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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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vaisseaux. En effet, Constance avait prudemment divisé ses
forces, afin de diviser pareillement l’attention et la résistance de l’ennemi.
Enfin, l’attaque fut faite par la principale escadre, qui, sous le commandement
du préfet Asclépiodate, officier d’un mérite distingué, avait été assemblée à
l’embouchure de la Seine. L’art de la navigation était alors si imparfait, que
les orateurs ont célébré le courage intrépide des Romains, qui osèrent mettre à
la voile un jour d’orage et avec le vent de côté. Le temps concourut au succès
de leur entreprise. A la faveur d’un brouillard épais, ils, échappèrent à la
flotte placée par Allectus à l’île de Wight pour les arrêter descendirent en
sûreté sur la côte occidentale, et montrèrent aux Bretons que la supériorité
des forces navales ne défendrait pas toujours leur patrie d’une invasion
étrangère. A peine Asclépiodate fut-il débarqué, qu’il brûla, ses vaisseaux ;
et comme la fortune seconda son expédition, cette action héroïque fut
universellement admirée. L’usurpateur attendait aux environs de Londres
l’attaque formidable de Constance, qui commandait en personne la flotte de
Boulogne. Mais la descente d’un nouvel ennemi demandait la présence d’Allectus
dans la partie occidentale de l’île. Sa marche fut si précipitée, qu’il parut
devant le préfet avec un petit nombre de troupes harassées et découragées. Le
combat fut bientôt terminé par la défaite totale et par la mort d’Allectus. Une
seule bataille, comme il est souvent arrivé, décida du sort de cette île
importante. Lorsque Constance débarqua sur la côte de Kent, il la trouva
couverte de sujets soumis. Le rivage retentissait des acclamations unanimes des
habitants. Les vertus du vainqueur nous portent  à croire que leur joie fut
sincère : ils se félicitaient d’une révolution qui, après dix ans, réunissait
la Bretagne à la monarchie romaine [1142] .
    L’île n’avait plus à redouter que des ennemis domestiques.
Tant que les gouverneurs restaient fidèles et les troupes disciplinées les
incursions des sauvages à demi nus de l’Écosse et de l’Irlande, ne pouvaient
inquiéter la sûreté de la province. La paix du continent et la défense des
grands fleuves qui servaient de limites à l’empire, étaient des objets beaucoup
plus difficiles, et d’une plus grande importance. La politique de Dioclétien,
qui dirigeait les conseils de ses associés, pourvut à la sûreté de l’État en
semant la discorde parmi les Barbares, et en augmentant les fortifications des
frontières romaines.
    En Orient, il traça une ligne de camps depuis l’Égypte
jusqu’aux domaines des Perses. Chaque camp fut rempli d’un certain. nombre de
troupes stationnaires, commandées par leurs officiers respectifs, et fournies
de toutes sortes d’armes qu’elles tiraient des arsenaux nouvellement établis
dans les villes d’Antioche, d’Émèse et de Damas [1143] . L’empereur ne
prit pas moins de précautions coutre la valeur si souvent éprouvée des Barbares
de l’Europe. De l’embouchure du Rhin à celle du Danube, les anciens camps, les
villes et les citadelles, furent réparés avec soin, et l’on construisit de
nouvelles forteresses dans les lieux les plus exposés. La  plus exacte
vigilance fut introduite parmi les garnisons des frontières. Enfin, on n’oublia
rien pour assurer et pour mettre à l’abri de toute insulte cette longue chaîne de
fortifications [1144] .
Une barrière si respectable fut rarement forcée, et les nations ennemies,
contenues de toutes parts, tournèrent souvent leur rage les uns contre les
autres. Les Goths, les Vandales, les Gépides, les Bourguignons, les Allemands,
détruisaient leur propre force par de cruelles hostilités : quelque fût le
vainqueur, le vaincu était un ennemi de Rome. Les sujets de Dioclétien
jouissaient de ce spectacle sanglant, et ils voyaient avec joie les Barbares
exposés seuls alors à toutes les horreurs de la guerre civile [1145] .  
    Malgré la politique de Dioclétien, il ne lui fut pas
toujours possible, pendant son règne de vingt ans, de maintenir la paix le long
d’une frontière de plusieurs centaines de milles. Quelquefois les Barbares
suspendaient leurs animosités domestiques. La vigilance des garnisons cédait
quelquefois à l’adresse ou à la force. Lorsque les provinces étaient envahies,
Dioclétien se conduisait avec cette dignité calme

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