer sa
résidence à Rome, et de prendre le commandement des provinces occidentales [1073] . Une victoire
mémorable remportée sur les Sarmates assura la tranquillité de l’Illyrie. Les
Barbares laissèrent seize mille hommes sur le champ de bataille, vingt mille
d’entre eux furent faits prisonniers. Impatient de cueillir de nouveaux
lauriers, le vieil empereur se mit en marche au milieu de l’hiver, traversa la
Thrace et l’Asie-Mineure, et arriva sur les confins de la Perse avec Numérien,
le plus jeune de ses fils. Ce fût là que, campé sur le sommet d’une haute
montagne, il montra aux troupes l’opulence et le luxe de l’ennemi dont elles
allaient bientôt envahir le territoire.
    Le successeur d’Artaxerxés, Varanes ou Bahram, avait
subjugué les Segestins, une des nations les plus belliqueuses de la Haute Asie [1074] . Malgré cet
exploit, l’approche des Romains l’alarma ; il résolut d’employer, pour
retarder leurs progrès, la voie de la négociation. Ses ambassadeurs entrèrent
dans le camp romain vers le coucher du soleil, au moment où les troupes
apaisaient leur faim par un repas frugal. Les Perses demandèrent à paraître en
présence de Carus. Ils parcoururent les rangs sans apercevoir l’empereur. On
les conduisit enfin à un soldat assis sur le gazon, et qui, n’avait pour marque
distinctive qu’un manteau de pourpre, fait d’une étoffe grossière. Un morceau,
de lard rance et quelques vieux pois composaient son souper. La même simplicité
régna dans la conférence. Carus, ôtant un bonnet qu’il portait  pour cacher sa
tête chauve, assura les ambassadeurs que si le maître refusait de reconnaître
la souveraineté de Rome [1075] ,
il rendrait bientôt la Perse aussi dépouillée d’arbres que sa tête l’était de
cheveux. Quoiqu’il y eût peut-être de l’affectation dans cette scène, elle peut
nous donner une idée des mœurs de Carus, et de la simplicité sévère qu’avaient
déjà ramenée dans les camps les belliqueux successeurs de Gallien. Les
ministres du grand roi tremblèrent, et se retirèrent.
    Les menaces de Carus ne furent pas sans effet. Il ravagea la
Mésopotamie, renversa tout ce qui s’opposait à son passage, se rendit maître de
Séleucie et de Ctésiphon, places importantes, qui paraissent s’être rendues
sans résistance : enfin, il porta ses armes victorieuses au-delà du Tigre [1076] . Ce prince
avait saisi le moment favorable pour une invasion. Les conseils de la Perse
étaient agités par des factions domestiques. Cette monarchie avait envoyé la
plus grande partie de ses forces sur les frontières de l’Inde. Rome et l’Orient
reçurent avec transport la nouvelle d’un si grand succès. On se formait déjà
les idées les plus magnifiques. La flatterie et l’espérance annonçaient la
chute de la Perse, la conquête de l’Arabie, la soumission de l’Égypte, et la
tranquillité de l’empire, à jamais délivré des incursions du peuple scythe [1077] . Mais le règne
de Carus semblait destiné à montrer la fausseté des prédictions. Elles étaient
à peine proférées, que la mort du vainqueur vint les contredire [25 décembre
283] . On est fort incertain sur la manière dont périt ce prince. Ce qui
nous est parvenu de plus authentique à ce sujet se trouve dans une lettre de
son secrétaire au préfet de la ville. Carus , dit-il, notre cher
empereur, était dans son lit, malade, lorsqu’il s’éleva dans le camp un furieux
orage. Le ciel devint si obscur, que nous ne pouvions nous distinguer ; et
les éclats continuels de la foudre nous ôtèrent la connaissance de ce qui se
passait dans cette confusion générale. Immédiatement après le plus violent coup
de tonnerre, nous entendons crier que l’empereur n’est plus. Il parait que les
officiers de sa maison, dans les transports de leur douleur, ont mis le feu à
la tente impériale ; ce qui a donné lieu au bruit que Carus avait été tué
de la foudre : mais, autant qu’à nous a été possible d’approfondir la vérité,
nous croyons que sa mort a été l’effet naturel de sa maladie [1078] .
    Cet événement ne produisit aucun trouble.

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