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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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sa
chute : révolution à jamais mémorable, et qui influe encore maintenant sur
toutes les nations du globe.
    Les principales conquêtes des Romains avaient été l’ouvrage
de la république. Les empereurs se contentèrent, pour la plupart, de conserver
ces acquisitions, fruit de la profonde sagesse du sénat, de l’émulation active
des consuls et de l’enthousiasme du peuple. Les sept premiers siècles n’avaient
présenté qu’une succession rapide de triomphes ; mais il était réservé à
l’empereur Auguste d’abandonner le projet ambitieux de subjuguer l’univers pour
introduire l’esprit de modération dans les conseils de Rome. Porté à la paix,
autant par sa situation, que par son caractère, il s’aperçut aisément qu’à
l’excès de grandeur où elle était parvenue, elle avait désormais, en risquant
le sort des combats, beaucoup moins à espérer qu’à craindre ; que dans la
poursuite de ces guerres lointaines, l’entreprise devenait tous les jours plus
difficile : le succès plus douteux et la possession moins sûre et moins
avantageuse. L’expérience d’Auguste vint à l’appui de ces réflexions
salutaires, et lui prouva que par la prudente vigueur de sa politique, il
pouvait s’assurer d’obtenir sans peine toutes les concessions que la sûreté ou
la dignité de Rome exigerait des barbares même les plus formidables et, sans
exposer aux flèches des Parthes ni lui ni ses légions, il en obtint, par un
traité honorable, la restitution des drapeaux et des prisonniers qui avaient
été enlevés à l’infortuné Crassus [11] .
    Ses généraux, dans les premières  années de son règne,
essayèrent de subjuguer l’Éthiopie et l’Arabie Heureuse : ils marchèrent
l’espace de trois cents lieues environ au midi du tropique ; mais la chaleur du
climat arrêta bientôt les conquérants, et protégea les habitants peu guerriers
de ces régions éloignées [12] .
La conquête des contrées septentrionales de l’Europe valait à peine les
dépenses et les travaux qu’elle eût exigés. Couverte de bois et de marais, la
Germanie nourrissait dans son sein des Barbares courageux qui méprisaient la
vie lorsqu’elle était séparée de la liberté : et, quoique, dans la première
attaque ils eussent paru céder sous le poids de la puissance romaine, un acte
éclatant de désespoir les rétablit bientôt dans leur indépendance, et fit
ressouvenir Auguste des vicissitudes de la fortune [13] . A la mort de ce
prince, son testament fut lu publiquement dans le sénat : Auguste laissait
à ses successeurs, comme une utile portion de son héritage, l’avis important de
resserrer l’empire dans les bornes que la nature semblait avoir elle-même tracées
pour en former à jamais des limites et les remparts : à l’occident, l’océan
Atlantique ; le Rhin et le Danube, au nord; l’Euphrate, à l’orient ; et vers le
midi, les sables brûlants de l’Arabie et de l’Afrique [14] .         
    Heureusement pour le genre humain, le système conçu par la
modération d’Auguste se trouva convenir aux vices et à la lâcheté de ses
successeurs. Les premiers Césars, dominés par l’attrait du plaisir ou occupés
de l’exercice de la tyrannie, se montraient rarement aux provinces et à la tête
des armées. Ils n’étaient pas non plus disposés à souffrir que leurs
lieutenants usurpassent sur eux, par les talents et la valeur, cette gloire que
négligeait leur indolence. La réputation militaire d’un sujet devint un
attentat insolent à la dignité impériale. Les généraux se contentaient de
garder les frontières qui leur avaient été confiés : leur devoir et leur
intérêt leur défendaient également d’aspirer à des conquêtes qui ne leur
auraient peut-être pas été moins fatales qu’aux nations vaincues [15] .
    La Bretagne fût la seule province, que les Romains
ajoutèrent à leurs domaines durant le premier siècle de nôtre ère. Dans cette
unique occasion, les empereurs crurent devoir plutôt marcher sur les traces de
César que suivre les maximes d’Auguste. La situation d’une Île voisine de la
Gaule leur inspira le dessein de s’en rendre maîtres : leur avidité était
encore excitée par l’espoir agréable, quoique incertain, qui leur avait été
donné d’y fronder une pêcherie de perles [16]  :
La Bretagne semblait être un monde séparé ; ainsi cette conquête formait à
peine une exception au plan généralement adopté pour le

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