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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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servit à inspirer au soldat romain un
juste mépris pour ces masses énormes, qu’il ne craignit bientôt plus de
rencontrer sur le champ de bataille.
    La chasse ou l’exposition des bêtes sauvages se faisait avec
une magnificence digne d’un peuple qui s’appelait le maître de l’univers ;
les édifices destinés à ces amusements ne répondaient pas moins à la grandeur
romaine. La postérité admire et admirera longtemps les débris majestueux de
l’amphithéâtre de Titus, qui méritait bien le nom de colossal [1094] . C’était un
bâtiment de forme elliptique, long de cinq cent soixante-quatre pieds, large de
quatre cent soixante-sept, appuyé sur quatre-vingts arches, et s’élevant par
quatre ordres d’architecture à la hauteur de cent quarante pieds [1095] . L’extérieur
était revêtu de marbre, et décoré de statues. Dans le contour de la vaste
enceinte qui formait l’intérieur, on avait disposé soixante ou quatre-vingts
rangs de sièges, aussi de marbre, couverts de coussins, et capables de recevoir
commodément plus de quatre-vingt mille spectateurs [1096] . La multitude
arrivait en foule par soixante quatre entrées (en latin vomitoria , nom
propre à désigner de pareilles portes). Les issues, les passages, les
escaliers, avaient été si habilement construits, que chaque personne, sénateur,
chevalier ou plébéien, se rendait sans contusion à la place qui lui était destinée [1097]  ; on
m’avait rien omis de ce qui pouvait contribuer au plaisir ou a la commodité des
spectateurs. Une vaste tente, déployée sur leur tête lorsque le temps
l’exigeait, les garantissait du soleil et de la pluie. Le jeu des fontaines
rafraîchissait continuellement l’air imprégné du parfum délicieux des aromates.
Dans le centre de l’édifice, l’arène ou théâtre, parsemée du sable le plus fin,
prenait successivement les formes les plus variées. Tantôt elle semblait
s’élever de terre comme le jardin des Hespérides : elle présentait ensuite les
cavernes et les rochers de la Thrace ; des canaux souterrains
fournissaient une source d’eau inépuisable ; et ce qui venait de paraître une
plaine unie, pouvait être tout à coup changé en un lac couvert de vaisseaux armés,
et rempli des monstres de la mer [1098] .
    Les empereurs romarins déployèrent leurs richesses et leur
libéralité pour embellir ces magnifiques scènes. Nous lisons qu’en plusieurs
occasions toutes les décorations de l’amphithéâtre furent d’or, d’argent ou
d’ambre [1099] .
Selon le poète qui décrit les jeux de Carin, soirs le nom d’un berger attiré
dans la capitale par leur magnificence ; les filets destinés à défendre le
peuple contre les bêtes sauvages étaient de fils d’or ; les portiques
avaient été dorés, et une précieuse mosaïque [Calph., VII] , composée de
pierres d’une grande beauté, enrichissait les degrés de l’amphithéâtre, qui
servaient à séparer les rangs des spectateurs.
    Au milieu de cette pompe éclatante [12 septembre 284] ,
Carin, assuré de sa fortune, jouissait des acclamations du peuple et de la
flatterie des courtisans. Il écoutait avec transport les chants des poètes qui
se trouvaient réduits à célébrer, au défaut d’un mérite plus essentiel, les
grâces divines de sa personne [1100] .
Dans le même moment, mais à huit cents milles de Rome, son frère rendait les
derniers soupirs, et une révolution soudaine faisait passer entre les mains
d’un étranger le sceptre de la maison de Carus [1101] .
    Les fils de Carus ne se virent point depuis la mort de leur
père. Les arrangements qu’exigeait leur nouvelle situation, avaient
probablement été différés jusqu’au retour de Numérien dans la capitale, où l’on
avait décerné aux jeunes princes les honneurs du triomphe pour le glorieux
succès de la guerre de Perse [1102] .
On ne sait s’ils avaient le projet de diviser entre eux l’administration ou les
provinces de l’empire ; mais il est vraisemblable que leur union n’eût
point été de longue durée. La jalousie du pouvoir aurait été enflammée par
l’opposition des caractères. Dans le plus corrompu des siècles, Carin. était
indigne de vivre, Numérien méritait de régner dans des temps plus heureux. Ses
manières affables et ses vertus aimables, lui assurèrent, dès qu’elles furent
connues, l’estime et l’affection du public ; il possédait les qualités
brillantes de poète et d’orateur, qui honorent

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