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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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qui lui communiqua
leur dernière résolution. Comme ministre de paix, il fut reçu avec la plus
grande politesse et avec les marques de la plus sincère amitié ; mais, sous
prétexte de lui accorder un repos nécessaire, après un si long voyage, on remit
son audience de jour en jour, et il fut obligé de suivre le roi dans plusieurs
marches très lentes. Il fut enfin admis en présence de ce monarque, près de
l’Asprudus, rivière de la Médie. Quoique Narsès désirât sincèrement la paix, le
motif secret de ce prince, dans un pareil délai, avait été de rassembler des
forces qui le missent en état de négocier avec plus de dignité, et de rétablir
en quelque sorte l’équilibre. Trois personnes seulement assistèrent à cette
conférence importante, le ministre Apharban, le capitaine des gardés, et un
officier qui avait commandé sur les frontières d’Arménie [1182] . La première
proposition de l’ambassadeur romain n’est pas maintenant de nature à être bien
entendue : il demandait que Nisibis fût l’entrepôt des marchandises des
deux empires. On conçoit facilement l’intention des princes romains, qui
voulaient augmenter leur revenus en soumettant le commerce à quelques
règlements prohibitifs ; mais comme Nisibis leur appartenait, et qu’ils
étaient les maîtres de l’importation et de l’exportation, de pareils droits
semblaient devoir être plutôt l’objet d’une loi intérieure que d’un traité
étranger. Pour les rendre plus effectifs, on exigeait peut-être du roi de Perse
quelques conditions qui lui parurent si contraire à son intérêt et à sa
dignité, qu’il ne put se résoudre à les accepter. Cet article était le seul
auquel il refusât de consentir ; aussi les empereurs n’insistèrent pas
davantage ; ils laissèrent le commerce prendre son cours naturel, ou ils
se contentèrent des règlements qu’ils étaient maîtres d’établir.
    Dès que cette difficulté eut été levée, une paix solennelle
fut conclue et ratifiée entre les deux nations. Les conditions d’un traité si
glorieux pour l’empire, et devenu si nécessaire aux Perses, méritent une
attention d’autant plus particulière, que l’histoire de Rome présente rarement
de pareils actes : en effet, la plupart de ses guerres ont été terminées
par une conquête absolue, ou entreprises contre des Barbares qui ignoraient
l’usage des lettres. 1° L’Aboras, appelé l’Araxe dans Xénophon fut désigné
comme la limite la limite des deux monarchies [1183] . Cette rivière,
qui prend sa source près du Tigre, recevait à quelques milles au dessous de
Nisibis les eaux du Mygdonius ; elle passait ensuite sous les murs de
Singara, et tombait dans l’Euphrate à Circesium [1184] , ville
frontière que Dioclétien avait singulièrement fortifiée [1185] . La
Mésopotamie, si longtemps disputée, fut cédée à l’empire, et par le traité les
Perses renoncèrent à toute prétention sur cette grande contrée. 2° Ils
abandonnèrent aux Romains cinq provinces au-delà du Tigre [1186] , qui formaient
une barrière très utile, et dont la force naturelle fut bientôt augmentée par
l’art et par la science militaire. Il y en avait quatre de peu d’étendue,
l’Intiline, la Zabdicène, l’Arzanène et la Moxoène, noms d’ailleurs peu connus,
mais, à l’orient du Tigre, l’empire acquit le pays montueux et considérable de
la Carduène, l’ancienne patrie des Carduques, qui, placés dans le centre du
despotisme de l’Asie, conservèrent, pendant plusieurs siècles, leur mâle
indépendance. Les dix mille Grecs traversèrent leur contrée après sept jours
d’une marche pénible ou plutôt d’un combat perpétuel. Le chef de cette fameuse
entreprise avoue, dans son admirable relation, que ses concitoyens eurent plus
à souffrir des flèches des Carduques que de toutes les forces du grand roi [1187] . La postérité
de ces Barbares les Curdes, qui, ont conservé presque en entier le nom et les
mœurs de leurs ancêtres, vivent indépendants sous la protection du sultan des
Turcs. 3° Il est presque inutile de dire que Tiridate, ce fidèle allié de Rome,
occupa le trône de ses pères. Les empereurs soutinrent et assurèrent d’une
manière irrévocable leurs droits de souveraineté sur l’Arménie. Les limites de
ce royaume s’étendirent jusqu’à la forteresse de Sintha dans la Médie. Une
pareille augmentation de domaine était moins un acte de libéralité que de
justice.

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