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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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une vie de rapine et de violence [ Pan., ver. , 6, 8] . De son
côté, Dioclétien ouvrit la campagne en Égypte par le siège d’Alexandrie [en
296] . Lorsqu’il eut coupé les aqueducs destinés à porter les eaux du Nil
dans toutes les parties de cette ville immense [1152] , et qu’il eut
mis son camp en état de résister aux sorties des assiégés, il pressa les
attaques avec précaution et avec vigueur. Après un siége de huit mois,
Alexandrie, ruinée par le fer, et par le feu, implora la clémence du
vainqueur ; mais elle éprouva toute sa sévérité. Plusieurs milliers de
citoyens furent massacrés, et presque tous les coupables en Égypte subirent la
peine de mort, ou du moins l’exil [1153] .
Le sort de Busiris et de Coptos fut encore plus déplorable que celui
d’Alexandrie. Les armes et l’ordre sévère de Dioclétien détruisirent
entièrement ces villes [1154] ,
la première, fameuse par son antiquité ; l’autre, enrichie par le passage
des marchandises de l’Inde. Le caractère de la nation égyptienne, insensible à
l douceur, mais extrêmement susceptible de crainte, peut seul justifier cette
rigueur excessive. Les séditions d’Alexandrie avaient souvent altéré la
tranquillité de Rome elle-même, qui tirait sa subsistance des fertiles contrées
arrosées par le Nil. Depuis l’usurpation de Firmus, la Haute Égypte, en proie à
des factions continuelles, avait embrassé l’alliance des sauvages de
l’Éthiopie. Les Blemmyes, répandus entre l’île de Méroé et la mer Rouge,
étaient en très petit nombre. Sans inclination pour la guerre, ils se servaient
d’armes grossières et peu redoutables [1155] .
Cependant, au milieu des désordres publics, ces peuples, que l’antiquité,
choquée de la difformité de leur figure, avait presque exclus de l’espèce
humaine, osèrent se mettre au nombre des ennemis de Rome. Tels étaient les
indignes alliés des rebelles de l’Égypte ; et leurs incommodes incursions
pouvaient troubler le repos de la province, pendant que l’État se trouvait
engagé dans des guerres plus sérieuses. Dans la vue d’opposer aux Blemmyes un
adversaire convenable Dioclétien engagea les Nobates, ou peuples de Nubie, à
quitter leurs anciennes habitations dans les déserts de la Libye ; et il leur
céda un pays considérable, mais inutile, situé au-delà de Syène et des
cataractes du Nil, en exigeant d’eux qu’ils respectassent et défendissent à
jamais la frontière de l’empire. Le traité subsista longtemps ; et,
jusqu’à ce que l’établissement du christianisme eût introduit des notions plus
rigides de culte religieux on ratifiait tous les ans ce traité par un sacrifice
solennel offert dans l’île Éléphantine, où les Romains et les Barbares se
rassemblaient pour adorer les mêmes puissances visibles ou invisibles de
l’univers [1156] .
    Dans le temps que Dioclétien punissait les crimes de
l’Égypte, il assurait le repos et le bonheur futur de cette province par de
sages règlements, qui furent confirmés et perfectionnés sous le règne de ses
successeurs [1157] .
Un édit très remarquable de ce prince, loin de paraître l’effet d’une tyrannie
jalouse, doit être applaudi comme un acte de prudence et d’humanité. On
rechercha soigneusement, par ses ordres, tous les anciens livres qui traitaient
de l’art admirable de faire de l’or et de l’argent. Dioclétien les livra sans
pitié aux flammes, craignant, comme on nous l’assure, que l’opulence des
Égyptiens ne leur inspirât l’audace de se révolter contre l’empire [1158] . Mais s’il eût
été convaincu de la réalité de ce secret inestimable, au lieu de l’ensevelir
dans un éternel oubli, il s’en serait servi pour augmenter les revenus publics.
Il est bien plus vraisemblable que ce prince sensé connaissait l’extravagance
de ces prétentions magnifiques ; et qu’il voulut préserver la raison et la
fortune de ses sujets d’une occupation funeste. On peut remarquer que ces
ouvrages anciens, attribués si libéralement à Pythagore, à Salomon ou au fameux
Hermès, n’étaient cependant qu’un funeste présent de quelques adeptes plus
modernes. Les Grecs ne s’attachèrent ni à l’abus ni à l’usage de la chimie.
Dans ce recueil immense, où Pline a consigné les découvertes, les arts et les
erreurs -e l’esprit humain, il n’est point parlé de la transmutation des
métaux. La persécution de Dioclétien est le premier événement

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