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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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luisante, et remplie de
perles tomba entre les mains d’un simple soldat. Il garda soigneusement la
bourse, mais il jeta ce qu’elle contenait, jugeant que ce qui ne servait à
aucun usage ne pouvait être d’aucun prix [1179] .
La perte principale de Narsès était d’une nature infiniment plus sensible.
Plusieurs de ses femmes, ses sœurs, ses enfants, qui accompagnaient l’armée,
avaient été pris dans la déroute. Mais quoique le caractère de Galère eût en
général peu de rapport avec celui d’Alexandre, le César, après sa victoire,
imita la belle conduite du héros macédonien envers la famille de Darius. Les
femmes et les enfants de Narsès furent mis à d’abri de toute violence, menés en
lieu de sûreté, et traités avec le respect et les tendres égards qu’un ennemi
généreux devait à leur âge, à leur sexe et à leur dignité [1180] .
    Dans le temps que l’Asie attendait avec inquiétude la
décision de la fortune, Dioclétien, ayant levé en Syrie une forte armée
d’observation, déployait à quelque distance du théâtre de la guerre les
ressources de la puissance romaine, et se réservait pour les événements
importants. A la nouvelle de la victoire remportée sur les Perses, il s’avança
sur la frontière, dans la vue de modérer, par sa présence et par ses conseils,
l’orgueil de Galère. Les princes romains se virent à Nisibis, où ils se
donnèrent les témoignages les plus signalés, l’un de respect, l’autre d’estime.
Ce fut dans cette ville qu’ils reçurent bientôt après l’ambassadeur du grand
roi [1181] .
La force ou du moins l’ambition de Narsès avait été abattue par sa dernière
défaite. La paix lui parut le seul moyen d’arrêter le progrès des armes
romaines. Il députa Apharban, qui possédait sa faveur et sa confiance, pour
négocier un traité, ou plutôt, pour recevoir les conditions qu’il plairait au
vainqueur d’imposer. Apharban commença par exprimer combien son maître était
reconnaissant du traitement généreux qu’éprouvait sa famille ; il demanda
ensuite la liberté de ces illustres captifs. Il célébra la valeur de Galère,
sans dégrader la réputation de Narsès, et il ne rougit pas d’avouer la
supériorité du César victorieux sur un monarque qui surpassait, par l’état de
sa gloire, tous les princes de sa race. Malgré la justice de la cause des
Perses, il était chargé de soumettre les différends actuels à la décision des
empereurs romains, persuadé qu’au milieu de leur prospérité ces princes
n’oublieraient pas les vicissitudes de la fortune. Apharban termina son
discours par une allégorie dans le goût oriental. Les monarchies persane et
romaine, disait-il, étaient les deux yeux de l’univers, qui resterait imparfait
et mutilé, si l’on arrachait l’un des deux.
    Il convient bien aux Persans , répliqua Galère, dans
un transport de rage qui semblait agiter tous ses membres, il convient bien
aux Persans de s’étendre sur les vicissitudes de la fortune, et de nous étaler
froidement des préceptes de vertu ! Qu’ils se rappellent leur modération envers
l’infortuné Valérien après avoir vaincu ce prince par trahison, ils l’ont
traité avec indignité ; ils l’ont retenu jusqu’au dernier moment de sa vie
dans une honteuse captivité, et après sa mort ils ont exposé son corps a une
ignominie perpétuelle . Prenant ensuite un ton plus adouci, Galère insinua
que la pratique des Romains n’avait jamais été de fouler aux pieds un ennemi
vaincu ; que, dans la circonstance présente, ils consulteraient plutôt ce
qu’ils devaient à leur dignité que ce que méritait la conduite des Perses. En
congédiant Apharban, il lui fit espérer que Narsès apprendrait bientôt à quelles
conditions il obtiendrait de la clémence des empereurs une paix durable et la
liberté de sa famille. On peut apercevoir dans cette conférence les passions
violentes de Galère, en même temps que sa déférence pour l’autorité et pour la
sagesse supérieure de Dioclétien. Le premier de ces princes aspira à la
conquête de l’Orient ; il avait même proposé de réduire la Perse en
province ; l’autre, plus prudent, qui avait adopté la politique modérée
d’Auguste et des Antonins, saisit l’occasion favorable de terminer une guerre
heureuse par une paix honorable et utile.
    Pour remplir leur promesse, les empereurs envoyèrent à la
cour de Narsès Sicorius-Probes, un de leurs secrétaires,

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