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Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain

Titel: Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edward Gibbon
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constitution et la force de
l’habitude maintinrent pendant longtemps la dignité de Rome. Les empereurs,
quoique nés en Afrique ou en Illyrie, respectaient leur patrie adoptive, comme
le siège de leur grandeur et comme le centre de leurs vastes domaines. La
guerre exigeait souvent leur présence sur les frontières. Mais Dioclétien et
Maximien furent les premiers princes qui, en temps de paix, fixèrent leur
résidence ordinaire dans les provinces. Leur conduite, quel qu’en ait été le
motif particulier, pouvait être justifiée par des vues spécieuses de politique.
L’empereur de l’Occident tenait ordinairement sa cour à Milan, dont la situation
au pied des Alpes le mettait bien plus à portée de veiller aux mouvements des
Barbares de la Germanie, que s’il eût fixé son séjour à Rome. Milan eut bientôt
la splendeur d’une ville impériale ; ses maisons étaient aussi nombreuses
et aussi bien bâties ; le même goût et la même politesse régnaient parmi
les habitants. Un cirque, un palais, un théâtre, une cour des monnaies, des
bains qui portaient le nom de Maximien, leur fondateur, des portiques ornés de
statues, une double enceinte de murs, tout contribuait à la beauté de la
nouvelle capitale, qui ne paraissait pas éclipsée par la proximité de
l’ancienne [1196] .
Dioclétien voulut aussi que le lieu de à résidence égalât la majesté de Rome.
Il employa son loisir et les richesses de l’Orient à décorer Nicomédie, qui,
placée sur les bords de l’Asie et de l’Europe, se trouvait à une distance
presque égale de l’Euphrate et du Danube. En peu d’années Nicomédie s’éleva,
par les soins du monarque et aux dépens du peuple, à un degré de magnificence
qui semblait avoir exigé des siècles de travaux. Elle ne le cédait qu’aux
villes de Rome, d’Alexandrie et d’Antioche, pour l’étendue et pour la
population [1197] .
La vie de Dioclétien et de Maximien fût très active ; ils en passèrent la
plus grande partie dans les camps ou dans des marches longues et fréquentes ;
mais toutes les fois que les affaires publiques leur permettaient de prendre du
repos ; ils se retiraient avec plaisir à Milan et à Nicomédie, leurs résidences
favorites. Jusqu’au moment où Dioclétien célébra son triomphe dans la vingtième
année de son règne, il est fort douteux qu’il ait jamais visité l’ancienne
capitale de l’empire ; et même, dans cette circonstance mémorable, il n’y
resta pas plus de deux mois. On croyait qu’il paraîtrait devant le sénat avec
les marques de la dignité consulaire, mais, blessé de l’excessive familiarité
au peuple, il quitte Rome avec précipitation treize jours avant celui où devait
avoir lieu cette cérémonie [1198] .
    Le dégoût qu’il montra pour Rome et pour le ton de liberté
qui régnait, parmi ses habitants, ne fut point l’effet d’un caprice
momentané ; toutes ses démarches étaient le résultat de la politique la
plus artificieuse. Ce prince habile avait adopté un nouveau système
d’administration, qui fut entièrement exécuté dans la suite par la famille de
Constantin. Comme le sénat conservait religieusement l’image de l’ancien
gouvernement, Dioclétien résolut d’enlever à cet ordre le peu de pouvoir et de
considération qui lui restait. Rappelons-nous quelles furent la grandeur
passagère et les espérances ambitieuses des sénateurs huit ans environ avant
l’avènement de ce monarque. Tant que l’enthousiasme subsista, quelques nobles
eurent l’imprudence de déployer leur zèle pour la cause de la liberté ;
et, lorsque les successeurs de Probus eurent abandonné le parti de la
république, ces fiers patriciens furent incapables de déguiser leur inutile
ressentiment. Comme souverain de l’Italie, Maximien fut chargé d’anéantir cet
esprit d’indépendance, plus incommode que dangereux. Une pareille commission
convenait parfaitement au caractère  cruel de ce prince ; les plus illustres du
sénat, que Dioclétien affectait toujours d’estime, furent enveloppés, par son
impitoyable collègue, dans des accusations de complots imaginaires ; la
possession d’une belle maison de campagne ou d’une terre bien cultivée les
rendait évidemment coupables [1199] .
Les prétoriens, qui avaient opprimé si longtemps la majesté de Rome,
commençaient à la protéger. Ces troupes hautaines, voyant que leur puissance,
autrefois si formidable, leur échappait, étaient disposées

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