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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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avaient plus à redouter le
ressentiment de l’empereur, et ils s’étaient formé de plus grandes espérances
sur le succès de leur révolte.
    A peine le calme fut-il rétabli en Orient, que la rébellion
de Proculus et de Bonosus excita de nouveaux troubles dans la Gaule [en 280] .
Ces deux officiers s’étaient rendus fameux seulement, l’un par ses exploits de
galanterie [1059] ,
l’autre par la faculté singulière de boire à l’excès sans perdre la raison. Ils
ne manquaient cependant pas de courage ni de capacité, et ils soutinrent tous
les deux avec dignité le caractère auguste que la crainte du châtiment les
avait engagés à prendre, jusqu’à ce qu’enfin ils eurent terrassés par le génie
supérieur de Probus. Ce prince usa de la victoire remportée sur les rebelles
avec sa modération ordinaire : il épargna la vie aussi bien que la fortune de
leurs familles innocentes [1060] .
    Ses armes avaient triomphé de tous les ennemis étrangers et
domestiques de l’État. Son administration douce, mais ferme ne contribua pas
moins à rétablir la tranquillité publique. Il n’existait plus dans les
provinces de Barbares ennemis, d’usurpateurs, de brigands même, qui
rappelassent le souvenir des anciens désordres. Après de si grands exploits,
l’empereur se rendit à Rome pour y célébrer sa propre gloire et la félicité
générale. La pompe du triomphe, que méritait la valeur de Probus, fut dirigée
avec une magnificence égale à la grandeur de sa fortune ; et le peuple, après
avoir admiré les trophées d’Aurélien, contemplait avec le même plaisir ceux d
héros qui lui avait succédé [ H. Aug. , p. 240] . Nous ne pouvons
oublier à cette occasion le courage désespéré de quelques gladiateurs, dont,
plus de six cents avaient été destinés aux jeux, cruels de l’amphithéâtre.
Quatre-vingts d’entre eux environ, frémissant d’être forcés de répandre leur
sang pour l’amusement de la populace, tuèrent leurs conducteurs, sortirent avec
impétuosité de l’endroit où ils étaient gardés, et remplirent les rues de la
capitale de sang et de confusion. Après une résistance opiniâtre, ils furent
terrassés et mis en pièces par des troupes régulières ; mais ils obtinrent
du moins une mort honorable et la satisfaction d’une juste vengeance [Zozime,
I] .
    La discipline de Probus, moins cruelle que celle d’Aurélien,
était observée avec la même rigidité et la même exactitude. Le vainqueur de
Zénobie punissait sévèrement les désordres des soldats ; Probus les prévenait,
en employant constamment les légions à des travaux utiles. Tandis qu’il avait
commandé en Égypte, il avait exécuté plusieurs ouvrages considérables qui
contribuèrent à la splendeur et à l’avantage de cette riche contrée. Il
perfectionna la navigation du Nil, si importante à Rome elle-même. Des temples,
des ponts, des portiques et des palais, furent construits par les mains des
soldats devenus tour à tour architectes, ingénieurs et cultivateurs [ H.
Aug. , p. 266] . On rapporte d’Annibal que, dans la vue de garantir ses
troupes des suites funestes de l’oisiveté, il les força de planter un grand
nombre d’oliviers le long des côtes de l’Afrique [1061] . Guidé par le
même principe, Probus exerça ses légions à couvrir de vignes les coteaux
fertiles de la Gaule et de la Pannonie. Il s’efforça de mériter par ses
bienfaits la reconnaissance de sa patrie, pour laquelle il conserva toujours
une affection particulière. Un vaste terrain connu sous le nom de mont Almo, et
situé aux environs de Sirmium, son pays natal, ne présentait de tous côtés que
des marais infects ; il fut converti en de riches pâturages. On parle encore
d’un autre endroit entièrement défriché par ses troupes [1062] . Une pareille
armée formait peut-être la portion la plus brave et la plus utile des sujets
romains.
    Fort de la droiture de ses intentions, l’homme le plus sage,
en suivant un plan favori, sort souvent des bornes de la modération. Probus
lui-même ne consulta point assez la patience et la disposition de ses fiers
légionnaires [1063] .
Les périls attachés à la profession des armes, semblent n’être compensés que
par une vie d’oisiveté et de plaisir. Mais si les travaux du paysan aggravent
perpétuellement les devoirs du guerrier, le soldat succombera sous le fardeau,
ou le rejettera avec indignation. Probus lui-même enflamma, dit-on, par une
imprudence, le

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