Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
Vom Netzwerk:
détruisaient tous les avantages qu’il pouvait tirer de sa
naissance et de sa situation.
    Les plus fidèles serviteurs du père méprisaient la capacité
du fils, et redoutaient sa cruelle arrogance. Son rival avait pour lui le cœur
des peuples ; le sénat même, préférait un usurpateur à un tyran. Les
artifices de Dioclétien en entretinrent le mécontentement général. L’hiver fut
employé en intrigues secrètes, et en préparatifs ouverts pour une guerre
civile. Au printemps [mai 285] , les armées de l’Orient et de l’Occident
se rencontrèrent dans les plaines de Margus, petite ville de Mœsie, non loin
des rives du Danube [1110] .
Les troupes qui venaient de faire trembler le grand roi se trouvaient épuisées
par les maladies et par les fatigues de leur dernière expédition ; elles
ne pouvaient disputer la victoire aux légions d’Europe, dont la force n’avait
éprouvé aucune altération. Les lignes de Dioclétien furent rompues, et ce
prince désespéra pendant quelque temps de la pourpre et de la vie. Mais Carin
perdit, par l’infidélité de ses officiers, l’avantage que lui avait procuré la
valeur de ses soldats. Un tribun dont il avait séduit la femme, saisit
l’occasion de se venger, et d’un seul coup il éteignit les discordes civiles
dans le sang de l’adultère [1111] .

Chapitre XIII
Règne de Dioclétien et de ses trois associés, Maximien, Galère et Constance.
Rétablissement général de l’ordre et de la tranquillité. Guerre de Perse.
Victoire et triomphe des empereurs romains. Nouvelle forme d’administration.
Abdication de Dioclétien et de Maximien.
    AUTANT le règne de Dioclétien fut plus illustre que celui de
ses prédécesseurs, autant sa naissance était plus basse et plus obscure. Les
droits puissants du mérite et de la violence avaient souvent renversé les
prérogatives idéales de la noblesse ; mais il existait toujours une ligne de
séparation entre les hommes libres et ceux qui vivaient dans la servitude. Les
parents du prince qui succéda aux fils de Carus avaient été esclaves dans la
maison d’Anulinus, sénateur romain. Le nom qui servait à distinguer Dioclétien
lui venait d’une petite ville de Dalmatie d’où sa mère tirait son origine [1112] . Il parait
cependant que son père, après avoir obtenu la liberté, exerça le métier de
scribe, emploi réservé communément aux personnes de son état [1113] . Des oracles
favorables, ou plutôt l’impulsion d’un mérite supérieur, éveillèrent l’ambition
du fils, l’engagement à suivre la profession des armes, et lui annoncèrent une
fortune brillante. Le hasard et son propre génie, contribuèrent à son
élévation. Ce serait un spectacle très curieux que d’observer l’enchaînement
des circonstances qui lui fournirent les moyens de remplir ses hautes
destinées, et de développer aux yeux de l’univers les talents qu’il avait reçus
de la nature. Dioclétien obtint successivement le gouvernement de la Mœsie, les
honneurs du consulat, et le commandement important des gardes du palais. Il se
distingua par son habileté dans la guerre de Perse. Enfin, après la mort de
Numérien, au jugement et de l’aveu de ses rivaux, l’esclave fut déclaré le plus
digne du trône impérial. La malignité du zèle religieux, qui n’a pas épargné la
férocité sauvage de Maximien son collègue, s’est efforcée de jeter des soupçons
sur le courage personnel de l’empereur Dioclétien [1114] . Nous croirons
difficilement à la lâcheté d’un soldat de fortune qui mérita et qui sut
conserver l’estime des légions ; aussi bien que la faveur de tant de
princes belliqueux. Cependant la calomnie ne mangue pas de sagacité pour
découvrir et pour attaquer le côté le plus faible. Dioclétien eut toujours le
courage que son pouvoir ou l’occasion exigeait ; mais on ne voit point en
lui cet esprit entreprenant, cette intrépidité d’un héros qui, brûlant du désir
de se faire un nom, brave les dangers, dédaigne l’artifice, et force ses égaux
à reconnaître sa supériorité. Des qualités moins brillantes qu’utiles, une tête
forte, éclairée par l’expérience et par une étude approfondie de l’humanité ;
de la dextérité et de l’application dans les affaires ; un mélange
judicieux d’économie et de libéralité, de sévérité et de douceur ; une
dissimulation profonde, cachée sous le voile de la franchise militaire ;
de la constance pour parvenir à son

Weitere Kostenlose Bücher